chapitre 11 une fin heureuse ( dernier chapitre)

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Quartier d'East Village, Manhattan

- Laisse-moi entrer, bon sang ! Je veux te parler. J'ai besoin de te parler.

Après avoir laissé Jorge entrer dans l'immeuble, Tini avait perdu tout courage et n'osait pas le laisser entrer chez elle. Tremblante, elle inspira et lui dit, à travers la porte fermée :

- Eh bien..., parle !
- J'ai besoin de te voir face à face. Laisse-moi entrer, s'il te plaît.

Il ne répéta pas sa demande. Le silence dura, brisé seulement par les battements de son cœur. Tini comprenait que ce n'était pas seulement la porte de son appartement que Jorge lui demandait d'ouvrir pour lui. Mais aussi son cœur.

Elle déverrouilla la porte, puis enroula sa main moite autour de la poignée. Elle la tourna, le cuivre glissant sous sa paume.

La porte s'ouvrit. Jorge se tenait dans le couloir. Avec sa veste marron chiffonnée et sa chemise débraillée, il était évident qu'il était venu en toute hâte. Un petit sac de voyage pendait sur l'une de ses larges épaules, et, dans la main gauche, il tenait un sac marron plein de graisse : le menu thaï qu'elle avait commandé.

Il l'observa, de la serviette nouée autour de sa tête aux chaussons léopard à ses pieds.

- Tenue intéressante.

Elle croisa les bras, faible tentative destinée à se protéger.

- Le livreur est arrivé après que tu m'as fait entrer. Je préfère les pizzas, mais je veux bien essayer le thaï. Tu me laisses entrer ou on mange dans le couloir ?

Le visage en feu, elle recula pour le laisser passer.

Il entra, regarda autour de lui, non pas qu'il y ait grand-chose à voir : quelques cartons disposés en deux tours, son matelas gonflable, la litière de Stevie et ses bols de nourriture. À part cela, la pièce était vide.

- Joli appartement. La déco est un peu minimaliste à mon goût, mais bon, je suppose que les napperons en dentelle et les rideaux à fleurs ne sont pas ton genre.
- En effet.

Il porta la nourriture dans la cuisine en contournant les cartons, et Tini le suivit.

Il posa le sac sur le plan de travail et son bagage sur le linoléum, puis se tourna vers elle.

- J'ai entendu dire que tu avais démissionné. Moi aussi. Je ne savais pas que cela voulait aussi dire que tu quittais la ville.

Elle ouvrit la bouche pour dire : « Ton ex ne perd pas de temps », puis elle comprit soudain ce qu'il venait de dire.

- Tu arrêtes ton émission ? Pourquoi ?

Il haussa les épaules.

- Être Jorge Blanco, ce n'est plus tellement amusant. À la base, j'ai étudié la sociologie parce que je m'intéressais aux relations sociales, à la façon dont les gens forment des groupes et travaillent à les faire fonctionner. Sans m'en rendre compte, je me suis perdu en chemin et je me suis mis à dire aux autres quoi penser, comment se comporter. Je suis fatigué de m'écouter parler, point. À partir de maintenant, je vais me concentrer sur mes capacités d'écoute et laisser quelqu'un d'autre parler. C'est valable pour ma vie personnelle, aussi.

Il s'approcha.

- À ton tour.

Retenant ses larmes, Tini répondit :

- Je rentre dans l'Indiana pour passer du temps avec ma sœur et mes parents, et, pendant que je serai là-bas, je vais envoyer des CV à des groupes environnementaux qui cherchent des rédacteurs. Travailler pour un organisme à but non lucratif ne me mettra pas autant sur le devant de la scène et ne sera pas aussi rémunérateur qu'être rédactrice dans un magazine clinquant comme On Top, mais j'espère que cela aura beaucoup plus de sens.

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