Scène III
Agnès, Arnolphe, Horace.
HORACE, à Agnès.
Ne soyez point en peine où je vais vous mener ;
C'est un logement sûr que je vous fais donner.
Vous loger avec moi, ce serait tout détruire :
Entrez dans cette porte, et laissez-vous conduire.
(Arnolphe lui prend la main sans qu'elle le reconnaisse.)AGNÈS, à Horace.
Pourquoi me quittez-vous ?
HORACE
Chère Agnès, il le faut.
AGNÈS
Songez donc, je vous prie, à revenir bientôt.
HORACE
J'en suis assez pressé par ma flamme amoureuse.
AGNÈS
Quand je ne vous vois point, je ne suis point joyeuse.
HORACE
Hors de votre présence, on me voit triste aussi.
AGNÈS
Hélas ! s'il était vrai, vous resteriez ici.
HORACE
Quoi ! vous pourriez douter de mon amour extrême !
AGNÈS
Non, vous ne m'aimez pas autant que je vous aime.
(Arnolphe la tire.)
Ah ! l'on me tire trop...HORACE
C'est qu'il est dangereux,
Chère Agnès, qu'en ce lieu nous soyons vus tous deux ;
Et le parfait ami de qui la main vous presse
Suit le zèle prudent qui pour nous l'intéresse.AGNÈS
Mais suivre un inconnu que...
HORACE
N'appréhendez rien :
Entre de telles mains vous ne serez que bien.AGNÈS
Je me trouverais mieux entre celles d'Horace,
Et j'aurais...
(À Arnolphe qui la tire encore.)
Attendez.HORACE
Adieu. Le jour me chasse.
AGNÈS
Quand vous verrai-je donc ?
HORACE
Bientôt, assurément.
AGNÈS
Que je vais m'ennuyer jusques à ce moment !
HORACE, en s'en allant.
Grâce au ciel, mon bonheur n'est plus en concurrence ;
Et je puis maintenant dormir en assurance.
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L'école des femmes - Molière
HumorEn 1662; Molière crée la surprise avec l'école de femmes . Pourtant le sujet de cette comédie n'est pas neuf : par crainte d'être cocu, un homme, Arnolphe, fait élever une jeune fille , Agnès selon ses principes. Il pense ainsi en faire une femme à...