Chapitre 5 - La chaîne alimentaire

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La jeune femme resta silencieuse devant l'immense bâtiment qui jaillissait du ventre de la terre. Sa voix s'était dérobée devant la profusion de richesses qu'elle devinait se trouver derrière l'immense porte toute d'or vêtue.

Un sourire amusé étira ses lèvres.

— Ça paie bien d'être mage expérimenté de la guilde favorite du royaume, fit-elle remarquer.

— Pas à ce point là, rétorqua Sting. C'est le commanditaire qui a fait le choix pour nous, et qui paie. Ça arrive souvent dans ce genre de mission, il y a très peu de mages qui se déplaceraient pour risquer leur vie si la paie n'en valait pas la peine.

— Je risquerai ma vie tous les jours si je pouvais dormir dans des draps en soie !

Sans attendre une seconde de plus, Faye poussa la porte lourde de faste pour dévoiler l'exubérance de fortune.

Désormais habitué à ce genre de lieux, Sting la suivait silencieusement, amusé de voir l'enthousiasme avec lequel elle découvrit la salle de réception, enthousiasme comparable à celui dont il avait fait preuve la première fois, aux côtés de Rogue et des exceeds.

Ses yeux verts s'étaient mis à briller, bien plus que l'or des moulures. Il la vit s'extasier, vêtir son visage d'un grand sourire. Cet air émerveillé lui allait à ravir. Pour la première fois, elle se laissait divertir, et Sting ne put s'empêcher de s'attendrir. Sans pourtant oublier la raison de sa présence, il ne la perdit pas du regard, comme envoûté.

Cette fois-ci, personne ne fit de remarques quant au tigre qui talonnait la rousse. Le client était roi.

Pour autant, elle ne passa pas inaperçue, son comportement traduisant inévitablement sa différence.
Pour cause, dès qu'ils s'étaient avancés, la curiosité de Faye n'avait pas manqué d'attirer quelques regards hautains. Elle se laissait si rarement profiter des plaisirs humains, et les voilà qui la pointaient du doigt, moqueurs, méchants.

Sting connaissait bien ces rires-là. Il les avait subis, et Lector à son tour. Ils étaient la raison de sa promesse, la raison pour laquelle il se devait de devenir toujours plus fort.

Alors quand Sting vit les cruels personnages que l'argent étouffait la pointer du doigt, son poing se serra.
Le mage blanc avait trouvé de l'amusement à la regarder s'extasier sur chaque objet inutile, et aurait eu horreur qu'on interrompe ce spectacle.

Il sentait le mépris le posséder, il repensa au sadisme humain qui se joue des plus faibles, aux larmes qu'avait eu à verser son exceed. Ils s'en prenaient maintenant à Faye.

Ah ! Ces grands hommes que le portefeuille rend puissants, ils la croyaient faible, et ce qu'ils croient faibles, ils moquent. Ne voyaient-ils donc pas qu'il n'y avait plus grande fortune que le sourire de Faye tant il était rare ?

Sting serra les dents. L'adrénaline lui montait au cœur. Il sentait son poing se tendre et la magie s'y concentrer. Il perdait contrôle.

Faye agrippa soudain le poignet du mage blanc, le tirant de ses songes. La main de Sting se détendit alors, il reprit son calme, mais sans qu'il ne sache pourquoi, son cœur se mit à battre plus vite encore. Sous son toucher délicat, il sentit sa peau brûler, sa respiration s'emballer.

— Sting, viens voir, il y a un concours de poker !

Elle le traina jusque dans le salon où les serveurs distribuaient vin, hors-d'oeuvres et autres prétentions.

Sting Eucliffe x OC : Obsessions discordantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant