Chapitre 16

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PDV Levi :

- Je...je vais me changer rapidement alors...

J'entre dans la chambre en tenant fermement entre mes doigts le sac. A l'intérieur, je trouve un pull en cachemire et un pantalon. Je me sens mal à l'aise...c'est la première fois qu'on m'offre de tels cadeaux... 

Je m'habille rapidement et rejoins Erwin dans le hall. Il me sourit et nous marchons jusqu'au portail.

Mes jambes s'arrêtent.

Mes mains s'enroulent autour de mes bras dans un geste légèrement inquiet tandis que ma respiration se fait plus rapide. Depuis combien de temps n'ai je pas franchis ce portail? Cette impasse de fer qui m'engloutit de plus en plus jusqu'à m'enrober dans un calme maquillé ? Les racines du bâtiments s'enroulent à mes pieds puis à ma cage thoracique, m'empêchant d'avancer.

Non, je ne peux pas le faire...pas maintenant...

- Levi? Est-ce que ça va ?

Ma respiration s'emballe tandis que la peur m'envahit de plus en plus. Je n'arrive plus à bouger, je suis pétrifié, immobile.

Mon cœur subit une agonie, mon cerveau prend feu, mon corps quand à lui n'existe plus.

- Je...je reste...ici...

- Levi?

Quelque chose se pose sur mon épaule, c'est Erwin, c'est sa main à lui. C'est en levant la tête que la rougeur prend place sur mes joues : pourquoi son visage me paraît-il si proche dans ce genre de situation ?!

- Si tu ne veux pas y aller dis le moi d'accord ? Tente t-il de me rassurer me carressant l'épaule avec son pouce.

Je ne veux pas y aller, j'ai peur, beaucoup trop peur pour franchir le moindre petit pas.

Mais Erwin...lui qui a réussi à convaincre les médecins, lui qui est si attentionné...comment le prendra t-il si je refuse tous ses efforts? Il a tant fait pour moi...je ne peux pas lui faire ça. Je me forcerai à y aller, à sortir, je lui dois bien ça...non?

- C'est rien...on peut y aller.

Il sourit, je souris à mon tour.

Nous nous dirigeons vers la voiture tandis que je carponne mes doigts aux siens, tenir sa main me rassure quelque peu. Mais c'est lors qu'il démarre le moteur que mon courage s'épuise.

Non...je ne dois pas céder...pas aujourd'hui en tout cas...

Cela fait si longtemps que je n'étais pas sorti, si longtemps que je n'avais pas senti cette sensation d'être libre...si longtemps que cela m'effraye...

Me retrouver là...dans un endroit inconnu...sans mes problèmes constants...j'en oublierais presque ma maladie qui elle ne pourra pas disparaître, même si je pars loin...très loin...

Je ne peux pas la fuir...et je ne ressens pas l'envie de le faire car c'est en partie grâce à elle que j'ai pu quitter l'enfer: cet orphelinat...même si ma vie ici reste une l'île des enfers, j'ai l'impression d'être moins ligoté à la douleur...

Ici je suis enchaîné à la mort...chaotique...et cruelle...

Et là...je n'y suis plus. Pas pour toujours bien sûr mais je n'y suis plus. Pour une journée, je suis une autre personne, pas un gamin au bord de la souffrance, au bord du vide. Je ne suis pas légitime de sortir.

Lorsque nous entrons dans la voiture, je me dépêche de m'asseoir à l'arrière. Le blond ne me pose pas de questions et allume le moteur. Tremblantes, mes mains serrent la ceinture tandis que le nœud formé dans mon ventre monte de plus en plus, enfonçant ses griffes empoisonnées dans mes poumons, dans ma cage thoracique. Mon rythme cardiaque accélère, s'envole presque et mon regard se pose sur mes chaussures, je ferme les paupières.

Mon cardiologueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant