Chapitre 13

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J'étais de retour en position de combat, ma garde haute de nouveau infaible.
Mon regard était rivé sur la Nosferatis, face à moi, et tout le reste autour de nous semblait avoir disparu, m'isolant, moi et mon adversaire, dans une bulle hors du temps.
Elle esquissa un rictus suffisant, avant de croiser les bras devant sa poitrine, tout en continuant de me regarder de haut, sûre et certaine du fait que je ne faisais pas le poid face à elle.
Je ne me démontai pas pour autant; en un éclair, je fus à sa hauteur, épée brandie, et j'assenai un coup avec toute la puissance que j'avais.
Seulement, c'était sous-estimer la rapidité de cette femme, qui, à la dernière seconde, et en moins de temps qu'il n'en faut pour cligner des yeux, leva le bras droit et contra la lame de cristal avec ses griffes.
Cependant, elle semblait avoir elle aussi sous-estimé quelque chose, l'épée fut déviée de son chemin initial, il est vrai, mais au passage, elle trancha net les griffes aiguisées de la vampire, se qui me fit pousser un petit cri de surprise et de joie.
La Nosferatis écarquilla ses yeux charbonneux semblables à des billes, et fit un saut en arrière, pour se laisser le temps d'observer d'un oeil nouveau la situation; elle avait mal jugé son adversaire, se qui lui avait coûté cher.
Sa main saignait abondament, teintant les plumes de jais de son bras en pourpre, et sa nouvelle blessure la lancait teriblement, ce qui lui arracha un grondement, venu du plus profond de sa gorge.
Nous nous fixions désormais en chien de faïence, l'une attendant que l'autre attaque pour tenter d'abattre notre arme, pour moi; l'épée de cristal, pour elle; les griffes de son bras gauche.
Après ce qui me semblait une éternité, la Nosferatis finit par attaquer.
Mon premier réflexe fut de me protéger, et de lever l'épée pour bloquer son coup.
La violence de l'impact se réverbéra profondement dans tous mes os, et m'arracha une grimace; ma longue blessure au dos me faisait attrocement mal, et j'avais du mal a rester concentrée.
Profitant de ma distraction passagère, mon ennemie s'infiltra dans une des failles de ma garde, qui perdait son efficacité, et de ses griffes, me perfora l'épaule, se qui m'arracha un hurlement de douleur.
Dans un mouvement désespéré, j'assenai un coup droit devant moi, sans rien voir, car la douleur faisait remonter mes larmes, qui brouillaient ma vue.
Un petit cri de fit entendre; il semblerait que mon coup avait fait mouche.
Je sentis les griffes de la Nosferatis qui se retiraient violement de mon épaule.
La douleur qui suivit fut atroce, et un sanglot rauque passa mes lèvres.
Mon épée, que je tenais désespérément devant moi, faisant saillir les veines de mon avant-bras et blanchir la jointure de mes doigts.
Ma respiration était irrégulière et sifflante et mes poumons se contractaient régulièrement mais douloureusement; j'avais l'impression d'avoir la cage thoraxique en feu.
Je me fis violence pour rester debout et garder les yeux ouverts, ou tout simplement pour rester consciente, et je continuai de faire face a mon ennemie, qui me fixait, un air narquois sur le visage.
"-Tu me fais rire à te démener de la sorte ! Les humains sont décidément bien pitoyables..." Se moqua-t-elle de sa voix qui m'horripilait du plus haut point.
Je serrai les dents, encaissant l'insulte sans broncher, car je ne pouvais me permettre d'être distraite.
Un léger crissement se fit entendre, auquel la vampire ne prêta pas attention, mais qui me fit tourner légèrement la tête vers l'origine de se bruit.
Un petit sourire se forma sur mes lèvres quand je vis mon amie, Violet, à bonne distance de nous, l'objet que je lui avais remit tout à l'heure dans les mains.
Je fis semblant de vouloir dissimuler mon sourire, ce qui n'échappa pas a la Nosferatis, qui se retourna pour voir ce qui me faisait sourire.
Quand elle se tourna vers Violet, elle la toisa hautainement, avant de se décomposer quand elle vit que le petit miroir était en sa possession.
Mon amie le brandit devant elle, faisant apparaître le hideux visage de la créature, qui se refletta avec précision sur la surface de verre lisse.
La femme hurla à la mort, tout en portant ses bras à son visage pour le cacher derriere les plumes ébènes qui les recouvraient.
Profitant de cette diversion plus que bienvenue, je m'approchai en titubant de mon ennemie, trop occupée à essayer de se dérober à la vue de son reflet pour se préoccuper de moi, et, rassemblant mes dernières forces, je lui transperçais le coeur avec la pointe de cristal de l'épée.

Environ 782 mots.

Le chateau dans la foretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant