Chapitre 6 - Gabriel

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Elle n'a pas été facile à convaincre, mais j'ai tout fait pour qu'elle accepte le contrat.

Je devais m'entourer des meilleurs et Sofia devait absolument rejoindre LuxuryEvent.

C'est Marco, mon assistant qui avait retrouvé son Curriculum Vitae dans les archives. À l'époque et même s'il elle n'avait encore aucune expérience mise à part ses stages de fin d'études, elle montrait déjà des appétences supérieures à la moyenne : récompenses universitaires, recommandations, projets personnels.

Il ne m'avait pas fallu beaucoup de temps pour la retrouver, le monde de l'événementiel est petit, par contre j'avais dû réfléchir à une stratégie en béton pour la faire venir. Charles m'avait prévenu de son caractère affirmé et un peu contestataire.

Mais j'étais plein de ressources et il était rare que je n'obtienne pas ce que je voulais.

Alors j'avais dû trouver une occasion pour la croiser par hasard  et le salon annuel de l'événementiel était tombé à pic. LuxuryEvent y tenait bien entendu un stand, mais d'habitude je n'avais pas le temps d'aller me balader dans ce genre d'événement, je laissais mon équipe commerciale se charger de ça. C'était leur boulot. 

À contrecœur, j'avais cependant consenti à présenter une conférence, le chargé de projet du salon ne s'attendait pas à ce que j'accepte son invitation, lui qui me tannait depuis des mois. Je n'aimais pas ça, pas que je sois mal çà l'aise à parler en public, mais je préférais rester discret, c'était mieux pour mes affaires. Moins on me voyait et plus on avait peur de moi.

Cette intervention m'avait donc permis d'avoir une bonne excuse pour que Charles me présente Sofia.

La photo de son CV ne reflétait pas la beauté qu'elle était devenue, malgré mes recherches elle avait été introuvable sur les réseaux, alors quand je me m'étais retrouvée face à elle, j'avais dû garder le contrôle pour continuer à mettre mon plan à exécution sans qu'elle ne remarque que j'étais quelque peu désarmé par son charme. 

Et j'avais été naze. Le mec lourd qui use et abuse de son pouvoir de séduction. J'avais sorti des phrases bateaux, sans intérêt.

D'habitude ça fonctionnait, mais je m'étais vite rendu compte qu'elle était différente et qu'elle ne se laisserai pas berner si facilement. Même si j'avais perçu dans son regard une pointe d'attention à mon égard, elle avait balayé d'un revers de la main toutes les perches que je lui avais tendues.

Mon intérêt n'était pas une affaire de cœur, mais bien un professionnel, malgré tout, mon égo avait été quelque peu bousculé par son attitude désintéressée. J'avais senti à ce moment-là que ma mission n'allait pas être si facile. J'avais donc mis la seconde durant notre deuxième rencontre toujours censée être fortuite et user de mon pouvoir autorité pour lui imposer ce contrat.

Charles, lui n'avait pas été difficile à convaincre, à quelques années de la retraite, je savais qu'il commençait à penser à vendre sa société, quand je lui avais proposé d'embaucher Sofia, j'avais senti qu'il était soulagé de savoir qu'elle serait entre de bonnes mains pour continuer sa carrière.

Sofia Merino allait être une excellente collaboratrice, je le savais, mais alors que je fixais sa photo déjà enregistrée dans notre annuaire interne, j'avais soudain un doute sur mes véritables motivations à l'avoir choisi, elle. 

Je me devais d'être parfaitement clair quant au déroulé mon plan, et ne pas me laisser manipuler une nouvelle fois par une femme. Finalement je ne connaissais de Sofia que son parcours professionnel et ce n'était pas les quelques minutes que j'avais passées à discuter avec elle qui allait me rassurer sur son caractère. Après tout, elle ne savait rien de moi et je lui avais probablement fait mauvaise impression sous mes airs de mauvais séducteur, si elle était aussi professionnelle que je le pensais, elle avait probablement dû me voir arriver à des kilomètres.

Pourtant même si j'avais sorti mes plus belles armes pour arriver à mes fins, elle n'avait montré aucune émotion, si ce n'est les quelques secondes où son regard s'était accroché au mieux le temps des premières présentations.

Et c'était bien ce moment qui me mettait le doute, à cet instant précis je m'étais senti fébrile, près à faire n'importe quoi pour prolonger la soirée au-delà des murs du salon pour faire tout autre chose que de parler contrat.

Il n'était que 17h, mais comme à chaque fois que je me sentais perdre pied, je me servit un verre de Whisky.

Le passé m'avait appris à me méfier des femmes, à me contenter uniquement de celles qui ne désiraient aucune attache. Je n'étais pas un novice et je savais les repérer.

C'était justement le problème avec Sofia, elle n'avait montré aucun signe d'intérêt et ça, ça éveiller beaucoup trop ma curiosité.

Je me secouais les cheveux comme pour effacer mes pensées absurdes et je vidais mon verre d'un coup sec . J'avais un objectif bien précis et je devais rester focus.

À travers la baie vitrée de mon bureau, j'observe la ville qui tombe doucement dans la nuit, les buildings sont éclairés, les voitures roulent à allure constante, tout semble régler comme du papier à musique, les personnes qui traversent les passages piétons semblent savoir exactement où ils vont. À l'inverse de moi.

J'analyse la situation sous toutes les coutures avec le plus de neutralité possible et j'en arrive à la conclusion que je devais rester celui qui maitrise la situation, je devais mener le jeu, dicter les règles. Je suis le patron d'une entreprise de 1500 personnes qui gère des événements pour des clients prestigieux dans le monde entier. Je devais me comporter comme le patron que je suis : craint et respecté.

Je savais que j'avais cette réputation auprès de mes collaborateurs. Je n'ai jamais voulu être un dirigeant sévère et intransigeant, mais quand on gère une entreprise, on doit se créer une carapace pour ne pas se laisser bouffer par les émotions. Je devais souvent prendre des décisions stratégiques et mes collaborateurs ne se doutaient absolument pas que mes choix étaient toujours guidés par eux. Mais cette réputation me convenait finalement, j'étais un battant et j'aimais gagner, donc si cela me permettait de faire performer mes équipes, je voulais bien endosser le rôle du méchant.

Et c'est exactement ce que je vais faire avec Sofia, je vais être impitoyable et inflexible jusqu'à ce que mon but soit atteint.

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