STALKER (BxB)

VÉRITÉ

"Le méchant qui nous flatte est un dresseur de pièges."

Phèdre

Les secousses de la voiture, le bruit régulier du moteur et la fatigue accumulée avaient finalement eu raison de Noa, l'entraînant dans les bras de Morphée alors qu'ils s'éloignaient de l'entrepôt en flammes.

Lorsqu'il se réveilla, le soleil peignait lentement le ciel à travers les volets entrebâillés de la chambre. La lumière dorée baignait les murs, et Noa papillonna lentement des paupières. Le souvenir de cette journée cauchemardesque, où il avait été confronté à l'horreur de l'abandon et à la cruauté de Dove, continuait de le hanter. Il était difficile pour lui de passer outrer la sensation de trahison qu'il ressentait, même si Ayden avait tenté de se racheter en fin de compte.

« Se racheter », quelle ironie. Ayden l'avait enlevé pour le séquestrer dans sa maison. Il l'empêchait de parler à sa famille et à ses amis, et il lui avait lacéré le dos tout ça parce qu'il avait essayé de s'enfuir pour retrouver sa vie d'avant.

Sa vraie vie.

S'attarder sur le passé ne servirait à rien. Lassé, Noa se leva et descendit l'escalier. Ayden était assis dans la cuisine, l'expression sérieuse mais apaisée. Son regard croisa celui de Noa alors qu'il faisait irruption dans le salon ouvert. Un léger sourire éclaira son visage.

- Comment te sens-tu ? exigea Ayden d'une voix calme.

Noa se détourna volontairement, et partit s'asseoir sur le canapé. Dans son dos, il entendit une chaise haute grincer, celle où Ayden était assis. Quelques secondes plus tard, le mafieux se tenait devant lui, un verre d'eau posé sur la table basse.

- Je t'ai posé une question, chaton.

Et moi, je ne vais pas te répondre, connard.

- Qu'est-ce qui t'arrive ?

Sérieusement ? Oh, mis à part avoir été enlevé par toi, puis vendu l'espace d'une heure à un autre psychopathe ? Rien, tout baigne.

- Noa, parle-moi.

Va chier.

- Putain, Noa !

Avait-il parlé à haute voix ? Les doigts d'Ayden relevèrent son menton, et Noa sentit toute la patience du mafieux être mise à rude épreuve.

Dans un éclair de colère, Ayden se leva en laissant échapper un grognement de frustration. Le verre d'eau vola à travers la pièce et se brisa violemment contre le mur dans un fracas de verre. Noa tressaillit à l'explosion soudaine de violence et ses yeux s'élargirent de surprise.

Deux hommes pénétrèrent précipitamment le salon, leurs armes sorties.

- Ramenez Noa dans sa chambre, ordonna Ayden. Et préparez-lui son petit-déj. J'ai besoin de prendre l'air.

Noa resta immobile, les bras croisés contre sa poitrine.

- Je ne bougerai pas d'ici, déclara-t-il d'une voix rauque.

Ayden se rapprocha si près de lui qu'il pouvait sentir l'odeur musquée de son parfum. Il déglutit nerveusement, sachant très bien que tout ça allait lui retomber dessus.

- Tiens, tu parles maintenant ? lança-t-il d'un ton sarcastique.

Noa soutint son regard.

- Je ne suis pas un putain de pantin dont tu peux disposer à ta guise, répliqua-t-il avec une fermeté égale.

Les gardes échangèrent un coup d'œil significatif avant de se rapprocher de Noa. Leurs mains se posèrent sur ses épaules, prêts à le forcer à obéir si nécessaire. Noa se raidit sous leur prise, son regard défiant toujours Ayden. Et alors que le soleil continuait de monter dans le ciel, éclairant la pièce d'une lueur dorée, il se retrouva confronté à un choix déchirant : obéir à Ayden et capituler devant sa volonté, ou rester ferme dans sa résolution, au risque de déclencher une tempête qu'il ne pourrait peut-être pas maîtriser.