Lui et pas un autre

Le devoir d'histoire

Le moindre que l'on puisse dire c'est que le réveil fut brutal. En voyant cette notification sur mon portable, je savais déjà que j'allais passer une très mauvaise journée. À la vue de cette photo, je ne pus retenir mes larmes. Pour la première fois de ma courte vie, je pleurais pour un garçon.

Sur cette photo, Alexis était sur un canapé, la brune dont il m'avait parlé sur ses genoux, sa main sur sa joue, il semblait lui murmurer un truc à l'oreille. Qui avait pris cette photo ? Pourquoi me l'avoir envoyé si ce n'est pour me faire du mal ? Alexis savait ce que je ressentais, il savait que ça me toucherait. La tristesse laissa place à la colère, à la déception. Comment pouvait-il croire que j'allais baisser ma garde avec ce genre d'action ?

Toute la journée, j'attendis un message de sa part. Rien. Je n'attendais qu'une chose, être lundi et le revoir. Il fallait que je sache ce qu'il s'était passé.

Le lundi matin, je ne pris pas place à côté de lui dans le bus. Je devais lui montrer que je lui en voulais. Qu'il n'avait pas à m'envoyer cette photo. Toute la matinée, je ne lui adressais pas un mots, évitais son regard. Puis à un intercours, il me pris par la main et m'entraîna dans un recoin du couloir.

-Mel, c'est pas moi qui t'ai envoyé la photo. Je ne sais même pas qui l'a prise et qui te l'a envoyé. Sûrement une blague de merde d'un pote je suis désolé.

Je sentais dans son regard qu'il était sincère. La, cachés dans le couloir, sans personne pour nous voir, sa main tenant mon bras, je désirais qu'une chose, l'embrasser comme une folle. Mais une fois de plus, je n'en fis rien.

-Super la blague. En tout cas tu t'es bien amusé c'est cool.

Il esquissa un petit sourire. Il jubilait de me voir comme ça.

-Il y a rien entre elle et moi. On finit tôt aujourd'hui, viens chez moi m'aider pour le devoir d'histoire.

J'en mourrais d'envie. Je voulais aller chez lui, me retrouver avec lui ailleurs qu'au lycée. Je savais aussi ce qu'il pourrait se passer. Mais je n'avais pas la force d'encore refuser.

-Ok si tu veux.

J'aurais payé pour entendre ce qu'on pu dire les élèves dans le bus lorsqu'ils m'ont vu sortir au même arrêt qu'Alexis à la fin des cours. Pour la première fois de l'année, nous nous voyions en dehors des cours. Encore pour les devoirs certes, mais en dehors du lycée. Lorsqu'il ouvrit la porte de chez lui, une femme jaillit instantanément de la cuisine.

-Maman je pensais pas que tu serais déjà rentrée! Je te présente Mel, tu sais celle qui m'aide pour les cours, elle vient m'aider pour l'histoire.

Il avait donc parlé de moi à sa mère. J'étais catégorisée comme aide aux devoirs donc. Sympa.

-Oui la fameuse mel, bien sûr. Merci encore d'aider mon fils, vraiment c'est une chance de t'avoir.

Sa mère me plût immédiatement. Sous ses airs très superficiels avec son maquillage très foncé et ses vêtements très extravagants, je ressentais une profonde tendresse, un amour inconditionnel pour son fils.

Après les présentations, on monta dans la chambre d'Alexis. Elle était à son image. Simple, sans décorations, bien rangé.

-On s'installe à mon bureau ?

Il me regardait fixement. Étonnamment, je le sentais pas aussi à l'aise que d'habitude. Sa posture le trahissait. Il ne savait plus comment se tenir, quoi faire. Il fallait que je respire un bon coup moi aussi. Je pris place à côté de lui à son bureau et entamai l'introduction de notre commentaire en histoire.

La tension était palpable. Nos épaules se touchaient et mon cœur battait à 100 à l'heure. Il fallait que je comble ce silence.

-Je n'ai pas d'idée pour la problématique... tu en as une toi ?

Alexis marqua un temps de pause et lâcha un petit rire. Il regardait le sol, comme s'il songeait à ce qu'il devait faire. Il leva alors les yeux vers moi et d'un mouvement sec et précis, rapprocha ma chaise de la sienne. Nos visages étaient si proches l'un de l'autre que je sentais son souffle sur moi. J'étais coincée, incapable de bouger.

-J'ai bien une petite idée oui.

Alors doucement, il posa ses lèvres au coin de ma bouche. Je ne le pensais pas capable de tant de délicatesse. Puis, il passa sa main dans mes cheveux. Mes yeux se fermèrent, je ressentais tout à 1000%. Sa bouche vint se poser ensuite dans mon cou. Tout mon corps n'était que sensations, tout mes sens en éveil. À cet instant, il aurait pu faire ce qu'il voulait de moi.

-Tu m'as appris tellement de choses mel. Laisse moi t'apprendre ce que moi je sais.