Chapitre 39

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ANNAIG

Trois jours, trois jours que June n'est plus là, trois jours que je suis chez Monette, trois jours que ma grand-mère cherche des réponses, trois jours qu'elle est assise devant son autel, trois jours qu'elle psalmodie, trois jours qu'elle n'a rien mangé, ni bu, trois jours que je veille sur elle, elle ne m'écoute pas, elle ne me parle pas. Je m'inquiète pour elle, je m'inquiète pour June. Adrian ne vit plus, aucun de nous ne vit, la police ne sait plus où chercher. On ne comprend pas qui pourrait vouloir du mal à June, qui ? Encore une nuit sur le canapé, Monette a bu un thé ce soir, je voudrais qu'elle mange, je ne l'ai jamais vu comme ça, elle a l'air hors du temps. Hélios s'est fâché, il lui a crié dessus mais elle ne veut rien entendre et elle n'a pas bougé.

Quatre jours, quatre jours que June a disparu, quatre jours que je n'ai vu personne à part Monette. J'ai les autres au téléphone, je ne veux pas laisser Monette. Je dors sur le canapé à côté d'elle. J'ouvre un œil, nous sommes le matin du 5eme jour, Monette est assise en face de moi, elle sourit, elle mange un croissant en buvant du thé.

- Elle est dans le bayou princesse, elle est dans le bayou et elle est faible, j'ai vu un cyprès géant à trois troncs, j'ai vu Laplace, j'ai vu le serpent, Anna, j'ai vu des crabes, des crabes rouges. Elle est à Laplace, il faut aller la-bas et vite, son corps est faible.

- Monette, ça va ? Il faut dormir, s'il te plaît, tu es si pâle.

- Je dormirais quand vous aurez ramené la petite, il faut vous dépêcher.

J'installe Monette sur le canapé, la couvre d'un plaid et prend la voiture pour rejoindre les autres.


JUNE

Mon garde ne me nourrit pas, je suis là depuis deux jours, deux semaines, deux mois ? Je ne sais pas, je ne sais plus, j'ai soif, j'ai faim, j'ai froid. Je ne vois plus mon ravisseur, je l'entend, toujours au téléphone. Ce matin j'ai réussi à enlever la chaîne qui me retient au lit, ma cheville est en sang, plusieurs de mes ongles ont sauté, j'ai les mains ensanglantées. Je ne sens pas la douleur, c'est mauvais signe. J'entends mon bourreau qui s'approche, j'essuie le sang sur mes mains, je cache mon corps sous la couverture. Il ne faut pas qu'il voit ma cheville libérée. Il ouvre la porte.

- Ah bah t'as perdu de ta splendeur ma belle dit-il en riant.

- Va crever connard !

- Oula, la jolie June se fâche, tu vas faire quoi ?

Il s'approche de moi, je recule contre le mur, il attrape mes cheveux et tire ma tête vers l'arrière.

- C'est toi qui va crever ici ma belle, encore quelques jours et ce sera fini, si tu voyais ta tête ma pauvre !

- Mes amis vont me retrouver...

- Tes amis... laisse moi rire, tes amis s'agitent dans tous les sens, mais ils ne font que brasser de l'air. Même les gars de Chase ne savent plus où chercher.

- Il va me retrouver et il va vous tuer.

- Ah ouais, je voudrais bien voir ça ! Demande lui plutôt pourquoi il a tué tes parents.

Je bloque ! Qu'est ce qu'il raconte, c'est quoi le rapport entre Adrian et mes parents, je ne respire plus, il faut que je sorte de là, j'ai la haine, la rage monte en moi, il faut que je parte. Mon ravisseur s'est approché, il détache mes cheveux et caresse ma joue, il passe sa langue sur ses lèvres et la je vrille, j'étends brusquement ma jambe et lui colle mon pied dans les parties, il tombe par terre en criant. Je me jette sur lui, à califourchon, nue, je lui assène plusieurs coups de poings, je n'arrive pas à m'arrêter, une fois, deux fois, je frappe sans répit, lui ne réagit plus, le sang coule sur son visage, j'attrape ses cheveux et cogne sa tête contre le sol, plusieurs fois, j'attrape la chaîne et l'enroule autour de son cou, je serre, je serre. Il semble évanoui, je me lève, récupère la couverture et quitte ma prison, j'arrive dans une pièce sombre, me dirige vers la seule porte et l'ouvre. Je suis dans le bayou, putain ! Je cours, je cours devant moi, je ne me retourne pas. J'ai perdu la couverture, j'aperçois au loin une grande cabane, sur la façade un crabe, énorme et rouge. L'eau est de plus en plus présente, j'ai du mal à me déplacer, je fatigue. J'arrive enfin à la cabane qui semble être un ancien restaurant. Il n'y a personne. Je suis tellement fatigué, j'aperçois un cyprès géant, ses troncs forme comme un nid, je vais me poser quelques minutes, je suis tellement fatigué. Je me roule en boule au creux de l'arbre, trou noir de nouveau.

Bâton RougeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant