Chapitre 10

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Point de vue de Harry.

Les chauffeurs sont en pause depuis quinze minutes et Louis n'est pas dehors. Assis sur la marche de mon bus, le dos appuyé contre la porte et un plaid enroulé autour de mes épaules, je fixe inlassablement la porte du bus des ingénieurs.

Même si je ne sors pas tous les matins, les trois fois où je l'ai rejoint dehors à cette heure très matinale, Louis était le premier dehors, à peine les bus garés.

Je resserre mon plaid autour de mes épaules en soupirant doucement. Ce matin encore, le ciel offre un spectacle incroyable, peut-être encore plus époustouflant que les autres matins. Ce rose si intense qui perce doucement de l'obscurité restante de la nuit, c'est à en couper le souffle... et pourtant, j'ai beaucoup de mal à en profiter sans Louis à mes côtés.

C'est lui qui aime regarder le ciel, rêveur. C'est lui qui peut rester absorbé par le spectacle sans parler pendant un long moment.

Moi, ce que j'aime le plus dans ce petit rituel du matin, ce n'est pas tant de regarder le ciel... c'est de regarder Louis regarder le ciel.

Je pousse un nouveau soupir en jetant un coup d'œil à l'heure sur mon téléphone. J'ai cette sensation étrange au creux du ventre qui ne m'a pas quitté depuis la fin du concert hier soir.

J'ai bien senti que quelque chose n'allait pas lorsque Louis est venu chercher mon équipement dans ma loge hier soir, j'ai bien conscience qu'il n'était pas... comme d'habitude. Il ne m'a pas regardé dans les yeux, ne m'a pas sourit. Il s'est contenté de récupérer mon boîtier avant de s'enfuir aussi vite, sans un mot de plus.

Un pas en avant, dix pas en arrière... c'est ce que j'ai l'impression d'avoir vécu hier soir. Après ces derniers jours, j'ai du mal à encaisser ce changement de comportement si soudain.

Ces regards, ces sourires, ces clins d'œil qui ont subitement laissé place à un silence assourdissant.

Je fixe de longues secondes mon téléphone, ouvrant et refermant à plusieurs reprises une nouvelle conversation dans mes messages. J'hésite, j'hésite vraiment.

Peut-être qu'il a simplement passé une mauvaise soirée hier soir, qu'il n'était juste pas d'humeur. Peut-être qu'il est en train de dormir profondément et qu'il n'a pas vu l'heure ni senti le bus s'arrêter.

Peut-être que je me monte la tête tout seul en laissant cette horrible culpabilité me faire suffoquer.

L'absence de Louis ce matin ne veut pas forcément dire qu'il m'évite.

Et pourtant... j'ai ce sentiment au fond de moi que c'est un peu plus compliqué que ça. Je ne suis pas idiot, je vois bien qu'il y a quelque chose.

J'ouvre à nouveau une conversation dans mes messages et craque finalement en tapant son nom dans mes contacts. Les doigts au dessus du clavier, j'hésite de longues secondes, cherchant les bons mots, la bonne manière de l'aborder.

Message à : Louis.

Tu dors ? Le lever du jour est incroyable ce matin.

Les doigts en suspension au-dessus de mon clavier, je relis plusieurs fois mon message, hésitant. Est-ce que je l'envoie ? Est-ce que je le supprime ? Je suis si long à peser le pour et le contre que mon cœur prend la décision à la place de mon cerveau en cliquant sur le bouton envoyer.

Je fixe le message de longues secondes, observant le petit distribué apparaître sous la bulle... avant de laisser place au « lu ».

Il ne dort pas.

Il est cinq heures et demie du matin et il ne dort pas, mais il n'est pas non plus dehors à admirer le lever du jour comme il aime le faire.

Je laisse passer quelques minutes, espérant qu'il me réponde ou même qu'il me rejoigne finalement. Peut-être que mon message l'a réveillé et qu'il est en train de se préparer à sortir.

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