[ „1" ] IGEON

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IGEON
イゲオン

„ 𝚂𝚘𝚛𝚝𝚒𝚛 𝚍𝚎 𝚙𝚛𝚒𝚜𝚘𝚗,
𝚌'𝚎𝚜𝚝 𝚎̂𝚝𝚛𝚎 𝚛𝚊𝚖𝚎𝚗𝚎́ 𝚊̀ 𝚕𝚊 𝚟𝚒𝚎 "

Tokyo, Japon.
Centre de détention, mars 2000


Malgré mon retour des douches il y a une heure, mon uniforme standard est encore humide à certains endroits. Pour recouvrer la sensation de sécheresse, il faudrait profiter des promenades en captant les rayons du soleil ou simplement l'air frais.

C'est là que réside le luxe de la vie carcérale : les moments de liberté éphémère sous le soleil.

Chose dont j'en suis privé désormais. Cela fait deux semaines que je poireaute dans cette cellule d'attente depuis mon retour devant la juge. Jusqu'à ma libération, je suis contraint à une réclusion stricte, privé de toute sortie pour éviter tout conflit avec les autres détenues.

Néanmoins, je trouve un certain réconfort à être confiné derrière ces grilles amovibles, car il gèle dehors, au point de sentir ses poils du nez tout rigides.

Dans ma vision marginale, le mur à ma gauche est une fresque de décrépitude, recouvert de crasse et de moisissures. Une simple erreur de ma part en glissant ma main sous le lit pourrait aboutir à la découverte désagréable d'une substance non-identifiable, qu'il s'agisse de sperme séché ou de morve.

L'ordre est une notion étrangère dans cet endroit.

Mais, c'est un concept que je n'ai pas non plus adopté ; il s'est effacé depuis maints cycles de mon vocabulaire.

Ponctué par les courants d'air qui voltigent, le frottement d'un sac poubelle résonne depuis mon lit, où il est sur le point de répandre son contenu. À l'intérieur, ne gisent que quelques sous-vêtements, une brosse à dents et des correspondances.

Je n'ai jamais daigné les ouvrir.

Il est devenu rare que je prenne le temps de lire le nom du destinataire. Je demeure incertain s'il s'agit d'une unique personne ou de multiples destinataires différents.

Pour être honnête, les missives me laissent gravement indifférent depuis la réception de celle de ma mère pour la première fois.

Les paroles qui me sont destinées venant d'elle sont des préoccupations futiles, des ragots sans conséquences ou des racontars. Même l'encre et la texture du papier semblent saturées de mensonges, alors je méprise grandement ses lettres. Mais, je dois avouer qu'elles m'offrent par moments l'occasion de garnir mon oreiller. Déchirées en d'innombrables confettis, elles rappellent la légèreté des plumes.

À l'extérieur, le vent continue de venter et le climat polaire me pénètre jusqu'aux os. Je croise les bras dans un grognement. Cette sensation infernale ne fait que gonfler ma vessie de pisse. Pour arranger les choses avec ironie, les toilettes de la cellule sont bouchées par la merde de mon codétenu.

Trouvant le temps dreadablement long et merdeux au sens propre, je m'étends sur le simulacre qui me sert de matelas, laissant mes paupières se clore. Cependant, les susurres d'une page de magazine, suivie de légers gémissements du lit situé au-dessus, détache l'ennui carcéral. La récurrence me fait grincer des dents et me pousse à y flanquer un coup de pied.

Après quelques battements de cœur, et une respiration saccadée qui se libère, j'entends le magazine se refermer, avant d'être jeté sans vergogne sur mon visage.

Un laps de temps s'écoule, durant lequel je demeure statufié.

-    La page douze, c'est le summum, ponctue grossièrement la voix du détenu partageant ma cellule.

FOOLSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant