L'Élu

L'instinct

— Bonne soirée Elise ! me disent mes collègues de travail en me voyant partir.

Je leur réponds d'un signe de la main, je n'ai plus la force de parler ce soir.
Je me dirige la tête baissée vers les vestiaires pour pouvoir enlever cette tenue d'hôpital, beaucoup trop large, et pour enfin être confortable dans mes vêtements.
Je me change en vitesse et me dirige vers ma voiture. Une fois dedans, je m'effondre en larmes au point de ne plus pouvoir respirer.
Cette journée a été une des plus longue et dure de ma vie. Hier soir, j'ai mis fin à la relation avec mon premier et unique amour. Depuis deux ans de va et vient de sa part, j'ai préféré en rester là, plutôt que souffrir encore de son absence récurrente.
Cela a été une des plus dure décision à prendre dans ma vie, mais malgré que je l'aime encore, j'ai préféré choisir mon bonheur et surtout ma santé mentale.
Bref, je ne laisserai plus jamais l'occasion à un garçon de me briser le cœur.

Après avoir pleuré une bonne vingtaine de minutes dans ma voiture, je me suis dirigée chez mes parents où j'habite encore. A 22 ans, ils ne veulent toujours pas couper le cordon et j'avoue que cela ne me dérange pas non plus. Après, je peux comprendre qu'ils aient du mal à me voir partir car ils ont mis plus de six ans à m'avoir et grâce a une fécondation in vitro qui était à la base, la dernière et vouée à l'échec. Mais bon, la médecine peut toujours se tromper, la preuve, je suis là, à pleurer pour une personne qui n'en vaut même pas la peine...

Après ce petit moment d'émotion, je me rends compte qu'il est bientôt dix-neuf heures et qu'il faut que je rentre pour manger.
Sur le trajet comme d'habitude, je mets de la musique avec mon téléphone et je chante à m'en casser la voix.
Arrivée chez moi, je prends une grande inspiration et je me regarde vite fait dans le rétroviseur pour savoir si ça se voit que j'ai pleuré et biensur, la réponse est oui ! Dès que je pleure, je me retrouve avec des grosses plaques sur le front donc je vais prendre un peu l'air en attendant que celles-ci veillent bien s'atténuer.

Ma maison se situant dans un cul de sac avec un espace vert en pente et des terrains de tennis dessus, j'ai pris l'habitude depuis petite, d'aller mis assoir pour passer le temps.
Comme d'habitude, je me mets sur le banc et j'observe le parking en espérant y voir des voitures sportives, mais bon dans mon village de campagnard, il y en a pas beaucoup.

Je me consacre donc à répondre à quelques messages quand me parvient un grondement de voiture.
Je lève donc vite la tête à la recherche de ce qui est à l'origine du bruit, et une joie immense m'anime lorsque j'aperçois au loin, une grosse Mercedes Classe G.
Je ne pensais jamais en voir une dans ma vie donc toute contente j'attends qu'elle passe devant le terrain, mais elle tourne pour ce mettre sur le parking.
Plus elle s'approche de moi et plus mon cœur se met à battre vite, comme s'il me criait de la fuir.
Donc sans perdre de temps, je me lève, le plus tranquillement possible pour pouvoir rentrer avant qu'elle soit garée.

Après avoir passé la soirée avec mes parents, je décide d'aller me coucher pour pouvoir me remettre au mieux de cette journée.

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Depuis la rupture, j'ai l'impression que deux mois ce sont écoulés alors que cela ne fait que trois jours. Je suis là, à me rappeler pourquoi j'y ai mis fin, et pourquoi je ne dois pas y retourner.
Par moment, quand je suis au travail, je me perds dans mes pensées. Je me rappelle les bons moments qu'on a passé ensemble.

- Élise ! me dit Carole en me sortant de mes pensées.

- Pardon, j'étais ailleurs... Tu me disais ?

- Tu peux me faire l'ip s'il-te-plaît ?

- Ah oui j'avais pas vu, désolé.

Je suis manipulatrice radio et je travaille en radiothérapie, je traite les personnes atteintes de cancer grâce aux rayons.
Pour faire les traitements, on doit réaliser des images de contrôle, qu'on appelle les ips ou les CBCT.
On doit toujours travailler en binôme et dans mon service, il y a deux machines de traitement donc on est toujours quatre à être ensemble.