4 - You are not his princess

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Alors que je fixe mes pieds depuis plusieurs minutes, Shinso ne semble pas décidé à vouloir m'adresser un mot, ni même un regard. Pourtant, c'est lui qui a frappé à ma porte, n'est-ce pas ? Personnellement, je n'ai rien à lui dire, enfin rien de concret.

Après quelques instants de plus, il a fini par dire d'une voix plutôt affaiblie :

- Désolé de t'embêter avec ça. J'ai refait une crise, comme hier tu avais réussi à m'aider, je m'étais dis que... Enfin excuse-moi, c'était stupide de ma part.

Il se lève précipitamment comme un lion en cage sur le point de prendre la fuite. Je n'ai pas eu le temps de réfléchir que ma main s'est déjà refermée sur son poignet pour l'empêcher de partir. Surpris par mon propre geste, je finis par relâcher ma prise.

Shinso s'assoit de nouveau à mes côtés, perdu dans ses pensées. Je finis par parler malgré mes réserves :

- Tu as bien fait de venir. Même si je suis une personne occupée, je ne fermerai jamais la porte à quelqu'un qui en a réellement besoin. C'est ça être un héros après tout.

Je peux entendre un léger rire sortir de ses lèvres, ce genre de phrase toute faite. Il n'aime pas ça et ne les prend pas au sérieux. Ça peut se comprendre si on y réfléchit. Mais lorsque je les utilise, c'est plutôt une forme de tendresse plutôt qu'une insulte.

- Qu'est-ce qui se passe exactement quand tu fais ce genre de crise ?

Shinso se tourne vers moi en jouant avec ses doigts pour éviter de perdre ses mots.

- C'est souvent dû au stress ou à l'angoisse. Je m'endors facilement en fin de compte, mais ce sont mes cauchemars qui m'empêchent de dormir. Mes rêves sont souvent ancrés dans le réel, parfois j'ai du mal à savoir si je suis dans la réalité ou non, tellement c'est éprouvant. Ensuite, je me réveille avec des sueurs froides, les larmes aux yeux ou en criant parfois.

Je pose ma main sur la sienne pour l'encourager à continuer à parler.

- Le pire, c'est quand je me rends compte que je suis seul, que le silence règne dans ma chambre et que personne ne m'entend. Je fixe le sol en peinant à respirer correctement, totalement paralysé. Quand ça m'est arrivé tout à l'heure, j'ai bêtement imaginé que tu aurais pu m'entendre... Et que je n'étais pas seul.

Touché par ses mots, je finis par l'enlacer avec une délicatesse que je ne me connais pas moi-même. Si je peux être utile à quelqu'un. Si je peux être le phare dans ses moments de crises. Ça ne me dérange pas. Je caresse ses cheveux en pagaille dans un geste rassurant.

- D'accord... Alors la prochaine fois, même si j'espère qu'il n'y en aura pas d'autres, envoie-moi un message même vide. Je viendrai t'aider, et tu ne seras plus seul. Même à 5 h du matin.

Je peux le sentir sourire contre mon épaule alors qu'il me serre un peu plus fort contre lui. Mon cœur bat sûrement un peu trop fort. J'espère qu'il ne l'a pas remarqué, je n'aimerais pas qu'il se fasse des idées.

- Merci, Princesse...

Habituellement, ce surnom m'aurait donné de l'urticaire, mais la douceur dans ses mots m'a dissuadé de râler à propos de ça.

- Ne t'avise pas de répéter ça à quelqu'un, je n'aimerais pas que les gens finissent par penser que je fais partie des Restaurants du cœur...

Il s'éloigne finalement légèrement de moi avec un rictus.

- Tu ne veux pas être associé à une association qui aide les plus démunis ? Ça fait tache pour un héros, Neito.

Je lève les yeux au ciel.

A Shared Sleep : MonoshinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant