Chapitre 2 : Bienvenue à Astranar

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Un ricanement s'éleva à ma droite, et au vu de l'expression du vampire aux cheveux blancs je pouvais discerner une certaine inquiétude. Toutefois, cette tension ne perdura qu'une seconde, car il reprit rapidement son attitude décontractée mais élégante. Klyn retourna s'asseoir en face de moi et se contenta de faire disparaître la blessure sur sa joue d'un geste calme en passant son index dessus. Je le regardai faire, perplexe.

-       Nyala, nous vous expliquerons tout ce dont vous devez savoir si vous vous rasseyez, déclara le vampire qui semblait être le chef.

À contrecœur, je décidai de m'asseoir. Je voulais garder le bistouri en main mais on me demanda de le jeter à la mer, affirmant qu'il me serait de toute façon inutile contre eux. Après un énième échange animé, Vlad, celui aux cheveux blancs se présenta ainsi que ses compagnons. Je réalisais alors que l'individu à ma droite qui ricanait incessamment se nommait Devin et qu'il était préférable de ne pas lui accorder d'importance car sa personnalité un peu trop extravertie le poussait toujours à chercher les problèmes. Ce constat a d'ailleurs provoqué chez lui un certain agacement, puisqu'il a tenté de le nier mais en vain.

Selon Vlad, une guerre imminente menace à Astranar, opposant les différents clans vampiriques au reste du Nord du continent en raison du manque de ressources. En temps normal, rien de tout cela ne se serait produit si Sarazan avait maintenu les vampires dans son propre continent. Cependant, en les obligeant à aller à Astranar, ils ont déséquilibré les ressources des autres factions, qui cherchent maintenant à les éliminer pour retrouver cet équilibre. J'ai eu du mal à accepter la raison du manque de ressources, tout simplement parce qu'il est plus facile de blâmer l'ennemi que nous-mêmes, d'autant plus qu'on m'a kidnappée pour une guerre qui ne me concerne en rien, ce qui en dit long sur leur façon de voir les choses.

Vlad continua son récit en affirmant que j'étais la seule à pouvoir guérir de tous les continents, et dans le cadre d'une guerre, je leur suis indispensable. Toutefois, je gardais en tête que Klyn avait refermé sa blessure tout seul. Face à mon expression dubitative, il me demanda s'ils oseraient vraiment rompre un traité aussi crucial avec Sarazan pour une simple querelle de ressources. Cette réflexion me fit réfléchir. 

Après tout, qu'avais-je réellement à Lenaris ? Ma famille m'avait tourné le dos depuis longtemps, alors que je les aime plus que tout. Cela fait 10 ans que je traîne dans mon ancien cabinet sans but particulier dans la vie. Je me contente de survivre, peut-être qu'à Astranar j'aurai une nouvelle vie ? Mais est-ce qu'aller chez l'ennemi est la meilleure solution pour autant ? La pensée de quitter tout ce que je connais pour un avenir incertain me plonge dans une confusion totale. D'un côté, il y a cette opportunité de changement, de l'autre, la peur de trahir mes origines et mes convictions. Je suis déchirée entre le désir d'échapper à la monotonie de ma vie actuelle et le sentiment de loyauté envers mes racines. Est-ce que je suis prête à risquer le confort relatif que j'ai pour l'inconnu et l'ennemi, même s'il promet une existence plus significative ? 

Les explications de Vlad ont rythmé notre trajet, et la nuit était déjà tombée lorsque j'ai découvert que notre prochaine étape était le port d'Oceanspire, où nous retrouverions leurs montures ailées pour rejoindre Astranar. Étant loin de Lenaris, je n'avais pas osé mentionner que j'avais restreint l'usage de mes pouvoirs, craignant qu'ils ne me précipitent à la mer, d'autant plus que je ne savais pas nager.

La barque était loin d'être confortable, et le trajet jusqu'à Oceanspire était excessivement long, deux jours pour être précise. Par crainte d'un éventuel empoisonnement, je refusais obstinément toute nourriture que Vlad me proposait. Ma tête pulsait de douleur, et maintenir mes yeux ouverts devenait une lutte, mais je persistais à ne pas les fermer. De temps à autre, je percevais les yeux verts de Klyn qui se trouvait en face de moi, me dévisager discrètement d'un œil curieux. Je lui rendis son regard, jusqu'à ce qu'il abandonne et se tourne vers l'horizon d'un air blasé. Devin parla toute la nuit, comme si son énergie était illimitée, contribuant ainsi à mon mal de crâne.

The Sound of BloodOù les histoires vivent. Découvrez maintenant