CHAPITRE 3: Pisse, tu pleureras moins.

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VIOLETTE


J'attrape un morceau de papier toilette et me mouche bruyamment avec. Je reste quelques secondes dans le silence désagréable de ma boutique puis un nouveau sanglot résonne dans ma gorge. Mes larmes reprennent mais je les ravale aussitôt.

Je jette mon énième mouchoir morveux en direction de la poubelle mais il tombe à côté. Je m'étouffe à nouveau dans mes pleures.

Ce matin, tout me parait suffisant pour pleurer. Ma gueule de bois, en plus de me donner une horrible envie de vomir, des maux de tête atroce et un arrière goût de chaussettes dans la bouche, m'a rendu encore plus tendu qu'habituellement. Dix heure du matin, la réalité m'a giflé comme les pestes hystérique du collège. J'ai vidé autant de boîtes de mouchoirs que j'ai eu de mauvaise décision dans ma vie. Je vous laisse faire le calcule.

Hier soir, l'alcool m'a valu de perdre les clés de mon appartement— grâce au ciel j'avais pris celles de ma boutique— et mes prototypes de carte de visite faits à la mains pendant des jours.

— Finis l'alcool, plus jamais, juré-je comme on jure de ne pas retourner vers son ex toxique, une promesse hypocrite qui ne tiendra pas lorsqu'il croisera votre regard et que sa débauche rimera avec votre désespoir.

     Je parle, évidemment, encore d'alcool.

Une main sur mon crâne pour calmer la douleur et l'autre qui tend vers mon café soluble dilué dans l'eau tiède du robinet. Je vois venir la journée de merde.

Non plutôt la semaine de merde.

Voyons les choses en grand.

Je ne me suis pas encore vu dans une glace mais je parie que mes cernes sont encore plus creusées que d'habitude et mon teint plus cadavéreux que celui de Dracula.

Je n'ai pas passé une nuit de rêve... Lorsque j'ai acheté les meubles pour ma boutique de fleurs, je n'ai pas vu les choses en grand: ni canapé, ni chaise: juste des tables qui ne sont encore dans leurs cartons. J'ai donc dormi par terre avec du papier bulle comme oreiller. Une nuit de rêve, très silencieuse.

Je relève la tête lorsque la porte d'entré grince et qu'un vent frais traverse la pièce.

Un homme entre calmement. Ses cheveux bruns tombent devant ses yeux froid. Il me regarde et s'avance vers moi sans parler. Mon coeur s'agite.

Quel genre de personne entre ainsi à part les tueurs en séries ?

— On est fermé monsieur ! Sortez s'il vous plaît !

Un frisson me travers tandis qu'il continue d'avancer vers moi sans bruit. Non, plus qu'un frisson, c'est de la peur. Il sort quelques chose de sa poche et le pose sur la table. J'ai un mouvement de recule, imaginant un instant qu'il s'agissait d'un hold-up, puis écarquille les yeux.

— Violette je suppose ?

Mes clefs et mes papiers, ou du moins ce qu'il en reste.

Je lève les yeux vers les siens et le dévisage quelque seconde, le timbre de sa voix est moins terrifiant que je ne l'aurais cru. Il est même assez doux, presque cassé. C'était bien la peine d'imaginer tout ça... hein.

Une Violette pour Conan WalterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant