À la vie, à la mort

Chapitre 1 - Dans la gueule du Loup

Le soleil est sur le point de se lever, et pourtant je suis debout depuis des heures. Je ne veux pas être là, mais je n'ai pas le choix. Après plusieurs semaines en tant qu'associée, je m'apprête à intégrer la famille italienne la plus influente de New York : les Occulti...

Ici, ce sont bien des liens de sang qui unissent les différents membres. Mais pas au sens traditionnel du terme. Je ne pensais pas être intronisée si rapidement en tant que membre, mais j'imagine que j'ai attiré l'attention des bonnes personnes... Et éviter à l'un des boss de se faire arrêter a sûrement contribué à tout accélérer. Enfin, je suppose que je devrai l'appeler sotto-capo désormais.

- Es-tu prête ?

- Toujours.

Un mensonge.

Je ne suis pas prête.

Pas pour ça.

Mais je ne peux pas le lui montrer si je veux que mon plan se déroule comme prévu. 

Mes grands-parents ont été tués par des gangsters comme Giorgio Maccini et les Occulti. Savoir qu'une poignée d'individus continue de briser des familles en toute impunité me rend malade. Je suis devenue avocate, j'ai cru en la justice... mais elle m'a abandonnée. 

De nos jours, la seule façon de stopper un criminel de la trempe de Maccini est d'en devenir une moi-même. Infiltrer son cercle privé pour le piéger est mon dernier recours. Je le coincerai, et il sera un exemple, un espoir pour toutes les victimes !

- Tes dernières actions m'ont particulièrement... intrigué.

- Je sais ce que vous souhaitez, et je sais comment l'obtenir.

- C'est ce que j'ai pu constater.

A en juger le ton sensuel de sa voix, il a sûrement perçu mon trouble, malgré tous mes efforts pour le dissimuler...

Son regard croise le mien, je bombe aussitôt le torse. L'une de mes mains ajuste le collier autour de mon cou. Il ne sait pas le terrible secret qu'il cache... et il ne doit en aucun cas le découvrir.

Je ramène ma main le long de mon corps, attentive à ce que mon visage ne laisse rien transparaître. Il ne doit pas savoir que je hais tout ce qu'il incarne.

- Si tu travailles pour moi, j'ai besoin de m'assurer que tu t'intégreras bien à la famille.

- Je saurai m'intégrer.

- C'est à moi d'en juger. Cependant, je dois bien admettre que tu es particulièrement impressionnante. J'ai envie que ça marche entre nous.

Ses yeux me déshabillent et je sens ma peau s'embraser sous ses prunelles. En dépit de mon aversion pour ce qu'il représente, Maccini est terriblement séduisant. Cependant, je dois me souvenir de la raison de ma venue. Il a peut-être l'air prévenant, mais il utilise son charisme pour mieux attirer ses victimes. Je ne dois pas tomber dans son piège.

- Je veux aussi que ça marche entre nous.

- Tous les nouveaux membres de la famille doivent d'abord être intronisés. C'est un test, en quelque sorte. Commençons, veux-tu ?

- Évidemment !

Maccini se montre soudain dubitatif. Je m'inquiète de mon enthousiasme. Ou au contraire, ne l'étais-je pas assez ?

- Assieds-toi.

Je marche nonchalamment jusqu'à la chaise qu'il m'indique, comme si cette situation était habituelle.

- Je sais que tu te débrouilleras à merveille. Nous démarrons l'intronisation avec trois objets. En premier, le fruit. La figue. Ensuite, l'aiguille. Et enfin, la balle.