3. HOW TO RUN FROM THE MESS YOU MADE

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— Là, le câble bleu.

    Il y en avait trois, des câbles bleus. Comment était-elle supposée deviner lequel d'entre eux allait éteindre le secteur ? La jeune femme les sépara et envoya un regard provocateur vers son acolyte, lui signifiant clairement qu'elle n'avait pas les mêmes notions que lui. L'homme soupira et la bouscula pour prendre sa place et s'affairer à comprendre les mécanismes.

    Les bras croisés sur sa poitrine, Nina se redressa et regarda autour d'elle. Ils étaient dans une petite ruelle du quartier de Bayside Whes, là où la pauvreté n'avait pas sa place, et là où les gens de cette classe sociale étaient dévisagés. Elle ne vit personne aux alentours, ce qui la rassura légèrement. Mais son inquiétude n'égalait pas encore l'adrénaline qu'elle ressentait, à commettre ce genre d'infractions. Elle leva les yeux vers le plafond, observant les néons de la ville encore allumés.

    Ce n'était pas la première fois qu'elle s'apprêtait à enfreindre les lois strictes de sa société, et elle était persuadée que c'était loin d'être la dernière. Nina avait évidemment toujours vécu ici, dans ce bunker géant qui abritait l'entièreté de la population russe ayant survécu au Grand Froid ; cette période glaciaire qui semblait s'éterniser depuis des décennies.

    Les générations avant elle n'avaient pas eu cette vue là lorsqu'ils levaient les yeux en haut. Au lieu d'un plafond lointain fabriqué en béton et certainement maintenu par des poutres en métal, ils avaient eu un ciel, des nuages et des étoiles. Mais à cause de ces dites générations, les suivantes étaient désormais enfermées sous terre, à vivre comme des cloportes sous une lumière artificielle qui n'éclairait que les quartiers riches. La jeune femme avait cette curiosité au fond d'elle, qui mourrait d'envie de l'emmener voir ce qu'était la Surface. Mais la peur accompagnait cette envie d'aventure, parce que la seule chose certaine dont elle avait connaissance, c'était que la vie y était impossible.

— Passe moi le sécateur.

    La voix de l'homme s'éleva en contrebas, alors Nina baissa le regard. Elle ajusta sa queue de cheval avant d'attraper l'objet pour le tendre à son complice. De ses mains calleuses et expertes en matière de technologies avancées, il plaça son outil sur un câble rouge.

— T'avais pas dit bleu ? s'interrogea la blonde.

    — Je me suis trompé.

    — Toi, Svenn, te tromper ?

    Elle ricana, surprise d'apprendre qu'il était capable de commettre des erreurs, même quand cela découlait de ses domaines d'expérience.

— Qui a voulu qu'on boive des litres d'alcool avant de faire ça, rappelle moi ? gloussa-t-il.

    Svenn n'avait pas tort. Ils s'étaient retrouvés au Glaçon, l'un des seuls bars encore existant dans la ville. Ils y allaient très souvent à deux, et Nina avait même décroché un emploi à temps partiel là-bas. En revanche, puisqu'il était mal vu pour les militaires en formation de fréquenter ce genre d'endroits, la blonde n'en avait jamais parlé à personne. C'était son petit havre de paix, où elle allait dès que tout lui semblait trop morose pour se morfondre dans l'appartement de son père. Elle y dansait et était rémunérée pour inciter les clients à consommer. C'était un travail facile. Plus accessible que ce qu'elle visait avec ses études en tout cas.

    Nina suivit son ami en riant un instant, avant d'être interrompue par des bruits de pas. Ils étaient forts et se rapprochaient dangereusement, résonnant contre les parois des immeubles comme une menace. Le coeur battant, la blonde se baissa en faisant signe à son ami de ne plus faire aucun bruit.

    Cependant, elle avait beau s'accroupir, si la rue était vide ils ne seraient pas cachés. En remarquant que ça ne servait à rien de se baisser puisqu'ils seraient vus dans tous les cas, Svenn éclata d'un rire franc. La jeune femme serra une nouvelle fois ses cheveux blonds en haut de son crâne puis fit les gros yeux en entendant son camarade s'esclaffer sans retenue. Ils allaient avoir des ennuis, mais elle ne put se retenir de rire à son tour.

𝗧𝗛𝗘 𝗦𝗜𝗟𝗘𝗡𝗧 𝗟𝗔𝗡𝗗𝗦Où les histoires vivent. Découvrez maintenant