Prologue

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Quartier d'East Village, Manhattan, octobre

- On se calme, j'arrive !

Tini Stoessel fut tirée de sa douche par son interphone, qui beuglait incessamment. Punaise, ils ont fait vite ! Cela faisait deux ans qu'elle commandait chez Thaï Break, d'abord parce qu'elle avait été attirée par le nom amusant de la boutique, puis parce qu'ils se trompaient plus rarement dans sa commande que les autres bouges de St Mark. Bonus : le restaurant n'était qu'à quelques rues de son appartement. Cela dit, c'était la première fois que le livreur mettait moins de quinze minutes à venir chez elle en vélo. Le type devait être un véritable Lance Armstrong. Impressionnant. L'interphone laissa échapper un autre hurlement strident.

Cela devenait pénible. Elle attrapa son peignoir et, toujours dans sa salle de bains inondée de buée, elle cria :

- Ça va, j'arrive !

Ce qui était totalement stupide, car elle ne faisait que parler aux murs. Toutefois, en comparaison de toutes les choses stupides ou atroces qu'elle avait faites pendant un mois et demi, se parler à elle-même était bien insignifiant.

Elle enroula une serviette autour de ses cheveux mouillés et traversa le salon en courant. La pièce était presque vide : il n'y avait là qu'un matelas gonflable, une valise et les bols de son chat, Stevie. Mis à part quelques cartons dans sa chambre, le reste de ses affaires était dans un garde-meubles..., dans les limbes, comme le reste de sa vie.

Elle atteignit la porte de son appartement, qui ne serait plus le sien à compter du lendemain, et appuya sur le bouton de l'interphone.

- Désolée, j'étais sous la...
- Tini ou Martina, quel que soit ton nom ces jours-ci, je sais que tu es là. Laisse-moi entrer ! Maintenant !

La voix de Jorge, emplie de colère, s'éleva dans le haut-parleur.

Merde, merde, merde !

Tini s'écarta de l'interphone et plaqua son dos trempé contre la porte fermée à double tour, submergée alternativement par le choc, l'euphorie, puis la peur. Jorge. Que faisait-il ici ? Comment l'avait-il trouvée ? Et, à présent qu'il était là, comment le convaincre de partir ?

- Tini, ça ne sert à rien de faire semblant. J'ai parlé à Francesca. Elle m'a tout dit.

À la mention de l'ex-femme de Jorge, chaque pore du corps de Tini sembla se dilater, trempant son peignoir en tissu éponge. Elle avala le trop-plein de salive qui s'était accumulé dans sa bouche et inspira goulûment de grandes gorgées d'air.

C'est donc ça, une crise de panique. Je me suis toujours demandé. Je ferai peut-être un sujet dessus un jour. Enfin... si je survis.

Elle ferma les yeux et se concentra sur sa respiration. Elle avait du mal à croire qu'elle était passée, en six petites semaines, du statut de rédactrice pour le magazine On Top, l'un des journaux féminins les plus branchés et tendance, à celui de fugitive traquée se terrant dans son appartement.

- Tini, je sais que tu es là.

La voix de Jorge, furieuse mais lasse, la ramena au présent et à sa folie. Il était temps d'être une grande fille et d'affronter les conséquences de ses actes... Elle espérait simplement que celles-ci n'impliqueraient ni sirènes de police ni harpes d'angelots.

- Fais-moi entrer et écoute-moi. Tu me dois bien ça.

Tini déglutit péniblement et rouvrit les yeux. Il avait raison. Elle le lui devait bien. Elle lui devait même bien plus.

Elle se retourna et tendit une main tremblante pour déverrouiller la porte de l'immeuble.

Nouveau prologue postée j'espère que vous allez aimer, bisous💋💋

Opération CinderellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant