9. Shall We Dance ?

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La chambre est sens dessus dessous. Ça fait une heure qu'elle est sortie de la douche et qu'elle essaie tout ce qu'il y a dans son armoire, rien n'y fait. La seule chose qui change est le bordel grandissant. Elle fait abstraction du rangement qu'elle devra faire pour pouvoir dormir dans son lit. Avec un soupir elle passe ses mains sur la jupe de sa robe et se place devant le miroir. 

Elle est... mignonne.

Objectivement, elle est mignonne. La robe la tient bien au torse, ses épaules trop larges semblent fondre sous le vêtement, et la jupe est évasée. Quand elle tourne le tissu flotte comme une ondulation au milieu de l'océan. La couleur lavande ressort beaucoup contre son teint, et c'est ça qui fait qu'elle est mignonne. Sauf que Fanny ne veut pas être mignonne ce soir. Elle veut se sentir bien, se sentir forte, et se sentir éblouissante. 

À demi exaspérée elle attrape le bas de la robe et tire vers le haut. Dans le miroir, c'est une femme fatiguée anxieuse qui la regarde. Elle est étrangement empathique, comme si elle s'excusait de lui rendre la tâche si difficile. Elle hausse les épaules à l'attention de son reflet, l'air de dire « j'ai l'habitude t'en fais pas, c'est un de ces jours ».

La montagne de vêtements sur son lit est terrifiante, encore plus quand elle remarque qu'il est l'heure de partir et qu'elle est toujours en sous-vêtements dans sa chambre. Fanny passe une main sur son visage, plus pour le geste que pour vraiment essuyer son humeur, si elle appuie trop, son maquillage va être ruiné. 

En parlant de ça, elle se penche devant le miroir, toute son attention sur ses yeux, ses joues et ses lèvres. Non, elle est belle, et là aussi elle est objective. Alors qu'est-ce qui ne va pas ?

Elle a besoin de se mettre en mouvement. Téléphone en main, elle met une playlist un peu joyeuse en espérant que ça fasse l'affaire. Son armoire est presque vide, il y reste deux robes qu'elle n'osera pas mettre devant Tommy pour l'instant, une jupe qu'elle aurait dû donner il y a trois ans et un pantalon qu'elle n'aurait jamais dû acheté. Ses yeux glissent vers la pile sur son lit, une couleur foncée captant son intérêt. Pour vérifier elle revient au miroir, et oui c'est la bonne couleur.

Elle attrape la combinaison pourpre et la remet. Quand elle l'a essayée il y a trente minutes, elle l'a trouvée trop... juste trop. Mais maintenant, elle semble être son dernier espoir. Il y a un pantalon, donc elle pourra danser tranquillement. Les bretelles sont voilées et camoufleront ses épaules sans lui tenir chaud. Dans le dos ça fait corset, donc ça restera en place en affinant sa taille. Oui, parfait. Elle agrémente d'une ceinture similicuir noire. Sa fidèle obsidienne pend sur une chaîne en argent autour de son cou, elle ajoute des paillettes sur la peau autour. Voilà. 

Maintenant, elle se sent bien. Pas mignonne. Pas particulièrement à tomber par terre. Elle se sent bien, confortable, et plus jolie qu'on mérite de la voir. Parfait.

On toque à sa porte, elle trébuche jusqu'à l'entrée en enfilant ses baskets blanches. Le judas, contre toute attente, révèle Tommy.

Elle ouvre en fronçant les sourcils.

— On devait pas se retrouver là-bas ?

Iel croise son regard, puis descend son attention à son cou, ses épaules, son collier, son décolleté, sa taille, le long de ses jambes et revient à ses yeux. Iel se mord la joue pour ne pas sourire trop fort, elle a envie de rire. Tommy se calme assez pour montrer ce qu'iel cachait dans son dos. Un bouquet d'anémones pourpres et violettes. 

— C'est un rendez-vous galant, je voulais passer te prendre.

La chaleur monte aux joues de Fanny qui accepte les fleurs avec un grand sourire. Elle l'invite à entrer pour qu'iel attende confortablement. Elle mets le bouquet dans de l'eau, baisse la tête pour embrasser la joue de son rencard en murmurant son remerciement.

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