❤️chapitre 8❤️

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La semaine suivante sembla passer lentement, et pourtant l'horloge personnelle de Tini semblait être une bombe à retardement. Elle entrait dans la quatrième semaine de l'Opération Cendrillon, et la date de rendu de son article approchait à grande vitesse. À tout moment, le brouillard pouvait se lever dans l'esprit de Francesca : elle se rappellerait qui était Tini et où elles s'étaient rencontrées. Si elle avait un peu de jugeote ou de cran, Tini ferait ses bagages et partirait avant de s'enfoncer davantage. Mais, comme un fumeur essayant d'arrêter, elle ne cessait de repousser l'inévitable au lendemain
.
Elle venait de poser un pied dans l'appartement après avoir déposé Sam à l'école quand son téléphone portable sonna. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas entendu cette sonnerie : Amazing Grace était attribuée à sa mère. Il n'y avait qu'une raison pour que sa mère l'appelle à l'improviste. Il se passait quelque chose. Quelque chose de grave.

Le cœur battant à tout rompre, elle tira le téléphone de son sac et décrocha.

- Maman ?
- Martina, Dieu merci !

Sa mère semblait être au bord des larmes. Il se passait effectivement quelque chose de grave.

- C'est... papa ?
- C'est ta sœur.
- Pammy !

Tini s'appuya contre le mur ; elle avait l'impression que le sol se dérobait soudain sous ses pieds.

Si elle ne parlait que très peu à ses parents, Tini était restée proche de sa sœur, ou du moins jusqu'à quelques mois auparavant, quand Pam avait cessé de l'appeler, de lui envoyer des messages ou des mails. À part quelques SMS, elles ne s'étaient pas parlé depuis un mois.

- Elle est à l'hôpital.

Sa mère lui expliqua que Pam était sortie en douce pour aller à une rave party et que quelqu'un avait mis de l'ecstasy dans son verre. Le mélange de la drogue et du médicament qu'elle prenait pour son asthme avait causé une mauvaise réaction, et elle avait été emmenée en urgence à l'hôpital.

- Elle te réclame, Martina. Je sais que tu es très... occupée dans ta grande ville, mais pourrais-tu t'arranger pour venir ?
- Bien sûr que je vais venir ! Je te rappelle dès que je me serai occupée des détails. Pour l'instant, dis à Pam que je l'aime et que je suis en route.

Elle mit fin à l'appel et se précipita dans sa chambre, alluma son ordinateur et se mit à la recherche d'un vol. Heureusement, l'aéroport national Reagan, le plus proche, était à moins de quinze minutes en voiture.

Tandis qu'elle consultait des sites de réservation, son esprit journalistique cherchait à comprendre où, quand et comment la situation avait pu tourner au cauchemar. Comment était-ce possible ? La dernière fois qu'elle avait rendu visite à sa famille, Pam était une ado de treize ans au visage tacheté de rousseur, se passionnant pour le basket et se souciant bien peu des garçons. L'idée même de sa petite sœur dans une rave, pelotée par des garçons et droguée, lui donnait des sueurs froides.

- Ça va ?

Elle leva la tête : RJorge se tenait sur le seuil de sa chambre. Elle avait été si absorbée qu'elle ne l'avait pas entendu rentrer, et encore moins approcher. Sa réponse par défaut était de dire que bien sûr, ça allait, mais au lieu de ça elle secoua la tête et répondit en toute franchise :

- Non, ça ne va pas.
- Je peux entrer ?

Sans prévenir, elle craqua.

- Je t'en prie, dit-elle d'une voix rauque, avant d'enfouir son visage dans ses paumes, en pleurs.

Des pas approchèrent rapidement. Des mains, fortes et merveilleusement chaudes, se posèrent sur ses épaules tremblantes et caressèrent son dos voûté en dessinant de grands cercles.

Opération CinderellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant