Chapitre 3

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KIRA

C'est un cauchemar.

Monsieur Matou est étendu dans une mare de sang dans le salon, Marjorie a disparu et ne répond à aucuns de mes appels. Je crois que je deviens folle. Il n'y aucune autre explication rationnelle  à tout ce qui me tombe dessus. Je suis en train de devenir folle.

_ Il faut que tu te lèves Kira, me murmure Oslo.

Je ne comprends pas ce qu'il fait ici. Il devait rester de l'autre côté de l'océan, là où je n'aurais plus à me perdre dans ses iris aussi sombre que lui. Tous mes projets s'effritent et je ne peux rien faire à part les regarder partir en fumée.

J'obéis à ses ordres. Je suppose que tous les agents ont une aura d'autorité qui ne les quittent pas. Je n'ai jamais su résister à l'autorité. Je n'ai jamais su lui résister.

Debout, j'ai une vue trop nette sur la tache de sang qui enduit le sol de mon salon. Monsieur Matou... Le chat de Daisy a disparu il y a deux semaines. Comme Daisy n'est pas souvent là et que c'est moi qui m'occupais de lui, je le considérais comme mon chat. C'est horrible... Une nouvelle vague de tristesse s'empare de moi. En un rien de temps, Oslo me bloque la vue. Je crois que je vais vomir.

_ Attend moi devant la porte, je reviens tout de suite.

Je l'écoute encore sans me poser plus de question. J'aimerais partir à la recherche de ma meilleure amie, mais par où commencer ? Je n'ai aucun moyen de la retrouver.

Le temps passe alors que je reste debout devant la porte, couverte de sang. J'aimerais hurler, pleurer, mais je n'y arrive pas. Je suis amorphe face à ma crise d'angoisse d'il y a quelques instants.

Une odeur âcre me parvient et je la mets sur le compte du sang dont je suis couverte. J'ai envie de me changer, j'ai envie d'effacer cette horrible soirée de ma tête et de raconter mon rendez-vous catastrophique à Marjorie. J'ai l'épouvantable impression que cette nuit marque le début de quelques choses et je ne voulais rien changer à la vie que je menais. Elle n'était pas parfaite,  mais je l'aimais.

Oslo me rejoint finalement à l'extérieur. Les traits de son visage sont tirés. Il a l'air inquiet, mais j'ai rarement eu l'occasion de voir Oslo revêtir une autre émotion que de l'inquiétude, de la nonchalance ou de l'arrogance. Cependant, quand c'est le cas et qu'Oslo daigne offrir aux pauvres commun des mortels un de ses sourires, il pourrait effacer la présence de tous les maux présents sur terre.

Il n'arrête pas d'observer le bas des escaliers et même le haut où quelques voisins curieux ont fait une apparition. Je me demande ce qu'il pense, puis je me dis que ça ne sert à rien de m'inquiéter par rapport à eux. Il y a des choses plus graves, beaucoup plus grave.

_ Je ne pense pas que ton amie soit la cible de cette personne, il finit par dire.

Je fronce les sourcils, accablée par l'incompréhension.

_ Je ne comprends pas. Il envoie des messages à Marjorie depuis des semaines... Je ne sais pas où elle est.

_ Ce sont ton appartement et ton chat qui ont été pris pour cible. Il a laissé ce mot sur ton lit et il a écrit ce message dans ta langue d'origine. Si Marjorie a été enlevée, c'est surement qu'elle se trouvait aux mauvais endroits, au mauvais moments.

C'est impossible. Ce malade lui écrivait à ELLE. Il n'a jamais parlé de moi dans aucun de ces messages. Il n'a jamais essayé de me contacter, moi. Ces messages lui étaient toujours adressés à elle. Soudain, le dernier message me revient en tête.

« Tu sais pourtant que tu m'appartiens mon ange, pourquoi vouloir te rapprocher de lui alors que je suis là à t'attendre. Ne t'inquiète pas, dans peu de temps, nous serons réunis et je t'aurais enfin pour moi seul. »

L'Agence 2.0Où les histoires vivent. Découvrez maintenant