Lost Souls

Chapitre 1 [corrigé]

"Les rencontres inattendues peuvent changer le cours de notre vie"

Valentina

Ça y est. Je l’ai fait. J’y suis enfin. Je suis à l’université, celle de Santa Barbara, à l’opposé d’Englewood, ma ville natale. J’ai toujours pensé que ça me ferait quelque chose, mais étrangement, seule la sensation habituelle du vide est logée dans ma poitrine.

Juste le vide, le néant.

C’est fou quand même, fuir Chicago, faire près de 3500 kilomètres pour au final ne pas sentir ce poids sur mes épaules s’alléger. Est-ce que ça aurait été différent s'il était là ?

Un bruit de pas me sort de mes pensées, me ramenant sur terre. Je me rends à l'accueil dans lequel est assise une dame à l'air sévère. Deux garçons — sûrement ceux qui m'ont sorti de mes pensées — J’attends que les deux garçons qui sont face à moi ne récupèrent leurs clés et se dirigent vers les couloirs du fond. Je m'avance face au bureau de la dame.

— Bonjour, j’aimerais récupérer ma clé. Dis-je sur un ton posé.

— Nom, prénom, section. Dit-elle sèchement.

— Valentina Sanguenoro, criminologie.

— Valentina Fiorella, demande-t-elle en posant un œil critique sur moi.

Comme simple réponse, je hoche la tête. Elle me tend des documents que je signe avant de prendre ma clé et de chercher ma chambre. Elle se trouve au troisième étage, au milieu du couloir, chambre 55. Devant la porte, je respire une bonne foi et l’ouvre, ne laissant pas place à l’hésitation. Je m’avance dans la pièce avant de remarquer une fille, elle doit être un peu plus vieille que moi, je dirais un an de plus tout au plus. Elle s’avance vers moi, m’inspectant de la tête aux pieds avant de me sourire de toutes ses dents.

— Tu dois être ma nouvelle colocataire ! Ravie, moi, c'est Cassandre Nates ! Commence-t-elle.

— Valentina. Lâchais-je sans grande conviction, n’ayant aucune envie de parler.

Je tourne les talons et pars récupérer mes affaires à l'arrière de mon pick-up. Il m’aura fallu plusieurs allers-retours, mais mon armoire est pleine et mes draps sont mis. Le reste du rangement attendra bien demain, pour l’heure seule l’envie de dormir m’intéresse.

Une nuit de sommeil est vraiment ce qu’il me manquait après deux jours à conduire.

Je sens les rayons de soleil passer à travers les stores avant de venir s’échouer sur ma peau. Dans un élan de courage, je m'assois au bord de mon lit. Puisant dans le peu d’énergie que ma nuit m'a accordé, je me lève, les jambes encore engourdies par le sommeil. Je me dirige vers la salle de bain et prends une douche pour effacer toutes traces de sommeil, puis m'habille. Je me fais deux tresses collées, ma marque de fabrique, avant de sortir et de rejoindre la cuisine. Ma colocataire, Cassandre, m'a proposé de déjeuner ensemble avant de me faire visiter le campus. J’ai accepté, histoire de ne pas me perdre pour le début des cours.

Je me sers de céréales, bâillant à m’en décrocher la mâchoire. Cassandre ne se sert qu’un chocolat chaud et essaie de faire la discussion, me demandant d’où je viens et d’autres questions qui lui resteront sans réponse de ma part. Comprenant mon mutisme, elle part sur d’autres sujets, me parlant de mode et de maquillage, ce qui ne m’intéresse pas énormément.

— Non, mais sérieusement, tu as vu sa robe, elle doit c…

— T’en penses quoi de la dernière Kawasaki ? Je coupe son monologue.