Business Strategy (En pause)

Chapitre 8 - Gabriel

Ça va pas le faire !

Je roule un peu trop vite sur l'autoroute en direction de la salle de sport. 

Et je maudis encore les pensées qui ont traversé mon esprit lorsque j'avais aperçu ses pieds nus sur la moquette de mon entreprise, situation pourtant insignifiante. Putain ! Je ne vais quand même pas me laisser attendrir par cette femme si facilement. Elle semble si naïve que je pourrais la manger tout cru.

Il fallait que ce soit compliqué, il fallait que la femme que j'avais embauchée pour atteindre mon but ait un pouvoir d'attraction sur moi.

Pour la première fois de ma vie, je ne savais absolument pas comment j'allais gérer cette situation. D'habitude c'était facile, je n'avais pas besoin de m'épancher sur des excuses bidon, les femmes avec qui je passais quelques nuits ou le plus souvent quelques heures savaient qu'elles n'avaient aucune chance d'espérer une histoire. Quelques-unes tentées de me rappeler les jours suivants, mais grâce à Marco, elles finissaient par se lasser de ne pas pouvoir me joindre.

J'entre dans le gymnase, les rings sont déjà tous occupés. Je salue Tony, le gérant.

— Mhmm, tête des mauvais jours. Va te préparer mon garçon. On va régler ça.

Tony est un ancien champion de boxe, mais il aurait tout à fait pu être psychologue. Il ne me pose jamais de questions. Il se contente de m'épuiser jusqu'à ce que je ne puisse plus penser.

Nous commençons l'échauffement et j'essaye de me concentrer sur mes gestes. J'enchaine les coups dans le sac de boxe devant moi puis j'accélère le mouvement en criant. 

Tony me propose de rejoindre Henry sur le ring. J'enfile mon casque et mes gants et le combat commence. Au début tout va bien, je trottine, j'envoie quelques droites, mais Henry me contre facilement. Je recommence les enchainements encore et encore, mais je ne parviens pas à le toucher. Piqué au vif, je crie de nouveau et demande un temps mort.

— Quelque soit ton problème, mon garçon, concentre-toi uniquement sur ton objectif.

Je regarde Tony.

— Ton objectif à l'instant T c'est de mettre une raclée à Henry. Vide ton esprit. Ne mélange pas les choses, traite les sujets les uns après les autres.

Je retire mon casque et remonte sur le ring. Tony ne dit rien, mais je sais qu'il n'en pense pas moins. Le règlement nous oblige à nous protéger, le Club serait responsable en cas de blessure. Mais Tony me connait bien et il sait que ce n'est pas la peine d'essayer de me faire changer d'avis et je payerais l'amende si besoin.

Le combat continu quelques minutes, mais c'est un massacre, Henry est beaucoup plus en forme que moi et les coups s'enchainent jusqu'à ce que je me mette une belle droite qui m'éclate l'arcade sourcilière. Le choc me fait tourner la tête et je m'assois pour reprendre mes esprits. Mon adversaire me tend une serviette et je le remercie d'un geste de la tête.

— Ça va mec ? Je pensais que tu allais te défendre un peu plus.

— Ouais moi aussi.

Tony me pose un strap et je rentre chez moi, exténué.

L'eau brulante de la douche relance la douleur de mon œil meurtri, au moins cela me permet de penser à autre chose.