Rien ne vaut de la viande, parole de Dragonne

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Date d'écriture :

- début d'écriture :
15 février 2024, 02h20

- fin d'écriture :
16 février 2024, 4h40

Perspective :
1ère Personne du singulier

Statut : [Fini]

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Je suis assise au milieu de la forêt, au sommet de la corniche que j'ai montée il y a peu, pensive.

Alentours, hormis le vague bruit des hautes feuilles traversées par quelques courants d'air, il n'y a rien. Seule moi et mes propres réflexions.

Je doute que beaucoup de personnes n'aient une existence similaire à la mienne.

Et même dans l'éventualité où cela serait le cas, combien parmi elles se trouvent très exactement devant le choix qui s'offre à moi ?

Celle d'être face à deux corps, sans vie, face à la question de ce qu'il convient d'en faire.

En toute franchise, je n'ai pas moi-même la réponse à cette question. Tout ce que je sais, c'est qu'il serait du gâchis de les laisser ici, tel quel.

"Mais qu'est-ce que je raconte ?! Est-ce que je suis vraiment en train d'envisager de les..."

Je suis prise d'un vertige.

La pensée qui vient de me traverser me paraît aberrante : considérer me nourrir de ces cadavres ? Sérieusement ?

Les deux êtres décédés sont derrière moi attendent leur sort, quelle qu'il soit.

Je déglutis.

Je ne comprends vraiment pas les sentiments qui me traversent. Comme si il y avait des sortes d'injonctions parasites qui tentent de m'influencer.

"C'est parce que je suis une dragonne ? Une sorte d'instinct ?"

Cette possibilité m'effraie un peu. J'essaie de ne plus y penser et lève plutôt le regard vers la canopée.

Je n'ai pas toute la journée. La lumière commence à faiblir. Signe que le soleil a dû entamer sa descente depuis un moment.

Je me claque les joues pour me remettre les idées en place et prendre une décision.

Je me relève enfin, un peu plus calme et raisonnée que je ne l'étais, et me dirige vers le bord de la corniche.

"Hmmmm, je n'y arriverais pas. Sont trop lourds, je pense."

Je fais demi-tour et me rapproche des deux cadavres.

Celui du dragon doit faire au moins six fois ma longueur, de mon crâne à la pointe de ma queue.

Celui du serpent, je n'arrive même pas à l'estimer. Sa gueule, ouverte autant que possible, pourrait me contenir.

J'ai un frisson face à cette possibilité. J'ai eu de la chance qu'il ne m'ait pas avalée rond quand j'étais encore un œuf.

A nouveau, je pose ma paume contre la carcasse de mon parent.

"Désolée, je ne pense pas pouvoir t'offrir une sépulture. Mais je reviendrais te voir demain. Promis."

Je m'éloigne et prends le chemin pour retourner chez moi.

Au final, je n'ai que peu découvert la zone, ayant surtout fait un simple cercle. Il faudra que je corrige cela.

Une vie de Dragonne. Partie 1 : Oeuf, Kangourou et Potentiel.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant