Nemo se réveille dans un endroit inconnu, le Gang Tank qui accueille des enfants à problème. Il ne sait pas comment il a atterrit ici et cherche à contacter son père pour sortir de là. Gill, le doyen du groupe saute sur cette occasion pour organiser...
"Voici le salon télévisé qu'on surnomme affectueusement 'salon télé' avec les tables d'activités, le coin des jeux, les fauteuils et la pièce maîtresse, la télévision... On l'appelle Tiphanie." présenta Philip aux yeux ronds de Nemo. "Ah et sinon, ma vieille amie : Estelle ! Dis bonjour à Estelle, Nemo."
"Euh... c'est le porte-manteau." répondit Nemo.
"Et... ouais, c'était le porte-manteau, bien vu." dit Philip en lui tapotant l'épaule. "Je te laisse faire connaissance avec tes petits camarades ? Si tu me cherche, je serai dans l'infirmerie."
Ils le fixaient tous avec curiosité alors Nemo tira une chaise dans un coin pour s'asseoir loin des autres... il posa sa canne contre le mur et observa attentivement les griffures qui zébraient son corps : certaines étaient vieilles, il les connaissait mais d'où sortaient les autres ? Est-ce que c'est ça qui l'avait mené ici ? Ce n'était pas de sa faute si sa jambe déconnait... il n'avait pas sa place là et rentrerait chez lui, bientôt.
"Tu veux des bulles ? Je peux te donner des bulles, pleins de bulles, regaaarde."
Le garçon joufflu avec des dents de lapin que Nemo avait aperçu plus tôt plongea une baguette à bulle dans un tube avant de lui souffler des bulles de savon au visage. Le nouveau venu tenta tant bien que mal de s'éloigner, il était dos au mur.
"Bulle, arrête de l'embêter, pauvre petit... excuse-le, il adore les bulles et c'est pour ça qu'on le surnomme Bulle, d'ailleurs. Et aussi, je crois que personne ne connaît son nom, en fait, même les soignants l'appellent comme ça."
"Oh, et toi c'est Astrid, c'est ça ?"
Elle hocha la tête pour confirmer tout en poussant délicatement Bulle pour laisser Nemo reprendre son souffle... le garçon s'en allant en sautillant pour baptiser deux autres garçons qui disputaient une partie de cartes.
"Je te présente Deb ou Flo, Jacques, Gargouille et Boule !"
"C'est des surnoms ?"
"Moitié vrais, moitié inventés... ça dépend de l'inspiration."
Bulle revenait vers Nemo pour lui envoyer des bulles au visage... ce dernier décida qu'il n'aimait ni les bulles ni Bulle et probablement plus le savon non plus ce qui risquait de poser d'autres problèmes. Astrid le mettait mal à l'aise, elle l'épiait depuis le début. Gargouille était amusant avec son masque chirurgical, c'était peut-être le moins effrayant alors Nemo s'approcha de lui pour discuter mais Jacques s'interposa.
"Hop, hop, hop. Tu ne peux pas lui parler, tu n'es pas passé par la décontamination." dit-il.
"La déconta-quoi ?"
"Tu viens d'un endroit bourré de bactéries, c'est ignoble... tu ne pourras m'approcher qu'après t'être lavé !" précisa Gargouille.
"C'est ridicule, je viens d'un hôpital et je ne suis pas si sale que ça... je me lave, tu sais ?"
"Est-ce que tu passe tes futurs vêtements directement dans la machine à laver, à 80° puis tu te rince une première fois à l'eau glacée avant d'enchaîner par un jet bouillant puis de l'eau à température ambiante pour appliquer le savon méthodiquement ? Ensuite, tu sors, tu te sèche... puis tu rentres à nouveau pour te laver entièrement avec de la bétadine. Tu laisse le produit agir quelques minutes puis tu te rinces, là, tu peux te laver à l'eau et au savon comme la première fois. Tu te sèche avec une serviette propre que tu vas mettre au sale directement et tu vas chercher tes vêtements qui ont eu le temps d'être lavés pendant le processus ? Surtout, tu ne récupères pas des vêtements lavés il y a plus de deux heures, c'est vraiment pas propre. Recommencer chaque jour entre les lavages classiques."
