Acte quatrième (4/9)

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Scène IV
Arnolphe, Alain, Georgette.


ALAIN
Monsieur...


ARNOLPHE

Approchez-vous ; vous êtes mes fidèles,
Mes bons, mes vrais amis ; et j'en sais des nouvelles.


ALAIN

Le notaire....


ARNOLPHE

Laissons, c'est pour quelque autre jour
On veut à mon honneur jouer d'un mauvais tour ;
Et quel affront pour vous, mes enfants, pourrait-ce être,
Si l'on avait ôté l'honneur à votre maître !
Vous n'oseriez après paraître en nul endroit ;
Et chacun, vous voyant, vous montrerait au doigt.
Donc, puisque autant que moi l'affaire vous regarde,
Il faut de votre part faire une telle garde,
Que ce galant ne puisse en aucune façon...


GEORGETTE

Vous nous avez tantôt montré notre leçon.


ARNOLPHE

Mais à ses beaux discours gardez bien de vous rendre.


ALAIN

Oh vraiment !



GEORGETTE

Nous savons comme il faut s'en défendre.


ARNOLPHE

S'il venait doucement : Alain, mon pauvre coeur,
Par un peu de secours soulage ma langueur !


ALAIN

Vous êtes un sot.


ARNOLPHE
(À Georgette.)
Bon. Georgette, ma mignonne,
Tu me parais si douce et si bonne personne...


GEORGETTE

Vous êtes un nigaud.
ARNOLPHE
(À Alain.)
Bon. Quel mal trouves-tu
Dans un dessein honnête et tout plein de vertu ?


ALAIN

Vous êtes un fripon.


ARNOLPHE

(À Georgette.)
Fort bien. Ma mort est sûre,
Si tu ne prends pitié des peines que j'endure.


GEORGETTE

Vous êtes un benêt, un impudent.



ARNOLPHE
Fort bien.
(À Alain.)
Je ne suis pas un homme à vouloir rien pour rien ;
Je sais, quand on me sert, en garder la mémoire :
Cependant, par avance, Alain, voilà pour boire ;
Et voilà pour t'avoir, Georgette, un cotillon.
(Ils tendent tous deux la main, et prennent l'argent.)
Ce n'est de mes bienfaits qu'un simple échantillon.
Toute la courtoisie enfin dont je vous presse,
C'est que je puisse voir votre belle maîtresse.


GEORGETTE, le poussant.
À d'autres.


ARNOLPHE

Bon cela.


ALAIN, le poussant.

Hors d'ici.


ARNOLPHE

Bon.


GEORGETTE, le poussant.

Mais tôt.


ARNOLPHE

Bon. Holà ! c'est assez.


GEORGETTE,

Fais-je pas comme il faut ?


ALAIN

Est-ce de la façon que vous voulez l'entendre ?



ARNOLPHE
Oui, fort bien, hors l'argent qu'il ne fallait pas prendre.


GEORGETTE

Nous ne nous sommes pas souvenus de ce point.


ALAIN

Voulez-vous qu'à l'instant nous recommencions ?


ARNOLPHE

Point.
Suffit. Rentrez tous deux.


ALAIN

Vous n'avez rien qu'à dire.


ARNOLPHE

Non, vous dis-je ; rentrez, puisque je le désire.
Je vous laisse l'argent. Allez : je vous rejoins.
Ayez bien l'oeil à tout, et secondez mes soins.


L'école des femmes - MolièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant