Elle balaya l'intérieur du train de ses prunelles sceptiques, croisant les regards inanimés des cyborgs qui lui faisaient face. Un, deux, trois... La blonde en compta cinq assez proches d'elle et cinq de plus éparpillés plus loin dans le wagon. Ils étaient nombreux pour une seule détenue, mais vu la société dans laquelle elle vivait, rien ne l'étonnait. Le Président avait l'habitude que tout soit bien contrôlé, et si quelque chose ne l'était pas, il le réglait dans la journée.
L'un des robots posa sa poigne mécanique sur l'épaule de la jeune femme et la guida sur quelques pas jusqu'à l'asseoir sur l'unique banquette. Tout était blanc, de sorte à voir les évidences si les prisonniers voulaient cacher des choses. De part et d'autre du wagon, un banc longeait les murs. Une barre de métal sortait du plafond et se courbait pour le suivre jusqu'à la fin de la pièce, pour pouvoir se tenir le bras levé. Pourtant les cyborgs ne semblèrent pas dérangés par le démarrage soudain du train. La double porte se ferma sans bruit, mais le silence pesant fut bientôt brisé par le crissement des rails.
Nina leva les yeux sur le robot devant elle. Il avait une allure presque humaine, mais tout était fait de pièces de métal, de plastique, de câbles et de matières variées. Une sorte de casque remplaçait sa tête, comme ceux que portaient les quelques motards de la ville. Il n'y avait que les ingénieurs pour pouvoir se construire des véhicules dans Veles et les protections associées. Les moyens de transports n'étaient même pas nécessaires, tout le pays pouvait se parcourir à pieds.
Les réglages du robot semblaient parfaits puisqu'il ne bougeait pas d'un pouce malgré les secousses qui avaient bousculé Nina lors du démarrage du train. Il persistait debout comme s'il était sur la terre ferme. Pourtant le train semblait emprunter des virages parfois serrés. La vitesse était telle, que la blonde manquait de tomber de son assise à chaque mouvement du wagon.
Le trajet ne dura pas longtemps. Elle avait compté précisément trois cent soixante sept secondes, soit six fois soixante plus sept secondes. Six minutes sept de train pour joindre Veles et Bannagarðr, peut-être le double ou le triple pour en repartir à pieds en courant. Elle n'avait pas prévu d'évasion, mais Nina essayait tout de même de se rappeler quelques informations, si jamais l'idée de risquer sa vie lui paraissait plus envisageable que de pourrir là-bas jusqu'à la fin de sa peine. Elle ne savait même pas pour quels motifs précis elle était arrêtée.
Maintenant que la stupeur et la honte étaient passées, la blonde ressentait davantage de colère et d'agacement que quelques minutes auparavant. Lorsque le train freina lourdement, emportant son corps vers le côté sans bouger d'un millimètre le cyborg debout, Nina le toisa d'un air méprisant. Il semblait l'observer en retour, mais ils n'avaient pas été construits pour éprouver le moindre sentiment, même la plus innocente des empathie. Sa large main mécanique revint attraper le bras fin de la jeune femme sans que celle-ci ne puisse s'en défaire, et il la tira en dehors du wagon dès l'ouverture des portes.
L'endroit dans lequel Nina mit les pieds n'avait rien à voir avec le complexe qui abritait le train à Veles. Il y avait plus de bruit. Chaque son résonnait sur les murs, donnant un avant-goût macabre de ce qui l'attendait quand elle serait vraiment entrée dans la prison.
Le cyborg la poussait vers l'avant, tandis que deux de ses compères ouvraient la marche. Deux autres se placèrent à ses côtés, créant tout un convoi pour une jeune femme aussi mince qu'une barre de métal. La blonde se sentait réellement oppressée par leurs carrures tout autour d'elle. Le silence dont ils faisaient preuve était vraiment étonnant. Même leur démarche était silencieuse, à l'exception de leurs pas pressés sur le béton froid. Ils semblaient tous réglés au millimètre près, si bien qu'ils étaient en harmonie parfaite, marchant en rythme sans jamais se désaccorder.
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𝗧𝗛𝗘 𝗦𝗜𝗟𝗘𝗡𝗧 𝗟𝗔𝗡𝗗𝗦
Science Fiction2139. La Terre est recouverte d'immenses couches de neige et de glace, secouée d'orages violents et devenue inhabitable pour tout êtres vivants. Pour survivre, les populations se sont réfugiées au coeur de la terre, dans des pays souterrains abritan...