Chapitre 4.3: Août.

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Le contraire de l'amour, n'est pas la haine, c'est l'indifférence. Ι

"- Ange, ange, caches toi au ciel... Les démons que sont les Hommes veulent t'attraper et t'arracher les ailes... Enfuis toi avant que tu ne puisses plus jamais voler.

- Madame, vous chantez des musiques déprimantes.

- Ce sont les paroles d'un livre de mon père. Il aimait écrire des vers dans un petit carnet."

Les râles de soulagements se font entendre jusqu'au salon où reposait le fils de la maison. Presque honteux, il se replonge dans sa lecture. Son père s'adonne bien trop souvent à la satisfaction de ses désirs charnels. Pas toujours à l'abri des regards ou de l'ouïe de tous malheureusement.

La gouvernante avec qui il discute devait avoir une quarantaine d'années. Elle venait d'arriver mais, elle est de loin celle que Jungkook préféré.

Il ne le dira jamais, avouer que cette femme lui plait serait une occasion bien trop douce pour son père de lui faire regretter ses mots. Son père, Monsieur Jeon, a une adoration pour son fils. Il aime tellement son fils qu'il refuse que Jungkook puisse aimer une autre personne que son père.

Une année, Jungkook avait souri en disant que son chien était son meilleur ami. Il l'avait appelé Cael, ça voulait dire Ciel dans une langue ancienne. Le soir même, Jungkook découvrit avec horreur, son beau chien, allongé sur le sol du salon. Comme une peau d'ours dans les films de mafieux, Cael, un beau berger allemand, reposait au sol. Son père avait posé ses pieds habillés de chaussures cirées sur la tête de la bête.

"- La chasse a été bonne mon fils !

- Cael...

- Qui aimes-tu à présent ? Qui réside dans ton cœur, mon fils ?"

Son dixième anniversaire, Jungkook venait de finir de manger son repas d'anniversaire qu'il avait envie de vomir en un instant. Son père lui fait signe de s'approcher. Le salon en bois, l'odeur suave et musquée de la nature régnait en maître dans cette pièce. Les tableaux du paternel sur tous les murs, une grande cheminée où un feu vivait tous les soirs sans faute. Un fauteuil d'une qualité et d'un prix excessif trônait devant les flammes.

Assis comme un roi, Monsieur Jeon attrape son fils par le menton, deux doigts suffisent pour faire couiner le garçon de douleur sous la pression des phalanges dans sa peau.

"- Réponds à ton père.

- C'est... C'est vous, père.

- Répète le.

- C'est vous, père, qui... résidez dans... mon cœur."

La colère lui fait grincer des dents pendant la récitation de sa phrase. Il devait dire cette phrase chaque matin et chaque soir. Sans compter les fois ponctuelles où son père avait besoin d'entendre ces mots.

Satisfait, le paternel lâche son enfant. Une inclinaison de la tête et Jungkook se retire de la pièce. Passé la grande porte, ses petits pas se transforment en petites foulées et en course rapidement. Cette maison représente la plus grande peur de Jungkook, il a tellement rêvé de s'enfuir que mille scénarios résidaient dans son esprit.

Il serait peut-être serveur dans un petit café sympa.

Il serait peut-être en colocation avec un garçon ou une fille sympa.

Il serait peut-être heureux.

En attendant, il pleure la mort soudain de Cael, la tête enfouie dans son oreiller. La gouvernante vient gentillement déposer le pyjama du garçon, comme chaque soir, avant de voir l'état du pauvre garçon.

CaelumOù les histoires vivent. Découvrez maintenant