Chapitre 2

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Il se passa du temps avant que je me décide à aller boire. Les lavabos étaient situés à l'autre bout de l'étage. Il ne m'était jamais arrivé en cours d'année de me balader la nuit dans les couloirs. Nous n'en n'avions pas l'interdiction formelle mais je n'en avais jamais ressenti le besoin, ni pour aller boire, ni pour aller pisser. À vrai dire je ne savais pas trop ce que stipulait le règlement à ce sujet mais tant pis, les circonstances étaient exceptionnelles et un règlement est fait pour être contourné. Depuis le départ de nos camarades il semblait être moins sévèrement appliqué ce qui me donnait une envie nouvelle, étonnante chez moi, de braver les règles. Je m'assis sur mon lit et recherchai des yeux mon caleçon. Malgré la lumière de la lune je ne le trouvais pas immédiatement. Un frisson me parcouru la colonne vertébrale en pensant que je pourrais aller nu jusqu'aux lavabos. L'idée grandit et m'obséda tellement que j'avançai précautionneusement jusqu'à la porte du couloir sans toutefois arriver à franchir le seuil. Il était plongé dans le silence et éclairé seulement de loin en loin par un vasistas. Mon indécision fut de courte durée. Pour sûr, j'allai braver les règles ! Elles n'avaient pas besoin d'être écrites pour interdire de se promener sans strictement rien sur soi et avec la queue dressée de surcroît !

Mes premiers pas furent hésitants, j'avais du mal à m'éloigner de la porte de ma chambre et à chaque mètre parcouru il se faisait comme un creux plus important dans mon ventre. Le vieux parquet était doux sous mes pieds et de ne pas avoir mis mes savates renforçait la sensation de totale nudité. Le cœur battant je progressais dans le corridor en jetant au passage un coup d'œil dans chaque chambre ouverte où des corps indistincts, souvent peu couverts, dormaient d'un profond sommeil. Je tirais maintenant une sorte de vanité à être éveillé et nu dans ce couloir alors qu'ils dormaient tous comme des enfants sages. La porte de la chambre du surveillant était fermée et les ronflements sonores qui la traversaient eurent raison de mes dernières craintes. J'arrivai au bout du couloir. Sur ma gauche l'escalier plongeait dans le noir vers les paliers inférieurs et en face se trouvaient les sanitaires privés des élèves de terminale. J'étais à deux pas de mon but, mais cette trop courte promenade m'avait donné l'envie de la prolonger. Plus je m'éloignais de ma chambre, de mon caleçon ou du couvert rassurant de mes draps, plus le plaisir de la nudité était fort et plus j'étais la proie d'une sourde exaltation. Ce gouffre sombre m'attirait irrémédiablement.

Un nouveau but s'imposa à moi : aller boire et me rafraîchir dans la grande salle de douches du rez-de-chaussée. C'était une expédition bien aventureuse, même en cette période de vacances. Il me faudrait descendre deux étages, traverser le hall d'entrée et multiplier les risques de croiser quelqu'un. Le préfet pouvait faire une ronde ou un autre pensionnaire pouvait avoir eu la même idée que moi. Pourtant je me devais de mettre cette idée folle en pratique ! Je m'engageai en tremblant presque dans l'escalier. Je descendis chaque marche précautionneusement, sursautant quand elle craquait, le souffle court et une délicieuse angoisse me nouant le ventre. Moi, l'élève vertueux qui pas une seule fois n'avait enfreint la discipline en cours d'année, je me payais l'audace de partir entièrement nu explorer le pensionnat. C'était proprement effrayant pour quelqu'un d'aussi craintif que moi et donc tout à fait excitant. La peur de me faire surprendre dans cette tenue était amplement compensée par toutes les sensations nouvelles que me procurait ma nudité. J'étais poussé je le savais par ma sexualité refoulée tout au long de l'année mais qu'importe, il faut parfois savoir faire taire sa raison et se laisser entraîner par ses pulsions ! Puisque je n'avais pas eu le courage de faire des avances à un camarade, au moins découvrais-je ce plaisir étrange et solitaire de me balader à poil et sans rien sous la main pour me couvrir en cas d'alerte dans mon collège endormi.

