Chapitre 2: Aux frères et aux femmes.

10 3 0
                                    




CONAN

Je prends mon verre et le lève en jetant un regard à Davon. Il avance le sien pour trinquer avec moi.

     — À mon retour parmi les vivants ! S'exclame-t-il avant de se soûler d'un shot.

     — Ouais à ton retour parmi nous, répété-je.( Je le suis avec le mien et nous commandons deux alcools plus doux sans attendre.) Quatre ans que tu te cloîtres dans ton camp militaire à dormir autour d'hommes virils aux pecs globuleux. Qu'est-ce que ça te fais de retourner à la vie et revoir des femmes ?

     — J'en pleurerais presque d'être entouré d'autant de seins.

     Il boit un peu, hésite puis me lance un regard. Sa main effleure sa moustache tout juste rasé d'un air songeur.

      — ...T'es vraiment sûr Conan ? T'es sûr que ça te dérange pas ? Tu peux rester un peu en attendant d'avoir trouver un plan tu sais. Avery criera un coup mais tu sais comment elle est. Au fond t'es comme son beau frère.

     Je ne réponds rien et soupire. Je tire un peu le col de mon pull trop petit qui manque de m'étouffer. Davon et Avery sont fait pour être ensemble. Ils se quittent et se remettent ensemble tous les quatre matins mais ça fait plus de sept ans qu'ils s'aiment comme des fous. À cause du service militaire de Davon, leur relation s'est pas mal détérioré et même si ça me fait chier, je sais qu'il faut les laisser entre eux pour qu'ils repartent sur de bonnes bases. 

     — Écoute Davon, t'as été un vrai frère de me laisser crècher dans ton appartement le temps de ton service militaire, mais maintenant la vie va reprendre son cours. Pour l'instant j'ai une connaissance qui peut me dépanner un soir ou deux le temps que je trouve un truc. Et j'ai un peu d'argent de côté.  Alors t'inquiète pas, t'occupe pas de moi et profite d'Avery, vous en avez vraiment besoin.

      Il hoche la tête et me sourit. En cognant mon épaule de son poing, il marmonne : « t'es vraiment un con, tu sais ça Conan ? Un gros con et un frère.». Les quelques insultes qui suivent  m'arrachent un sourire discret.

     — Aux frères et aux femmes ! Lève-t-il son verre
à nouveau.

     — Aux frères, je le rejoins, mais hors de question de trinquer à la santé de ta folle furieuse.

     J'ai pris la bonne décision, il aurait été impossible que je dorme dans le même appartement que cette sorcière. Elle serait capable de m'étouffer dans mon sommeil avec les chaussettes sales de Davon.
     Je frissonne rien que d'y penser.

     Du coin de l'œil, j'aperçois une jolie brune en robe noire satinée qui ne me quitte pas des yeux au bar. Ses yeux de biche jouent à l'ange mais si je me laissais trop faire elle me mangerait tout cru. Elle se rapproche de mon type de fille et se démarque tout particulièrement des autres présentes ce soir;, je tâtonne seulement à savoir si c'est par elle ou seulement sa robe tape à l'œil dans ce petit bar de quartier.

    — T'as une touche.

    — Tu permets ? Je reviens dans deux minutes.

    Il me mime une révérence.

    Elle me suit du regard jusqu'à ce que j'arrive à son niveau. Je commande deux autres verres au barman et m'assoie à côté d'elle. Je n'engage pas la conversation, elle non plus. Elle me regarde mais mes jolis yeux ne l'intéressent pas. Les siens sont bruns et plutôt joliment maquillés. Les secondes passent, l'ampoule au-dessus de nous grésille, mes verres ont déjà été servis. Pour autant, je ne bouge pas.

     La robe. C'est définitivement la robe. Je me lève, les verres dans les mains, et rejoins Davon. Il me regarde avec incompréhension tandis que je me rassoie à notre table.

     — Je te comprends pas Conan. Elle était super canon celle là !

     — Pas plus que les autres.

     — Pour un soir, elle l'aurait été suffisamment tu sais. Pour toujours si sa personnalité est sympa.

     — Je ne suis pas le seul mec qu'elle peut se taper
ce soir. Elle peut se trouver un autre pigeon pour la nuit si ça lui chante. Et sa personnalité, elle ne m'a pas trop donné envie de la découvrir après m'avoir fait sentir comme sa petite proie.

     — Tu sais les femmes ne sont pas des démons Conan, relance Davon en s'adossant à son siège.

     — Oui, je sais.

     Elle était jolie, mais les coups d'un soir n'ont jamais beaucoup attiré mon attention. J'en ai eu un, ou deux, mais ça ne m'a pas donné envie de multiplier les expériences. Au contraire ça a plutôt mal tourné.

       Je ne crois pas particulièrement aux histoires d'amour, bien que je sois admiratif de Davon et Avery, mais j'ai appris à mes dépens que quitte à coucher avec une fille, je préfère que celle ci sache qui je suis et pas uniquement combien j'ai d'abdominaux.

     J'ai eu pas mal de problèmes dans ma vie, mais celui de mettre enceinte une femme que je ne connais pas ne sera jamais le mien. Cette jolie brune était trop pressée à mon goût.

     Le téléphone de Davon sonne. Il répond et sourit en entendant la voix. Il hoche la tête à chaque mots et finit par raccrocher avant de ranger le téléphone dans la poche arrière de son jean.

     — Je suis désolé mec je dois y aller, ma... tante a une galère, elle est entourée de chiens et n'arrive pas à sortir de sa voiture. Elle a vraiment besoin de moi sur ce coup.

    — Ouais pas de soucis, vas aider ta... tante, l'encouragé-je en insistant sur le dernier mot.

     Il fait une tête désolé et me tend un billet pour payer sa part. En partant, je lui lance:

     — Pense à pas saluer ta tante Avery de ma part.

     — Je t'emmerde Conan Walter.

    Je finis d'une traite mon verre puis vais payer au contoir. La jolie brune est toujours là, mais cette fois ci un gentil pigeon l'accompagne. Le pauvre semble déjà amoureux et près à tout pour elle. J'espère qu'elle ne va pas le faire pleurer.

     Je me lève pour aller pisser et passe la porte battante des toilettes pour homme. Je réprime un frisson de dégoût lorsque je sens l'odeur entre le vomis et la pisse; mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer dessus. L'immonde sol carrelé est recouvert d'une dizaine de petites cartes en papier que je devine être des cartes de visite au vu des informations écrites.

     — Fleur de l'âge, je lis sur la carte. Une boutique de fleurs ? Je hausse un sourcil en ramassant une autre carte, cette fois ci plastifié. Une carte d'identité.

      Violette Hazelford

    — Une fille ?

     Un rire m'échappe. Sur la photo, je découvre une jeune femme aux yeux vert et écarquillés à cause du flash. Ses cheveux blond foncé sont attachés en une queue de cheval chaotique qui tire d'un côté.

     Je sauve les petites cartes qui ne se sont pas noyées de pisse, sa carte d'identité et un trousseau de clef surmonté d'un porte clé pâquerette que je pari être le sien.

Une Violette pour Conan WalterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant