4. HOW TO BE DISAPPOINTING

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La nuit avait été courte. Nina était habituée à se coucher tard, mais se lever tôt était loin d'être dans ses habitudes. D'ordinaire, elle se forçait à mettre un réveil pour rejoindre ses cours, mais puisqu'elle avait été dégradée par son formateur, la blonde s'accordait une journée de repos supplémentaire. Ce n'était pas dans ses droits, mais la jeune femme se les attribuait elle-même, ces dernières années.

    Seulement, des coups brutaux à la porte la sortirent de son sommeil. Enfermée dans sa chambre, Nina s'éveilla en grommelant, persuadée qu'il s'agissait de son père en train de faire du bricolage. Il essayait de réparer quelques objets de temps en temps, mais jamais à une heure pareille. La situation n'était pas normale, d'autant plus qu'il allait partir au travail dans peu de temps si elle en croyait l'horaire qui défilait sur le plafond au dessus de son lit.

    En se levant, la blonde comprit que les coups s'étaient arrêtés parce que la porte était ouverte. Igor avait dû ouvrir à ces sauvages. Nina enjamba les nombreuses plaintes  qui couvraient des câbles au sol, sous ses habits éparpillés, pour rejoindre la porte encore fermée de sa chambre. Tandis que ses prunelles parcouraient la pièce comme si elle la découvrait distraitement, son ouïe était concentrée par delà le mur pour écouter les voix dans le salon.

    Il semblait y avoir du monde, et certainement avec des choses lourdes dans les bras, au vu du poids de leurs pas, qui résonnaient dans tout l'appartement. Les sourcils froncés, Nina colla son oreille au battant pour discerner leurs propos parmi les autres bruits.

— Nous cherchons Antonina Pozharsky...

    La blonde n'eut pas besoin d'en écouter davantage pour comprendre ce qu'il se passait. Son coeur démarra une course effrénée, mais elle s'efforçait de ne pas paniquer pour écouter la suite.

— Oui ? C'est ma fille.

    La voix de son père paraissait bien moins forte sous celle du chef de Faction qui lui adressait la parole. Il était sûrement intimidé par les armes sous ses yeux et la carrure de ces gens. L'État n'était pas connu pour sa douceur ; s'il ne coopérait pas, Igor risquait d'y passer. Il le savait aussi bien que tout le monde dans la pièce, alors il n'avait d'autre choix que d'obtempérer.

— Nous avons un mandat d'arrêt.

    Nina devait se presser, elle ne pouvait pas rester là. Avec le peu d'informations qu'elle possédait, la jeune femme troqua son pyjama aux tissus amples pour revêtir sa tenue militaire la plus pratique en cas de course poursuite. Ses habits de combat étaient bien plus utiles que les autres vêtements qu'elle avait en sa possession. La blonde entendait encore les Sentinelles parler avec son père, bien que leurs pas commencèrent à s'approcher la seconde d'après.

    Elle ne se sentait pas du tout bien. Son coeur battait la chamade, alors qu'elle essayait de récupérer des affaires pertinentes à emporter dans un moment pareil. Elle fourrait tout dans une petite sacoche, prête à aller vivre chez Svenn pour ne pas repartir avec la Faction. Nina avait la gorge entravée par l'angoisse. Le mandat d'arrêt signifiait clairement qu'elle irait en prison. Ses actes irréfléchis semblaient avoir des conséquences, finalement, alors que toutes ces années, elle s'était débrouillée pour passer entre les mailles du filet.

    Les pas s'approchèrent de sa porte et la voix de son père retentit plus proche du battant. La blonde rattacha ses cheveux en une queue de cheval haute tandis qu'elle observait par la fenêtre. Elle ouvrit le carreau en l'élevant et passa la tête en même temps qu'une jambe. Dans la précipitation, le haut de son crâne heurta la vitre, lui arrachant un juron entre ses dents serrées.

— Nina ?

    Son muscle cardiaque manqua un battement et elle s'immobilisa. La porte de sa chambre s'ouvrait calmement sur le visage perplexe de son père. Sa grande carrure égalait celle des hommes autour de lui, mais son expression et son visage doux faisaient toute la différence quant à ses intentions. Les forces de l'ordre pénétrèrent dans la chambre en bousculant son paternel, mais le chef de Faction leva la main pour les immobiliser. Plus personne ne bougeait dans la pièce, Igor et Nina se fixaient dans le blanc des yeux, échangeant leurs pensées par leurs expressions et leurs attitudes respectives.

𝗧𝗛𝗘 𝗦𝗜𝗟𝗘𝗡𝗧 𝗟𝗔𝗡𝗗𝗦Où les histoires vivent. Découvrez maintenant