Chapitre 7

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Valentina

Un long soupir sort de ma bouche. J'ai retenue avec monsieur Caldwell dans dix minutes. Je me dirige vers sa classe, le pas traînant, je n'ai qu'une envie ; dormir. Le trajet habituellement court me prend un long moment entre la mare d'étudiants et mon passage aux toilettes qui s'est éternisé. Je m'arrête une fois face à la porte, soupirant à nouveau avant de frapper de légers coups à la porte qui ne tarde pas à s'ouvrir sur l'enseignant.

Entre et installe-toi à la première rangée du bas.

Je lui jette un regard un instant, hésitante. Je me conforme à sa demande, attendant de voir ce que ça va donner.

Copier des lignes avec des je dois arriver à l'heure, n'a jamais servi à quelque chose de constructif. Je vais vous donner une feuille. Sur celle-ci, vous allez me décrire comment vous vous sentez et ce qui vous passe par la tête. Arriver dans cet état n'est pas anodin. Déclare-t-il en posant une feuille sur mon banc.

Je n'ai pas besoin d'un psy. Je l'attaque froidement.

Faites ce que je vous demande. Ricane-t-il.

Je peux partir dès que j'ai fini ?

Oui.

Une idée me passe par la tête, avec un sourire en coin, j'écris mon nom, avant de retourner ma feuille et de me lever.

Minute papillon. Une dissertation ne se fait pas en quelques minutes. Dit-il, retournant ma copie avant de me dévisager. Sérieusement ? Une feuille vierge pour réponse ?

Ha non, ça n'est pas moi, je suis bronzée et plus...

Stop, je ne veux rien savoir, pas un mot de plus. M'interrompt-il.

Faites pas votre prude. M'amusais-je de son malaise. Il soupire et retourne à son bureau.

Asseyez-vous, vous allez faire votre dissertation à voix haute. Comment vous sentez-vous vraiment ?

Parfaitement bien. C'est bon, je peux me barrer ?

Non. Qu'est-ce qui vous a conduit à cette réaction ?

Ça ne vous regarde pas. Je copie quoi, que vous me foutiez la paix ?

Tu as le choix entre me parler de ce qui t'a conduit à l'incident d'hier ou l'écrire.

J'écris, mais vous ne lisez pas avant que je ne sois partie.

Très bien. S'avoue-t-il vaincu.

Je reprends la feuille qu'il me tend quand je me laisse tomber dans le siège. Je pose ma tête dans le creux de mon bras, attrapant un stylo, je commence à griffonner la feuille, la remplissant d'encre, changeant parfois de couleur. Une heure passa avant que je n'estime avoir fini. Je plie la feuille, la laisse sur mon espace de travail, me relevant. Après son accord, je sors, regagnant ma chambre, je fignole quelques leçons avant de partir prendre mon service au restaurant.

***

Je tente d'insérer la clé dans la serrure, mais pas moyen. Je soupire et frappe du poing sur la porte qui ne tarde pas à s'ouvrir sur un inconnu à moitié débraillé.

Un problème, ma beauté ? Articule-t-il difficilement.

Oui. Un gros problème. Toi, tu prends tous tes copains et tu te casses, c'est clair ? Murmurais-je, la colère montant.

Et...Et pourquoi je le ferai, t'es pas ma mère.

Je le bouscule, entrant dans la pièce. Il fait tout bleu, la fumée agresse mes poumons qui y sont pourtant habitués. Des joints. Ils ont fumé des putains de joints ici. Une colère sourde monte en moi, je prends toutes leurs affaires à portée de main et les jette sur le seuil. J'ouvre la fenêtre en grand, laissant l'air chasser la brume épaisse à l'odeur nauséabonde. J'entends Cassandre rouspéter, disant à ses amis de partir, qu'elle les rejoint vite. Noire de colère, elle se dirige vers moi, le doigt pointé en ma direction.

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