Rob Lucci x Reader

Chapitre 2 : Une commande

PDV LUCCI

Mes yeux parcouraient l'ensemble de la petite bicoque. Il ne m'a fallu que d'une poignée de secondes afin de réaliser l'ampleur des dégats et de dire qu'il était bel et bien impossible de réparer quoi que ce soit sur le bateau de cette femme. Néanmoins, je me surpris à vouloir tout de même essayer de sauver les meubles, ne serait-ce que par utilité de pouvoir récuperer des planches encore valides pour d'éventuels futurs travaux. Je sortis mon marteau de ma ceinture à outils et commença à marteler régulièrement la coque, tentant d'enfoncer ou retirer des clous. Parfois, je jetais un coup d'oeil rapide derrière mon épaule pour voir ce que ma cliente faisait en attendant. Au début, elle me suivait et regardait mon travail. Mais maintenant elle était assise sur un rocher, le regard perdu dans l'horizon bleuté de l'océan. Voyant qu'elle ne faisait rien de particulier, je me remis à ma tâche, en étant toujours sur mes gardes vis-à-vis d'elle. Un sentiment commença à prendre forme au fond de moi, que je ne savais pas identifier. On aurait dit... de la méfiance mais avec un soupçon de reconnaissance. Cette femme était différente.

PVD T/P

Une ou deux heures ont du passer depuis que le charpentier avait commencé son travail. Toujours perdue dans mes pensées, je ne l'entendis pas s'approcher de moi. Ce n'est que quand son pigeon prit la parole que je réalisait qu'il était juste à côté de l'endroit où je me trouvais :
-"Tu avais raison Rou Rou ! Ton petit bateau n'est clairement pas en état de repartir. Viens, rentrons à la Galley-La et là-bas tu pourras choisir une nouvelle embarcation Rou Rou !"
Un peu déçue mais pas surprise, je hochais la tête sans rien dire et cette fois, c'était moi qui suivis Lucci jusqu'au dock 1. Cependant, cette fois pendant le trajet, le pigeon de Lucci se retourna vers moi et commença à me parler :
-"Dis voir, d'où est-ce que tu viens ?"
-"Mhm, d'assez loin." lui répondis-je. Je préfère rester discrète sur mes origines. Bien qu'il n'y ait rien de particulier, Lucci me mettait toujours mal à l'aise et je n'avais pas envie de m'épancher sur ma vie devant lui. Même si cela me surpris un peu qu'il commença une discussion, aussi bateau soit-elle.
Je continuai cependant de parloter avec lui : "Dis... Pourquoi est-ce que c'est toi qui parles petit pigeon ? Ton maître est muet ?"
-"Rou Rou ! Lucci est toujours comme ça. Tu ne verras pas sa bouche s'ouvrir de sitôt !"
Je restai silencieuse pendant un court instant, réfléchissant à cette manière de me parler.
Puis je repris : "Tu es ventriloque ?"
Le pigeon ne répondit rien. Il se retourna du côté de son maître, me signifiant que la conversation était terminée.
Nous marchâmes dans les rues qui étaient plus bondées que lorsque nous y sommes passées la première fois. Sentant que Lucci ne voulait plus parler, je me mis à observer le paysage. Cette ville était vraiment étrange et superbe à la fois. Encore une fois perdue dans mes pensées, je heurtai quelqu'un qui était juste devant moi. Je reculai de quelques pas, voyant que j'étais rentrée dans Lucci qui s'était arrêté net.
-"Désolée..." m'excusais-je.
Lucci fixa un point au loin et au moment où j'allais regarder dans la même direction, il tourna ses yeux vers moi et s'avança d'un pas. Bon dieu, comparé à moi, il était vraiment très grand. Ma tête arrivait à peine au niveau du haut de son torse.
-"Tu veux quelque chose ? Je me suis déjà excusée."
Il resta silencieux, ce qui me mis bien évidemment mal à l'aise.
-"Lucci ?"
Il cligna des yeux à plusieurs reprises avant de laisser son pigeon parler : "Non rien, Rou Rou !"
Sur ce, il se remit à marcher, plus vite et je dus presque courir afin de rester à ses côtés. Ok, cet échange était vraiment bizarre.

Une fois revenus à la Galley-La, je restai auprès de Lucci, qui m'amena vers un énorme hangar sur le côté. Nous entrâmes par la grande porte et Lucci m'amena à un petit bureau recouvert de papiers et de plans. D'un gest ample, il envoya le tout par terre et ressortit d'un meuble à côté une grande feuile vierge et un crayon. Il s'installa sur la chaise et mis sa main tenant le crayon en suspent au-dessus de la feuille. Il patienta quelques secondes avant que le pigeon ne s'exprime à sa place :
-"Alors, t'attends quoi pour me dire ce que tu veux comme nouveau navire ? Rou Rou !"
Surpise, je répliquai : "Oh, tu vas dessiner toi-même les plans ?"
Cette fois, c'est Lucci qui se tourna vers moi et me fixa, une pointe de colère brillait au fond de ses pupilles noires. Je soupirai : "Ok ok c'est bon, désolée je voulais pas te vexer. Je suis juste surprise que ça soit toi qui t'en occupes."
J'eus comme seule réponse un soupir. Il se retourna vers le bureau et je me plaçais à ses côtés pour lui décrire le navire que je voulais. Nous passâmes ainsi deux bonnes heures à dessiner, prendre des décisions etc... en nous basant sur mes capacités financières et mes préférences. Parfois, je me penchais par dessus son épaule en me mettant sur la pointe des pieds (car il était très grand, même assis), mes cheveux frolèrent souvent ses épaules voire même sa joue. Cette proximité ne me gênait pas, et Lucci avait l'air de n'en avoir cure.