Nemo cligna des yeux, mal à l'aise pendant que Jacques plongeait ses mains dans un seau rempli d'eau savonneuse pour passer la pièce entière à la serpillère... au moins, il savait pourquoi ils étaient là, eux deux. Bulle ne semblait pas net non plus. Deb ou Flo (il ne se souvenait plus) était plongée dans une profonde discussion avec la fenêtre pendant que Boule mangeait des biscuits en cachette tout en frottant nerveusement ses bras couverts de plaques rouges. Finalement, Astrid n'était peut-être pas si mal ?
"De toutes les façons, mon père vient bientôt me chercher... c'est une erreur, je reste pas."
"Ils disent tous ça."
Nemo sursauta si fort qu'il laissa tomber sa béquille et glissa sur le sol. Il cria, la jambe parcourue de spasmes douloureux.
"Hé, ça se fait pas de faire peur comme ça à un infirme."
"Et pourtant... je ne vais pas me gêner."
Il était plus âgé qu'eux tous, il semblait approcher la vingtaine mais ce qui marqua Nemo, c'est surtout son fauteuil roulant qu'il manipulait avec un doigté exceptionnel. Son corps entier était zébré de cicatrices et son regard était impitoyable.
"Ils disent tous ça et finalement, vous restez ici comme des paumés... fais-nous gagner du temps et admet que tu débloques, ça nous économisera de l'énergie et ça changera, pour une fois, je ne demande qu'à voir."
"Moi c'est différent."
"De quel droit ?"
"Gill, laisse-le tranquille, il vient juste d'arriver."
Alors il s'appelait Gill... pas que ça avance beaucoup Nemo. Il partirait, bientôt et il avait sûrement intérêt à faire sa valise, d'ailleurs. Ou ne pas la défaire, plutôt. Regagner sa chambre, en tout cas. C'était un bon plan.
Sans prévenir, Nemo s'engagea dans le couloir, suivit de près par Astrid et Gill qui semblait beaucoup plus rapide que lui malgré son fauteuil. À moins que ça ne soit un avantage ? Après tout, il n'avait pas à tenir en équilibre et il avait des roues.
"Lâchez-moi !!!"
Nemo voulut ouvrir la porte de sa chambre pour s'y enfermer d'un air théâtral mais elle était fermée à clef, il était coincé avec les siphonnés du bocal, meeerde.
"Ah tu as la chambre de Chuckles..." constata Gill.
"Je partirai comme lui !"
"J'espère pas."
"Tu sais quoi ? Tu es méchant, vicieux et pervers... je te déteste !" cria Nemo.
Gill leva un sourcil, un sourire amusé aux lèvres alors Nemo tapa sa béquille contre le métal du fauteuil avant de se résigner à retourner au salon télé, ce n'est pas comme s'il avait beaucoup d'autres choix. Comme il était encore suivit par Astrid, il se tourna vers elle.
"Arrête de me coller comme ça, je préfère si tu restes avec l'autre sadique à fixer ma porte d'un air mélancolique... j'appartiens pas à ce monde, je suis normal, moi."
"Si tu veux, Nemo mais juste... ne parle plus de Chuckles, ok ? Surtout pas devant Gill, d'accord ?"
"Quoi ? C'est n'importe quoi, encore !"
"Promet-le moi, s'il te plaît."
Elle lui agrippa le bras alors Nemo souffla fort du nez. Il tenta de se dégager vers l'arrière, il n'avait rien à perdre et ça lui ferait trop plaisir... en plus, il était vraiment gentil pas comme l'autre, même s'il était agacé, il restait sympa..
"Bon, ok, c'est promis."
"Merci Nemo."
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