Recueil de nouvelles

1-La créature de la boite à musique

-- Il y avait dans la paume de ma main une note de musique. Cette pauvre croche solitaire s'était perdue entre les lignes de la portée. Je la replaçais d'un geste lent et sortie un stylo. La plume glissa sur la page de la partition, jaunie par le passage des années. Maître des seuls mots que les instruments peuvent comprendre, je ternissais mes journées aux mêmes rituels. Le matin, je grimpais sur mon toit et tournais la manivelle à la force de mes petits bras.

Malgré le temps qui s'était écoulé, je n'avais pas changé. J'étais figée dans un corps impossible de mesure. Je ne sais pas ma hauteur, ni même mon poids. Mais je suis petit. Trop petit face à ma maison de fer. Comme je l'ai dit, rien n'a changé : J'ai toujours les mêmes mains, la même tête, la même posture, les mêmes cheveux, les mêmes pieds... etc. Alors que voilà déjà trop d'année que je suis vivant et automatisé.

Après la manivelle, un son mélodieux s'élevait dans les champs aux alentours. Puis le soleil commencé à se lever dans des éclats rose et jaune. J'entendais au loin les premières activités de la campagne. Je retournais ensuite chez moi pour composer de nouvelles résonnances. Que c'est apaisant, devez-vous vous dire. Ca l'était, au début.

Mais je n'en prend plus plaisir. Votre bonheur est créer chaque matin par une créature condamné pour le reste de sa vie à satisfaire la vôtre. Le chant des oiseaux, le claquement impatient des volets, le souffle du vent, le bruit des vagues, le crissement des portes en bois, le clapotis de la pluie sur les pavés, le moindre son du quotidien est orchestré par mes soins.

Comme je déteste cette musique. Le moindre son me dégoute à présent. Ces bruits incessants, qui m'emprisonnent dans cette boite à musique depuis tant d'année, m'ont fait perdre goût aux couleurs de la vie. Mais la vie est bruyante. Le simple fait de penser envoie du son dans nos têtes et me donne la migraine.

Alors il y a des jours où je rêve d'être comme vous. Quitté mon corps immonde, sortir de mon rôle d'être de son et de vibration, pour m'offrir vôtre vie paisible et différente.

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J'essaye de sortir une nouvelle par semaine !