L'esclave du viking

Chapitre 2

Le souffle coupé, les yeux écarquillés de peur, Freya courrait sans destination précise. Il fallait fuir. C'est tout ce qu'elle se hurlait intérieurement.

" Il faut fuir Freya ! " lui avait tant de fois répété Arkin en lui narrant l'histoire sanglante des vikings.

" Si un jour ils s'en prennent à notre village, il faut t'enfuir sans te retourner ! "

C'est ce qu'elle faisait. Elle cherchait à fuir, mais plus elle fuyait, plus elle avait l'horrible impression qu'il se rapprochait d'elle.

Une branche d'arbre griffa son visage et elle tomba à terre. Elle grimaça en plaquant sa paume de main sur sa joue en se relevant difficilement. Derrière elle, on pouvait encore distinguer les cris qui provenaient du village.

Freya prit le risque de se retourner et découvrit avec effroi que le viking n'était plus à ses trousses.

Était-ce un bon présage ?

La respiration sifflante elle balaya d'un regard effrayé la forêt sombre et silencieuse avec le pressentiment terrible qu'il était là, tout près, mais imperceptible.

Les jambes flageolantes, elle se recula en manquant de tomber.

Ne jamais cesser de courir !

La voix d'Arkin reprit le dessus et elle se retourna pour reprendre sa course effrénée.

Freya étouffa un cri car devant elle se dressait une haute et massive silhouette qui masquait l'horizon. Son corps entier se glaça au moment où elle rencontra le regard cruel de l'homme qui lui barrait la route. Le géant à la stature de glace l'étouffa de sa hauteur étourdissante et il faisait si peur qu'aucun son ne parvint à sortir de sa gorge serrée.

Il la regardait avec sa paire d'yeux acérée et en silence. Sur son visage grimé de suie on pouvait entrevoir des traits ciselés et façonnés pour effrayer l'ennemi. Sa longue barbe comblait sa bouche d'une impitoyable dureté tandis que ses longues mâchoires volontaires ressemblaient à la gueule d'un ours.

Freya n'osait plus bouger, essayant de comprendre ce qu'il cherchait dans sa manière de la regarder avec une telle insistance. Elle réprima ses larmes avec difficulté en baissant la tête car celle-ci lui faisait terriblement mal. Malgré ce détachement, elle pouvait sentir son regard de glace sur elle, comme une empreinte chauffée à blanc.

La respiration saccadée, elle ferma les yeux en priant pour que sa mort ne soit ni lente, ni douloureuse.

Saisie de tremblements répétés, elle entrouvrit les yeux et vit ses longues bottes de barbare sur lesquelles on pouvait distinguer des perles de sang. Soudain une main rugueuse et forte s'empara de ses poignets et en une fraction de seconde ils furent liés et attachés par une corde rêche. Elle fut tentée de le supplier mais elle savait que son destin serait peut-être pire.

Il la jeta sur son épaule et quitta la forêt sans jamais avoir prononcé un mot.

Freya ferma les yeux et se mit à pleurer en silence, se forçant à perdre l'ouïe pour ne plus entendre ce qui passait autour d'elle. Tout ce qu'elle sentait c'est le poing du viking empoignant sa robe pour la maintenir sur son épaule.

Le mieux serait de perdre connaissance immédiatement, pensa-t-elle en sentant les palpitations de son cœur s'accélérer, jusqu'à ce que son vœu lui soit offert...

Harak remonta le village sans se presser, savourant cette nouvelle victoire qui subitement prit un goût légèrement acide. Il possédait tout ce qu'un guerrier comme lui pouvait espérer et pourtant un morceau lui manquait. Le goût de la vengeance bien que délicieux gardait toujours un arrière-goût d'inachevé.