3.

84 11 12
                                    

Je fermai les yeux un instant, me remémorant les éclats de rire et les doux moments passés dans cette maison. Chaque pièce était une empreinte de mon enfance, chargée de souvenirs qui dansaient autour de moi. Les murs semblaient murmurer les histoires de mes premiers pas, de mes jeux dans le jardin, et des soirées passée. Mais ces souvenirs, bien que précieux, étaient assombris par une réalité que je ne pouvais plus supporter. Je me souvenais des disputes, de la voix autoritaire de mon père et de la froideur de ma belle-mère, qui s'était insidieusement glissée dans notre vie, comme une ombre sournoise. Je posai la photo de ma mère sur le lit, sa douce image me réconfortant un instant. Elle aurait compris. Elle aurait voulu que je sois heureuse, loin de la douleur que j'avais ressentie chaque jour. Mon cœur battait la chamade alors que je traversais le hall, la lumière bleutée de l'aube filtrant à travers les fenêtres. Arrivée à la porte d'entrée, je pris une profonde inspiration. Il était temps. Je regardai une dernière fois derrière moi, mes yeux se posant sur la lettre laissée pour mon père. Les mots résonnaient en moi comme une douce mélodie, mais aussi comme une note de tristesse.

« Papa, mon papa chéri, si tu savais comme je t'aime. Tu es très important dans ma vie. Toutefois, tu n'as jamais su combler ton rôle de père. J'ai vu comment ta femme te manipule, et ça me fait mal de te voir ainsi. Je suis très malheureuse ici. Heureusement, j'ai trouvé du soutien ailleurs. Pape Jules est un grand homme qui me rassure et me rend heureuse. Je t'ai supplié de nous donner ta bénédiction, mais tu as refusé. C'est pourquoi je pars avec lui. Ne me cherche pas, papa. J'ai décidé de vivre loin de vous. Respecte ma décision. Je t'aime toujours...
Ta chère fille, Mame Diariatou Cissé. »

Avec un dernier regard, je poussai la porte. L'air frais du matin m'accueillit, me promettant une liberté que je n'avais jamais osé imaginer. Je savais que la route serait semée d'embûches, mais avec Pape Jules à mes côtés, j'étais prête à affronter l'inconnu. Pape Jules m'attendait déjà au coin de la rue, silhouetté dans la lumière timide de l'aube. Son regard, à la fois déterminé et doux, m'accueillit comme une promesse. Je me sentais envahie par une vague d'excitation mêlée d'appréhension.

— Prête à vivre une nouvelle aventure avec moi ? demanda-t-il, un sourire aux lèvres.

— Oui, je suis prête, mon amour. Ne perdons surtout pas de temps, répliquai-je en grimpant sur la moto.

La sensation du moteur vibrant sous moi me remplit d'une énergie nouvelle.

Nous disparûmes ainsi sous le petit matin, la route s'étirant devant nous comme un rêve inexploré. Le vent fouettait mon visage, emportant avec lui les doutes et les peurs. À cet instant, j'étais libre, prête à embrasser l'inconnu. Chaque virage que nous prenions me rapprochait d'un monde où les attentes familiales n'avaient plus leur place, où je pouvais enfin être moi-même aux côtés de Pape Jules. La ville s'éveillait lentement, mais pour moi, tout était déjà en mouvement. L'aventure ne faisait que commencer.

Une belle vue s'offrait à nous, le genre de paysage dont on rêve, surtout après avoir déposé nos valises dans une villa splendide au bord de la plage de Saly. Éblouie par la beauté des lieux, je ne pus m'empêcher de m'exprimer.

— Waouh, quel bel endroit mon amour ! M'exclamai-je, les yeux écarquillés par la beauté qui m'entourait.

— Cette maison appartient à ma famille. On va rester ici tout le temps qu'il nous faudra, répliqua Pape Jules en arquant un sourire.

A l'époque, il m'avait raconté qu'il était fils unique, le seul survivant d'un accident tragique avec ses deux parents. Je réalise maintenant qu'il voulait juste m'impressionner et m'émouvoir par la même occasion pour m'attirer dans son piège machiavélique.

CICATRICES D'UNE EXISTENCE Où les histoires vivent. Découvrez maintenant