14 🎀 Fin de contrat

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  Lundi 25 décembre 2023.

  Fronçant des sourcils, je roule machinalement sur mon flanc afin d'échapper aux rayons lumineux qui m'incommodent.

  La tranquillité berçant mon inconscient se dissipe cependant progressivement. Les événements de la veille commencent à tourbillonner dans mon esprit tandis que j'émerge à contrecœur de mon sommeil. Je tente tant bien que mal de tenir à l'écart le souvenir des maux mâchés au dîner et des regards oppressants qui m'ont poussé à fuir la chambre de mes parents.

  Malheureusement, tous mes efforts s'avèrent vains. Un soupir de dépit m'échappe.

  Je me répugne d'avoir réussi à les leurrer de cette façon et je leur en veux encore plus de m'avoir poussé à le faire.

  Préférant me soustraire à ces réminiscences dérangeantes, je me décide à ouvrir les yeux. Lorsque je cligne des paupières pour m'ajuster à la luminosité baignant la pièce, je suis instantanément frappé par un nouveau crève-cœur ; la place s'étendant face à moi est vide.

  Plus de Raymond.

 J'ai beau ne pas me souvenir en détails de tous les retournements de situation survenus hier soir, il m'est toutefois impossible d'oublier sa présence à mes côtés cette nuit. Ma poitrine s'alourdit tout d'un coup à l'idée qu'il soit parti comme n'importe quel coup d'un soir, sans dire un mot. Je me retourne prestement sous les couvertures et me redresse sur un coude. Espérant tomber sur son sourire idiot en scannant la pièce du regard, sans vraiment y croire.

 Au bout d'une seconde à peine, mes doigts enserrent désespérément les couvertures. Je dois refermer les yeux pour me concentrer sur la régulation de mes palpitations chaotiques. En les rouvrant, je contemple à nouveau la plus belle image matinale qu'il m'ait été donnée de voir depuis des lustres.

  La lumière franche de l'aurore, s'imposant derrière les montagnes dans le ciel orangé, ne parvient pas à illuminer la pièce autant que lui. Appuyé contre le chambranle de la baie vitrée, un mug fumant entre les mains, Raymond semble perdu dans la contemplation du panorama époustouflant étendu par-delà le balcon. Pour l'instant, je ne suis gratifié que d'une vue en premières loges sur le profil de son visage. Il a l'air si calme, comme si tout allait au mieux dans le meilleur des mondes, alors que de mon côté, tout part en vrille. Que ce soit dans ma vie, dans mon cerveau, dans mon cœur, absolument rien n'est au beau fixe. Mais, au moins, mon sentiment profond de solitude est chassé par... autre chose.

  De la joie ?

  Je le crains fort. Une joie un peu trop prononcée à mon goût lorsqu'elle est procurée par un homme que je connais à peine.

  Un homme qui disparaîtra sans doute de ma vie en me laissant comme cadeau une blessure encore plus béante. En me laissant à me demander pourquoi je lui ai permis de prendre autant de place quand, au fond, je savais pertinemment que...

  — Morning, darling.

  Je suis sorti de mes ruminations par la sonorité, inattendue, de la voix incroyablement mielleuse que prend Raymond.

  Son accent, bien trop sexy, me fait frissonner. Ou est-ce parce que j'ai malencontreusement repoussé les couvertures ? Exposant mon buste dénudé à ses magnifiques yeux bruns.

  Patient, Raymond m'accorde quelques minutes pour reprendre mes esprits. Le saluant à bout de lèvres, je lance un coup d'œil circulaire autour du lit et attrape le premier vêtement à portée de main. Je ne me rends pleinement compte que cette chemise bûcheron en flanelle, enfilée à la va-vite, lui appartient que lorsque son odeur entêtante enveloppe mes sens.

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