L'esclave du viking

Chapitre 3

Freya appuya ses mains sur le sol pour se redresser légèrement tout en continuant de regarder le corps robuste du barbare allongé sur ce lit dix fois trop petit pour lui.

Les os glacés, le cœur battant terriblement fort dans sa poitrine, elle tenta de respirer un peu d'air frais, mais sa gorge la brûlait tellement qu'elle toussa.

Elle essuya son front humide en baissant les yeux, rapidement prise de vertiges car le barbare semblait réveillé. Il faisait jour, lui donnant ainsi la possibilité de voir avec plus de clarté le visage du viking.

Seulement elle avait trop peur et cette peur s'accentua en entendant ses pas vibrer jusqu'à elle.

Deux mains puissantes agrippèrent ses bras et elle fut soulevée de façon à la mettre debout contre le mur de pierres froides.

C'est à ce moment-là qu'elle décida de le relever la tête et de la rejeter en arrière pour affronter celui qui l'avait enlevé. Elle aspira un cri de terreur en le dévisageant. Sur son visage rien ne semblait différent que dans l'obscurité. Une cruauté animale palpitait jusque dans les veines visibles de son cou. Son regard d'acier n'était plus recouvert de suie, mais en rien il ne semblait différent. Impénétrable, impitoyable...elle crut même déceler une délectation à peine masquée dans les lueurs de ses yeux.

Sa manière de la regarder lui donnait l'impression d'être nue et soumise à cette paire d'yeux pénétrante et menaçante.

- Un nom femme !

Sa voix acheva de la terrifier et elle se mit à trembler si fort qu'elle ne pouvait pas lui répondre.

- Quel est ton nom !

- Fr...freya, balbutia-t-elle en fermant les yeux pour fuir son visage cruel.

Le colosse resserra sa prise sur ses bras à tel point qu'elle sentait la plante de ses pieds se détacher du sol.

Harak avait attendu l'aube pour enfin voir son visage et un sentiment assez étrange s'était saisi de lui au premier regard posé sur elle.

D'une grande beauté, la fille à la silhouette gracile possédais les atouts d'une séductrice mais à en juger son expression terrifiée elle n'avait aucune connaissance de cet art.

Ses yeux d'un bleu très profond soulignaient le regard d'une jeune biche éperdue et cette frange de cils rehaussait la fragile peau laiteuse de son visage. Il se surprit à fixer l'incarnat de sa bouche tremblante de peur et de chagrin tandis qu'une odeur très sucrée flottait très posément autour d'eux.

Sa masse de cheveux blonds retombait en cascade sur ses fines épaules ainsi que sur ses bras qu'il continuait de serrer entre ses mains avec une rage à peine contenue. Elle était belle, beaucoup trop belle et savoir qu'elle était peut-être la femme de cet impétueux chevalier lui donna envie de resserrer sa prise un peu plus fort.

Sa farouche beauté allait de paire avec son regard fuyant et qui manquait de condescendance. Un trait de caractère chez les nobles qui leur valait tant de soucis, songea-t-il en la toisant de la tête aux pieds.

- Es-tu l'épouse de Calister ? Lui demanda-t-il sur le même ton glacial et menaçant.

Freya releva les yeux pour affronter le regard du viking et son rythme cardiaque s'accéléra jusqu'à en souffrir.

L'épouse ?

Elle s'apprêtait à lui répondre non quand la voix d'Arkin se mit à résonner dans un coin de son esprit.

Ne lui avait-il pas dit quelques mois auparavant que les barbares avaient plus de compassion pour les veuves ?

Edmund était probablement mort, et c'était peut-être sa seule et unique chance d'être épargnée.