Acte cinquième (3/10)

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Scène III
Agnès, Arnolphe, Horace.


HORACE, à Agnès.

Ne soyez point en peine où je vais vous mener ;
C'est un logement sûr que je vous fais donner.
Vous loger avec moi, ce serait tout détruire :
Entrez dans cette porte, et laissez-vous conduire.
(Arnolphe lui prend la main sans qu'elle le reconnaisse.)

AGNÈS, à Horace.

Pourquoi me quittez-vous ?

HORACE

Chère Agnès, il le faut.

AGNÈS

Songez donc, je vous prie, à revenir bientôt.

HORACE

J'en suis assez pressé par ma flamme amoureuse.

AGNÈS

Quand je ne vous vois point, je ne suis point joyeuse.

HORACE

Hors de votre présence, on me voit triste aussi.

AGNÈS

Hélas ! s'il était vrai, vous resteriez ici.

HORACE

Quoi ! vous pourriez douter de mon amour extrême !

AGNÈS

Non, vous ne m'aimez pas autant que je vous aime.
(Arnolphe la tire.)
Ah ! l'on me tire trop...

HORACE

C'est qu'il est dangereux,
Chère Agnès, qu'en ce lieu nous soyons vus tous deux ;
Et le parfait ami de qui la main vous presse
Suit le zèle prudent qui pour nous l'intéresse.

AGNÈS

Mais suivre un inconnu que...

HORACE

N'appréhendez rien :
Entre de telles mains vous ne serez que bien.

AGNÈS

Je me trouverais mieux entre celles d'Horace,
Et j'aurais...
(À Arnolphe qui la tire encore.)
Attendez.

HORACE

Adieu. Le jour me chasse.

AGNÈS

Quand vous verrai-je donc ?

HORACE

Bientôt, assurément.

AGNÈS

Que je vais m'ennuyer jusques à ce moment !

HORACE, en s'en allant.

Grâce au ciel, mon bonheur n'est plus en concurrence ;
Et je puis maintenant dormir en assurance.


L'école des femmes - MolièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant