♪ The Stairs - Bernard Herrmann
Victoria
Retour au présent.
— Tu peux me passer les détails sur votre rencontre, Noah, je t'assure, soufflé-je.
Il est près de 19h30 alors que je déambule dans les rues bondées d'Amsterdam, la présence de Noah, le nouveau copain de ma mère, se fait ressentir à chaque seconde. Lui et ma mère quittent la ville demain matin, j'ai alors accepté d'avoir une discussion avec lui. Il est comme un poids pesant sur mon cœur et me ramenant inexorablement à l'évidence ; celle où ma mère a refait sa vie avec un homme qui n'est pas mon père. La rancœur n'a cessé de me prendre la gorge depuis que j'ai appris la bonne nouvelle.
Le café chaud dans mes mains - que nous nous sommes arrêtés pour récupérer, sous la demande insistante de Noah - parvient difficilement à m'apporter le brin de chaleur que je cherche en faisant face aux températures glaciales du mois de janvier. Les restes de neige tombés dans la journée craquent sous les semelles de mes converses, et je passe le plus clair de mon temps à lever les yeux au ciel. Noah, quant à lui, se contente de fixer ses chaussures en accélérant le pas lorsqu'il sent qu'il perd mon attention.
— Tu n'as plus cinq ans, tu te doutes bien que l'amour que je porte à ta mère est sincère, et qu'il n'y a aucun souhait de ma part de remplacer ton père.
Un gloussement moqueur m'échappe.
— Je n'y ai pas songé une seule seconde, c'est simplement une question de principes. Tu sais, les valeurs, tout ça, tout ça, ça t'est peut-être inconnu, ironisé-je en faisant des gestes approximatifs.
Ça me parait étrange qu'il puisse déjà exprimer à haute voix le fait que l'attachement qu'il porte à ma mère est de l'amour. C'est un mot fort. J'ai l'impression d'avoir raté non pas un épisode, mais une saison entière, et je déteste ce sentiment de non-contrôle. Ils sont parvenus à m'arracher mon indifférence, et à toucher une corde sensible. Depuis toujours, je déteste être vulnérable, je dirais même que j'éprouve une aversion profonde pour ce sentiment, qui n'a cessé de s'accroître, notamment depuis mes dix-sept ans.
J'avais l'habitude de trop donner, alors à présent, un rien semble être tout. Personne ne peut s'en plaindre, ils sont la cause de tout ça. Je m'en fiche bien de faire une généralité, alors que je sais pertinemment que les êtres purs et dénués de vice existent. Seulement, la race humaine est trompeuse et imprévisible.
Empreinte d'une lassitude remarquable, et souhaitant couper court à cette conversation qui ne nous mène nulle part, je conclus :
— Écoute, je sais pertinemment que je ne pourrais pas empêcher votre relation, et je ne souhaite pas le faire, ma mère est et restera irrécupérable sur ce coup-là. Cela ne veut pas non plus dire que j'approuve votre couple, ou que ça passera quand tu m'offriras un voyage tous frais payés, les clichés, ce n'est pas mon truc. Je m'opposerai toujours à cet union, même si j'ai conscience que mon avis vous importe peu.
Alors qu'il cesse tout mouvement, refusant de poursuivre notre chemin, il essaie de former un début de phrase avant que je ne le coupe immédiatement :
— Pour moi, tu es et restera un simple employé de l'agence. Et ma mère, une idiote finie.
Mes paroles crues ne l'impressionnent pas vraiment, j'ai plus l'impression qu'il est ici presque par dépit, car l'indifférence peint ses traits.
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THE CAMPUS OF DEATH (Tome 1)
Misterio / Suspenso[EN RÉÉCRITURE] « 𝘓𝘦 𝘤𝘢𝘮𝘱𝘶𝘴 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘮𝘰𝘳𝘵 ». C'est de cette façon qu'on surnomme ce lieu dans les médias néerlandais, depuis maintenant quelques semaines. 𝐀𝐦𝐬𝐭𝐞𝐫𝐝𝐚𝐦, 𝐏𝐚𝐲𝐬-𝐁𝐚𝐬. De nombreux meurtres ont été découverts a...