L'esclave du viking

Chapitre 8

Au petit matin, Harak se leva et laissa tomber lourdement ses coudes sur ses genoux en fixant le sol. Il venait lâcher le poignet de la jeune femme alors qu'il avait passé toute la nuit à le tenir pour qu'elle ne s'échappe pas. Une longue nuit dans laquelle il n'avait pratiquement pas fermé l'œil, trop occupé à combattre ses démons intérieurs.

Avec un grognement bourru, il se tourna pour regarder son esclave qui dormait à poings fermés, sans doute épuisée par sa maladie passée.

Les cheveux épars, ses longs cils recourbés ajoutaient de la splendeur à son visage. Il fut tenté de la réveiller pour guérir sa frustration d'avoir passé la nuit à la regarder, mais se retint de justesse et préféra se lever.

Bien qu'il pensait avoir été discret, elle remua dans son sommeil et son visage prit une expression terrifiée avant même de déployer ses cils.

Sans doute venait-elle de comprendre que son cauchemar était bien réel, songea le viking en la regardant se redresser maladroitement.

- Bien heureux de te voir si pleine de vitalité, lâcha Harak en dévisageant ses beaux yeux clairs qui se perdaient dans la pièce.

Perdue, encore dans les méandres, elle toucha sa robe d'une main tremblante et sauta de la couche l'air paniqué.

- Que dois-je faire pour vous servir ? Demanda-t-elle en se passant une main sur les yeux.

Normalement il se devait de la soumettre à des tâches ingrates, mais le viking ne parvenait pas à le lui dire. Il ajusta sa tunique noire sur ses puissantes épaules sans la quitter du regard.

- Lavez mon linge, et ensuite tu viendras avec moi en voyage.

Elle redressa la tête l'air horrifié.

Harak cherchait à la tester et à lire dans son cœur.

Allait-elle en profiter pour le fuir ?

- Très bien, murmura-t-elle en inclinant doucement la tête.

Le viking la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans l'autre pièce puis soupira bruyamment.

Ce voyage allait être court, mais essentiel pour savoir si oui ou non la jeune femme avait compris sa position.

- Tu vas l'emmener avec toi sur le marché ?

- Ne l'as-tu pas fait avec Dira ? S'enquit Harak en préparant son cheval.

- Dira était folle de moi, à tel point que j'ai fini par me lasser d'elle, répondit Cadel en haussant des épaules avec nonchalance. Là c'est différent. Cette fille veut rentrer dans son village.

Cadel plissa le front puis sourit.

- Tu veux savoir si elle t'est fidèle c'est ça ? Tu veux savoir si elle a bien compris qu'elle t'appartient.

Harak ne répondit pas, pensant que son silence serait suffisant.

- Tu agis comme père, de la même façon. N'oublie pas que notre mère était une esclave avant de...

- Et c'est bien pour cette raison que je n'en ai jamais pris, le coupa-t-il.

- Mais maintenant tu en as une, précisa son jeune frère avec un sourire insolent.

- Maintenant j'en ai une, confirma Harak en fixant sa maison.

Il attendait patiemment qu'elle en sorte pour partir, mais elle semblait prendre tout son temps.