10-Le soulier d'Azira Fell

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Le mariage de la fille de M.Fell semblait bien se dérouler.

Pourtant, la jeune Azira n'attendait que la fin de celui-ci. Elle avait été mariée très tôt, trop tôt, avec un fils de la haute société pour satisfaire la demande de son père et leur manque de moyen. Ces derniers avaient grimacé sous le coup de la facture de la cérémonie. 

Mais passons les démarches financières et les débats familiaux. 

La tradition du pays était que le couple marié ouvrait la danse sur une valse. En avançant face à son partenaire, Azira Fell, devenue Azira Viliane, eut l'impression d'être un saucisson dans sa robe. Sa tante avait tellement serré son corset qu'elle se demandait comment elle faisait encore pour respirer. 

Nils Viliane la prit par la hanche et croisa ses doigts dans les siens. Azira posa sa main libre sur l'épaule de son mari. Lorsque la musique commença, la jeune femme eut le temps d'apercevoir le regard sévère de son père. Elle devait faire la fierté de sa famille.

Après deux tours de parquet sur une valse entrainante, Azira sentit son pied s'échappé du talon. Puis ce qui devait arriver, arriva : La chaussure abandonna son pied pour se perdre dans la robe de la marié.

La jeune femme perdit l'équilibre. Heureusement, Nils resserra sa prise, l'empêchant de tomber et, par la même occasion, se ridiculiser.

Seulement, l'écart entre son pied gauche et son pied droit faisait de leur danse un massacre balançant. 

Les chuchotements parcoururent les invités. Azira n'osait regarder son père, qui lui jetait un regard furieux. Pour éviter la catastrophe totale, M.Fell invita les autres personnes présentes à rejoindre la valse. Même si certaines personnes continuées à les épier d'un regard hautain, les mariés se perdirent petit à petit dans la masse. 

La fille de M.Fell s'excusa auprès de son partenaire et partie retrouvé sa tante dans le couloir situé derrière la salle de bal. Mais avec sa démarche claudicante et son talon accroché dans ses jupons, on remarqua très vite sa fuite. Azira ne pouvait pas faire autrement : si elle voulait se penchait pour récupéré son talon, son corset craquerait.

Une fois seules dans le couloir, la tante de la jeune femme se pencha pour ramasser le soulier. Elle dit à sa filleule de vite retourner au cœur de la fête. Azira l'embrassa sur la joue et rejoignit Nils. Elle s'arma d'un sourire forcé pour ne pas passer pour une faiblarde. 

Mais en voyant son père, le visage rouge de colère, la jeune femme sentit que ses malheurs étaient loin d'avoir disparu. 

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