La température était moins étouffante à l'étage inférieur et presque agréable au rez-de chaussée. Avant même d'avoir atteint le hall d'entrée je m'étais fixé un nouveau challenge, celui de me doucher et me branler dans ces sanitaires qui avaient été pour moi un lieu de fantasmes à chaque fois déçus. Prendre une douche au cœur de la nuit m'apparaissait comme l'acte de libération le plus adapté pour marquer ma révolte nouvelle aux conventions qui m'étouffaient chaque jour. Fallait-il que je sois sot et bien conformiste pour considérer cette promenade nudiste et cette douche à une heure du matin comme des actes extraordinaires susceptibles de faire de moi un rebelle ! Le couloir qui menait vers les douches était comme un trou béant d'un noir profond et je dus faire appel à ma mémoire des lieux plutôt qu'à ma vue pour l'emprunter. Enfin, je débouchais dans la vaste salle où régnait un silence de cathédrale troublé régulièrement par le ploc sonore d'une goutte tombant sur le sol carrelé. La pièce était faiblement éclairée par une série de fenêtres situées au ras du haut plafond. Il y faisait juste assez clair pour distinguer, après l'espace entouré de lavabos, les deux allées donnant accès aux cabines formées par trois cloisons et fermées par un rideaux opaque de plastique épais. J'avais été satisfait les premiers temps de mon arrivée que ce ne fût plus une grande douche collective comme au temps de mon oncle mais, mes attirances sexuelles se précisant au fil des semaines en même temps que les exigences de ma libido, je regrettais maintenant que des séparations aient été posées à la demande de parents d'élèves pour ménager la pudeur des pensionnaires. Quel dommage que nous n'ayons plus eu l'obligation d'être tous nus ensemble dans cette vaste pièce, combien de jetons aurais-je pu prendre, quitte à me faire mater en retour ! Ma promenade inquiète dans les escaliers m'avait suffisamment échauffé pour que mon érection se maintienne. Je me sentais curieusement en grande sécurité dans cette salle en cul-de-sac et je fis un tour complet des deux couloirs, précédé de ma verge dressée. Je la poussais en avant comme un trophée, me la branlant doucement du bout des doigts. Je me fantasmais déambulant ainsi au milieu d'une double haie d'élèves se douchant les rideaux ouverts pour s'exhiber à leur vis-à-vis et me détaillant des pieds à la tête au passage. J'avais parfois aperçu, lors d'une recherche de cabine libre, des parties de corps dévêtues par l'interstice d'un rideau mal tiré, jeté un bref coup d'œil sur la courbe d'une fesse ou — Oh miracle ! — un sexe au repos sans m'imaginer que cela puisse être une négligence volontaire de la part de l'occupant de la cabine. Ce genre de bonne surprise était toutefois assez rare car l'ambiance générale pendant nos toilettes était à la pruderie et à la réserve. Il m'arrivait pourtant de tenter le destin — et de plus en plus fréquemment depuis les deux derniers mois — en laissant sciemment un entrebâillement coupable quand je tirai le rideau dans l'espoir d'attirer un regard. J'entrais finalement dans une cabine vers le fond de la pièce sans refermer le rideau. L'eau froide qui tomba sur mes épaules me saisit et me fit brièvement suffoquer puis je m'abandonnais au plaisir exquis de sentir ma température s'abaisser. La tête renversée en arrière je me rinçais la bouche et avalais des gorgées bienfaisantes. Je coupais l'eau et commençais à me masturber sérieusement. Dans le silence revenu il me sembla alors entendre des chuchotements venus de l'entrée. Je me figeai.

— Il est par ici je te dis... où veux-tu qu'il soit allé, crus-je distinguer. Il ne peut pas être sorti à poil !

Quelqu'un me cherchait ! Je me sentis ridicule avec ma queue dressée et le courage m'abandonna à l'idée de me faire surprendre en train de me branler. Il était trop tard pour refermer le rideau sans faire tinter les anneaux métalliques et dévoiler ma position. Je me retins de m'accroupir dans un coin de la cabine pour tenter de me dissimuler dans l'ombre, je savais que ce serait inutile et que la pose serait avilissante si j'étais découvert. J'écoutais longuement, l'ouïe aux aguets sans déceler d'autres bruits suspects. J'en arrivai à me demander s'il ne s'était pas agit d'un effet de mon imagination. Le bruit très proche et par deux fois répété d'anneaux métalliques glissant sur leur barre me fit tressaillir. Il y avait bien quelqu'un tout près qui explorait les cabines les unes après les autres ! Devant la mienne apparut une silhouette imprécise. La lumière était trop faible pour que je sache de qui il s'agissait mais c'était celle, jeune, fine et élancée, d'un condisciple, je ne pouvais en douter. Je fus quelque peu rassuré. C'était beaucoup moins grave que de me faire piquer par le pion ou le préfet, c'était tout juste humiliant.

— Tiens, tiens, on prend une douche ?

Il avait sifflé ces paroles entre ses dents sur un ton ironique ce qui ne me permit pas de reconnaître la voix.

— On peut se doucher ensemble si tu veux...

Il ne bougeait pas, me détaillait avec insistance et semblait attendre un signe de ma part. J'eus la certitude malgré la faible clarté qu'il avait sorti sa queue de son pantalon de pyjama et se la touchait ostensiblement. Ce message muet en plus de ces paroles était clair ! J'étais trop excité pour ne pas profiter de l'aubaine que représentait cette rencontre inattendue au plus profond de la nuit. Qui que ce fut il était le bienvenu. Je retirais mes mains que j'avais placées par reflex devant mon sexe et abandonnais toute prudence en m'affichant crânement face à l'inconnu, la verge bien tendue vers lui. Il n'hésita pas, fit tomber d'un geste rapide son unique vêtement et se glissa dans la cabine. Il m'attrapa immédiatement par la taille pour me plaquer contre lui pendant que je refermais mes bras sur son dos.

Nuit de canicule à l'internatOù les histoires vivent. Découvrez maintenant