𝐉𝐚𝐢𝐥 |FR

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟑𝟗

Si un jour Jeongguk devait choisir le jour le plus difficile de sa vie, ce serait certainement celui-ci. 

Peu importe combien de fois il se répétait que tout irait bien dans sa tête, rien ne lui assurait que Dakho ne le détestait pas, et en fait, s'il le faisait, Jeongguk le comprenait parfaitement. Il l'avait abandonné à nouveau après lui avoir promis de ne jamais le faire.

Même s'il était réconforté par le fait que ce n'était pas intentionnel, qu'il n'avait pas voulu être un enfoiré, même s'il l'était vraiment. En réalité, cela n'importait pas s'il l'avait fait exprès ou non, Dakho avait souffert à cause de cela, c'était tout ce qui importait. Et Jeongguk se sentait tellement impuissant à ce sujet, il avait l'impression d'avoir échoué, d'avoir commis une erreur en s'enfuyant.

Il savait bien qu'il l'avait fait pour le bien de sa famille, mais maintenant qu'il y pensait un peu plus, il aurait dû résister, combattre aux côtés de Jimin et ne jamais les abandonner. Parce que sa peau se hérissait à l'idée de passer le reste de sa vie dans cette porcherie, seul et éloigné de ce qu'il aimait le plus. 

Quel idiot il avait été de tomber dans le jeu de Hanuel.

Il s'appuya contre le poteau en attendant l'ouverture des portes, incapable d'arrêter de bouger son pied sur le sol, démontrant son anxiété croissante à l'idée de voir Dakho après ces jours difficiles. Ce matin-là, quand il s'était réveillé, Jimin se préparait pour aller travailler et Dakho était avec ses amis, alors ils étaient venus le déposer à l'école, mais maintenant qu'il était l'après-midi et qu'il fallait le récupérer, ils avaient convenu que ce serait Jeongguk qui irait, car il avait besoin de le voir et de s'excuser, et il sentait que ce devait être un moment juste entre eux deux.

Dakho était un garçon de presque huit ans qui comprenait mieux les choses que les autres enfants de son âge, donc Jeongguk savait qu'ils méritaient une conversation. Il se souvenait du regard plein de peur qu'il lui avait lancé quand il avait appris la vérité, et il voulait se frapper la tête contre l'asphalte jusqu'à ce qu'il saigne pour avoir tant fait miroiter à un petit.

La sonnerie retentit et les portes s'ouvrirent. 

Jeongguk prit une profonde inspiration et entra dans le grand établissement, marchant dans le couloir jusqu'à arriver à la salle où une file de parents attendaient leurs enfants. Il attendit que son tour arrive et la professeure lui sourit en criant le nom de Dakho. Jeongguk baissa les yeux avant de reprendre son souffle et de regarder à l'intérieur de la salle où Dakho, en train de rire avec un ami tout en mettant son sac à dos, se précipitait vers la sortie, s'arrêtant net en voyant que ce n'était pas son père Jimin, qui l'attendait.

— Passe une bonne après-midi, prends soin de toi, mon chéri, dit la maîtresse en lui donnant un baiser sur les cheveux.

Dakho sortit lentement, ne détachant pas ses yeux de Jeongguk, qui se sentait tellement nerveux que ses yeux commencèrent à brûler dès qu'il reçut ce regard en retour. Ces grands yeux en amande ne le regardaient plus avec cet éclat d'innocence et de bonheur, ils le regardaient désormais avec douleur.

— Hé, comment ça va, mon gars ? dit-il, ne pouvant pas cacher le tremblement dans sa voix. Dakho ne répondit pas, tous deux se tenaient au milieu du couloir tandis que les gens passaient à côté d'eux ou les bousculaient, mais aucun ne bougeait.

— Tu attendais peut-être Jimin, mais il a dû aller travailler et moi...

— Tu es parti, murmura Dakho, agrippant les bretelles de son sac à dos et serrant ses mains dessus.

Jeongguk se sentit tellement honteux qu'il baissa les yeux, serrant la mâchoire pour ne pas éclater en sanglots, mais Dakho le regarda simplement une dernière fois et se dirigea vers la sortie de l'école. Jeongguk le suivit, gardant une distance prudente, remarquant que Dakho ne voulait pas être avec lui à cause de la distance qu'il créait entre eux. Jeongguk le respecta, restant à quelques pas en arrière mais assez près pour tout contrôler.