8 🎀 Mensonges & bonhomme de neige

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  Malgré mes soupçons, je reste ébahi par sa déclaration. Le cœur au bord des lèvres, trop secoué pour comprendre immédiatement pourquoi ce salop réprime un éclat de rire.

  — Tu verrais un peu ta tête... Allez, respire, Neyl. Je te confirme que je suis gay à 99,9%.

  — Éprouves-tu tant de plaisir à te foutre de moi ? feulé-je en le toisant.

  — Assez, oui, ricane Raymond. J'aimerais d'ailleurs te dire que j'en suis désolé, mais je ne te mentirais pas de la sorte... Pour en revenir à ta remarque, Je ne flirtais pas avec ta copine. Je me montre juste amical avec tout le monde et le panel de femmes que j'ai apprécié fréquenter de manière charnelle est bien trop restreint pour que je me proclame bisexuel. Il y a-t-il d'autres soupçons incongrus qui te rongent ?

   Son ton calme perdure en dépit des éclairs dans mes yeux sombres. Mais, à présent qu'il le dit...

  — Me confirme-tu aussi que tu es célibataire ?

  — Ce point a déjà été éclairci lors de nos rendez-vous préliminaires, je suis aussi libre que l'air.

  — Ah oui ? Je t'ai pourtant surpris, hier soir, à envoyer des messages à une personne qui semble te rendre très heureux. Puis, durant la nuit, tu as marmonné des propos du genre : « Tu es magnifique » et « Porte autre chose que des vêtements pour ton Père Noël ». Tu avais beau parler un anglais yaourt, tu ne me feras pas avaler que tu t'adressais à ta mère à ces deux occasions.

  — C'est vous, les français, qui parlez « anglais yaourt ». L'américain est ma langue natale. Je m'exprime le plus souvent de façon informelle, dans un mélange d'argot et de créole saint-lucien assez différent de l'anglais académique pour que tu interprètes mal ce que tu as entendu. Tu as aussi présumé de ce que tu as vu, insiste le mythomane.

  Mais bien sûr !

  — Tu n'es pas le premier à tenter cette excuse foireuse...

  — Je t'assure, s'esclaffe-t-il, comme si tout ceci avait quoique ce soit d'amusant. Tu as raison, sur un point. Je ne discutais pas avec ma mère lorsque tu es sorti de la salle de bains, je chattais avec mon petit frère. Quand je suis vraiment vanné ou stressé, il m'arrive de répéter des  bribes de phrases dans mon sommeil. Ce que tu as dû entendre, c'est : « Mets autre chose que des vêtements sur ta liste au Père Noël », parce que mon frère s'acharne à ne demander que des jeux vidéos, des chaussures et des vêtements comme cadeaux... Bien que ce soit de son âge, mes parents aimeraient qu'il pense à des choses un peu moins futiles.

  Je continue de le fixer, sceptique.

  Lorsqu'il a commencé à me parler de troubles du sommeil, ce matin, j'ai aussi eu beaucoup de mal à le croire. Savoir qu'il aborde tout à la rigolade me donne l'impression qu'il passe son temps à se moquer des autres. J'ai donc effectué de rapides recherches pendant que nous attendions qu'Alina finisse de se préparer pour le spa et il s'avère que la parasomnie est le terme médical parapluie rassemblant les comportements inconscients tels que le somnambulisme ou la somniloquie ; le trouble qui se manifeste durant le sommeil de Raymond.

  Les différents sites que j'ai consulté statuaient effectivement que des facteurs comme la fatigue ou l'anxiété pouvaient déclencher des épisodes. Je suis apparemment chanceux que mon faux petit ami ne fasse que baragouiner dans sa langue d'origine. Certaines personnes rient, crient ou pleurent... Je n'imagine pas les nuits de leurs partenaires.

  — Admettons. Tu ne m'as jamais parlé d'un frère lors de nos diverses entrevues.

  — Je préfère ne pas mentionner trop de détails concernant ma famille.

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