1 - Stop drooling !

204 13 28
                                    

Cela doit faire plusieurs heures que je suis assis dans le noir de ma chambre d'internat. La lumière de la lune m'éclaire, alors que mes yeux sont grands ouverts à cette heure si tardive. Je ne cesse de marmonner et de griffonner dans mon carnet de notes mes cours précédents.



Neito Monoma, grand insomniaque depuis la petite enfance, j'utilise mes heures de sommeil perdu à travailler d'arrache-pied, afin de dépasser la classe A un jour. Depuis que je suis rentré à Yuei, il n'y en a que pour eux.



Le système de classement doit être défaillant, pour que moi, héritier de l'empire des Monoma, finisse en classe B. Je suis persuadé qu'il y a une explication à ce phénomène.



Je veux dire, sur quoi se basent-ils pour dire que Minoru Mineta serait plus puissant que moi ?



Ça n'a pas de sens... Enfin, toujours est-il que 3h du matin est affiché sur mon réveil, me rappelant encore une fois que demain il sera nécessaire de porter de l'anti-cerne. Cet objet a été emprunté à Colette, ma conseillère, s'occupant d'entretenir le manoir de mes parents en leur absence depuis mon plus jeune âge. Elle est ce qui se rapproche le plus d'une mère à mes yeux.



Alors que mes paupières commencent à se faire plus lourdes, un bruit sourd retentit derrière ma porte. Ni une ni deux, totalement en alerte, je me place en position de défense sur mon lit, manquant de tomber à la renverse en me relevant trop rapidement. Voyant que rien ne se passe, je prends une de mes chaussures à haut talon avant de descendre de mon lit et d'entrouvrir la porte de ma chambre.



Au lieu de tomber sur un animal ou un vilain armé jusqu'aux dents, je trouve Shinso étalé sur le sol du couloir en face de ma porte. Cela fait quelques mois que le violet a rejoint notre classe. Au début, il a eu du mal à s'intégrer, mais maintenant il est un élève à part entière de la classe B. Je le fixe perplexe, attendant qu'il se relève, mais ne voyant aucun geste de sa part, je m'approche du sol pour l'aider à se relever.



Que ne fut pas ma surprise en voyant que cet imbécile s'était endormi sur le sol comme un loir. Malgré ses cernes gigantesques, je ne m'étais jamais interrogé sur son cycle de sommeil. Comparé à son compère Aizawa, qui lui ressemble trait pour trait malgré l'absence de génétique, je ne l'ai jamais vu dormir une seule fois, que ce soit en classe ou dans le bus.



Mal à l'aise, je tapote son épaule rapidement en murmurant. "Shinso, va dormir dans ta chambre... ce sol est public... dégage ta vieille carcasse"



Cependant, aucune réaction... Je le secoue plus fortement, agacé par son comportement, et finis par le porter jusqu'à ma chambre entrouverte. Mon cerveau me crie de l'abandonner sur le sol à son sort.



Mais mon âme me dit que Kendo serait capable de me coller une nouvelle traînée de gifles si elle apprenait que je l'ai laissé ainsi au milieu de la nuit. Malgré ma force due à mes années d'entraînement, Shinso pèse son poids. Je passe mon bras sous ses genoux et le porte tel une demoiselle en détresse jusqu'à mon canapé. J'aurais pu le mettre dans mon lit, mais ma gentillesse a ses limites et mon espace vital est bien plus précieux qu'un camarade de classe.



Après l'avoir déposé mollement sur le canapé, je retourne fermer ma porte et ranger ma chaussure.



J'observe avec une certaine contenance Shinso, ronflant comme une locomotive sur le canapé blanc cassé que m'avait légué ma grand-mère. Un filet de bave a rencontré le cuir du meuble si cher et précieux à mes yeux. Je prends la décision de ne pas le tuer tout de suite, mais plutôt d'y songer le lendemain. N'ayant pas d'autres draps disponibles, je laisse tomber un plaid sur sa carcasse afin d'éviter qu'il n'attrape froid.

A Shared Sleep : MonoshinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant