2 : La Fugitive

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citation du chapitre :

« Les ombres du passé hantent les vivants, rappelant que chaque choix a un prix »

Bonne lecture :)
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Irene était adossée le dos contre la pierre chaude du balcon de la tour, son visage réchauffé par les rayons du soleil qui tapaient assez fort en cette matinée. Ses pieds dansaient dans le vide tandis qu'elle tournoyait le manche de son poignard autour de ses boucles brunes. Sa chevelure, indomptable à cause de la hauteur à laquelle la fugitive était perchée, virevoltait dans tous les sens.

Les yeux fermés, Irene humait l'air salé du port, un léger sourire atteignant à peine ses oreilles. Le cri strident des mouettes, la hauteur à laquelle elle était perchée, le vent qui caressait son visage et la chaleur du soleil sur sa peau, tout cela lui avait cruellement manqué. Après avoir passé presque deux mois à bord du Mirage, enfermée dans une cale sombre et étouffante, à l'abri des regards curieux, elle savourait enfin la liberté retrouvée.

La cale du Mirage était un monde à part, imprégnée d'une odeur âcre de bois vieilli et imprégnée de sel marin. Les planches de bois craquaient sous ses pieds, le vent s'engouffrait par les interstices, faisant frissonner les voiles et créant un concert de bruits apaisants. Les provisions étaient empilées dans un coin, des barils de sel et de provisions, des sacs de farine et de riz, évoquant un mélange complexe de senteurs qui chatouillaient les narines. Au milieu de ce tableau, le vieil homme, le seul compagnon de voyage d'Irene, semblait être un élément à part, un gardien silencieux de ce monde en mouvement.

Le Mirage, le navire qui l'avait arrachée à cette île de l'enfer. Elle y était restée emprisonnée si longtemps qu'elle avait perdu toute notion du temps. Peut-être deux mois, cinq, ou même huit. Elle ne le savait pas, et elle s'en moquait. Dans cet endroit maudit, le temps semblait s'étirer à l'infini. Enfermée sous terre, dans les entrailles des montagnes de sel d'Ildomir, elle passait ses journées à piocher sans relâche, privée d'air frais, de lumière, et de sons autres que les échos lugubres des coups de pelle frappant les roches de sels.

Irene se souvenait encore du dernier rayon de soleil qui avait caressé son visage, de la dernière brise qui avait agité ses cheveux en désordre, de ses derniers pas libres avant que les soldats ne la poussent brutalement dans l'obscurité de la montagne. Elle avait vu des choses qu'elle aurait préféré oublier : des visages épuisés, des corps meurtris par le labeur, des âmes brisées par la cruauté des geôliers. Alors que le silence régnait dans les profondeurs, elle avait perçu par moments des murmures étouffés, des pleurs discrets, des prières murmurées dans l'ombre étouffante des galeries. Les montagnes de sel étaient devenues le tombeau de l'espoir, le symbole de sa souffrance et de celle de tant d'autres.

La dernière image qui s'était gravée dans sa mémoire était celle d'un oiseau blanc, peut-être une colombe ou un pigeon, planant entre deux hautes montagnes, ses ailes déployées, baignant dans la lumière dorée du soleil couchant. C'était comme un dernier soupir de liberté avant d'être engloutie par les ténèbres des montagnes.

Dans les profondeurs oppressantes de la mine, le silence régnait en maître. Aucun mot ne franchissait les lèvres des détenues, du moins pas en présence d'Irene. Personne ne lui avait jamais adressé la parole, et elle avait rapidement compris que la communication était non seulement rare, mais aussi dangereuse dans cet environnement hostile. C'était un monde de regards furtifs et de gestes discrets, où chaque parole pouvait sceller le destin de celui qui l'avait prononcée.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 14 ⏰

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