2.Le soleil ne brille pas toujours

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Sean

Giulio me regarde sans rien dire. Il me fixe comme si j'avais quelque chose d'horrible sur le visage.

-Bon, si j'ai un putain de boutons, c'est le moment de m'en faire part, tu ne crois pas. Parce que ça commence à devenir vraiment gênant.

Il rigole doucement. J'aime entendre le son de son rire. On dirait le chant des oiseaux quand il part l'hiver. Vous savez, quand il fait trop froid. Ils s'en vont vers les pays plus chauds. Et bien, c'est à ça que me fait penser sa voix lorsqu'il se met à rigoler.

Je continue de manger mon kebab, pendant qu'il recompte le nombre de serviettes frénétiquement.

-Tu sais, quand j'étais petit, j'aime croire que j'avais plein d'amis. Pas parce que je voulais être populaire, mais comme ça, je pouvais me dire que chacun d'entre eux prenait la place de ma famille. Tu sais, comme des frères et sœurs, des oncles, des tantes, des parents, une nourrice... Je me créais une vie dans laquelle je venais d'une famille peu aisée, mais dont la richesse était l'amour.

Cette fois-ci, il me regarde entre les mèches qui retombent sur son front, les yeux remplis de mélancolie, un léger sourire aux lèvres.

Il me sourit souvent. D'une certaine façon, c'est agréable de le voir parce que je sais que je ne suis pas toujours sans rien. Il me montre qu'aujourd'hui, j'ai plus ou moins pris une revanche sur ce qui m'est arrivé.

-Athéna était ma sœur dans mon histoire.

-Je suis sûr qu'elle l'est toujours.

Je baisse les yeux.

Je me demande où elle est. Depuis la dernière fois que je l'ai vu, que je l'ai pris dans mes bras. Elle ne m'a pas contacté ou essayé, alors je respecte son choix. Je pourrais avoir la possibilité de savoir où elle se trouve, Isaiah aussi, mais c'est sa volonté de ne plus nous voir et je la respecte bien que ça me fasse un mal fou. J'espère juste tout au fond de moi qu'elle a trouvé la paix et le bonheur et qu'une part d'elle ne m'a pas oublié.

-Quatre ans, c'est long... je lui réponds.

-Je sais bien, mais tu ne crois pas que certaine famille ont juste besoin de s'éloigner pour un jour se retrouver.

Il ne me le dit pas parce que je veux l'entendre, Giulio ne mens jamais. Il le dit parce qu'il le pense. Et ça me rassure. Peut-être parce qu'une part de moi sait que je la reverrai un jour.

-Et moi alors, je suis quelle partie de ta famille ? dit-il en se penchant en avant et en regardant attentivement mes doigts pianoter sur le coin de la table.

Le restaurant commence à être vide, il est déjà 22 heures.

Je le regarde et je sais que je peux lui accorder toute ma confiance. Il est souvent froid, mais j'aime bien la façon qu'il a de se montrer sans filtre avec moi. Il est plus doux. Il arrive à contrôler ses TOC bien que ce soit difficile pour lui.

Giulio a du mal à se contrôler, il est anxieux et quand ce ne se passe pas comme prévu et qu'il ne contrôle plus la situation, il vrille totalement. C'est pour cela que j'aime fréquemment le distraire. J'aime rire avec lui pour qu'il ne pense pas au reste. Mais je sais que ça reste difficile pour lui de se contrôler.

Ses beaux cheveux bruns me cachent son visage alors, je les dégage avec mes doigts après les avoir ressuyés pour voir ses yeux.

-Tu es...

Je ne sais même pas en réalité.

Il n'est certainement pas mon frère, ni un cousin. Il a une place encore plus importante à mes yeux. Il compte beaucoup pour moi. Je l'ai rencontré il y a quatre ans et aujourd'hui, je le vois tous les jours. On se retrouve tous les vendredis soir à la même heure pour manger un kebab, on discute de tout et de rien et on passe notre temps à se donner des défis plus drôles les uns que les autres. De vrais gamins.

Isaiah T2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant