Chapitre 6 : Rencontre avec le Roi

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Une désagréable sensation s'empare de moi, pendant un dixième de seconde. Une forte envie de vomir me prend, mais Ethan, que je tiens toujours, prononce un sort, et je ne ressens plus rien. Quand j'ouvre enfin les yeux, après quelques secondes, je suis entourée de gardes, avec plus d'une dizaine de lances pointées sur moi. Un homme âgé se tient à une longue table en bois, usée par le temps. Il nous regarde, étonné, puis fais un signe de main et les gardes s'effacent dans la seconde qui suit.

Le Roi se met alors à parler, d'une voix grave et rauque :

— Ethan, Matthias, Ahyn et Zachary. Ravis de vous revoir.

Ahyn et Zachary ? Ils sont réveillés ? Je me tourne vers eux, et remarque que, oui, effectivement, ils le sont.

Il reprend ensuite :

— Est-elle au courant de...

— Non, disent d'une même voix les quatre garçons.

— Au courant de quoi ?

— Rien.

— Non, non, non. Vous allez me dire tout de suite. J'en ai plus que marre de ne rien savoir. J'arrive dans un Monde où la Magie existe, en me faisant kidnapper, bien sûr. Mes parents sont morts sous mes yeux, et je me suis fait attaquer par des Mercenaires qui dégagent une mystérieuse aura noire. Sans oublier le fait que j'ai la désagréable impression que vous en savez bien plus sur moi que vous ne souhaitez me le faire croire.

— Ekat...

— Je n'ai pas terminé. On ne t'a jamais appris à ne pas couper la parole ? Je disais : je veux tout savoir. Sur ce Monde. Sur vous. Pourquoi est-ce que vous m'avez aidée ? Pourquoi...

— Assieds toi. Tu manges, et ensuite on parle, tranquillement.

Le Roi fit apporter une dizaine de mets, chacun dégageant une odeur plus appétissante que l'autre. Je me rends compte à ce moment que j'avais très fin. Au moment où j'allais m'asseoir, sur ordre du roi, je fus soudainement prise de vertiges. Ma tête commença à tourner, et je me sentir lourde. Je sentis des mains l'attraper, avant que je ne tombe à genoux, une douleur lancinante dans le crâne. J'entendis alors les garçons dire :

— C'est obligé ? Elle est jeune.

— Je lui montre juste qui est le plus fort. Ne vous inquiétez pas. Elle se réveillera demain avec un léger mal de tête, sans plus. Et puis, il faut bien vérifier que les informations que vous m'avez communiquées sont vraies.

Il veut montrer qui est le plus fort ? Très bien. C'est ce qu'on va voir.

Je me releva donc.
Ils me regardèrent tous bizarrement. En quelque sorte, ça ne m'étonne pas : j'étais en train de bafouer l'autorité du Roi. Il faut croire qu'on a le sang chaud, dans notre famille... le visage du Seigneur se crispa alors, et devint rouge de colère. Je sentis alors la pression devenir plus forte, dépassant maintenant les vibrations produites par un marteau-piqueur. Je résistait, mais avec de plus en plus de difficulté. Je m'efforçait de rester droite, bien que ce soit compliqué. Matthias mit alors fin à ce duel entre moi et le Roi.

— Votre Altesse. Je pense que c'est bon. Votre Altesse ?

Au même moment, je sentis la pression se relâcher, et je me mis enfin à respirer normalement. Plier en deux par la douleur, je me mis à tousser, et ce pendant une trentaine de secondes. Je releva ensuite la tête, et dit :

— Bon. On mange ? L'effort que j'ai dû fournir m'a ouvert l'appétit...

— Mais c'est une... très bonne idée, me répondit le Seigneur.

Le dîner qui s'ensuivit fut quelque peu... crispé. L'atmosphère était tendue, et presque personne n'ouvrait la bouche, hormis pour rire aux blagues ennuyeuses du Roi.

Après le repas, je n'arrivais même plus à me tenir debout correctement, suite a la fatigue engendrée par la pression mentale du Roi. Je décida donc de reporter les révélations prévue à demain, à la première heure.

On me montra ensuite ma chambre, digne d'une princesse, ou en tout cas d'une noble. Un magnifique lustre de cristal éclairait la pièce si besoin, bien que maintenant, au milieu de la journée, le soleil nous éclairait encore, grâce à d'immenses fenêtre entourées d'épais rideaux de velours violet. Un grand lit à baldaquin était sur ma droite. Les draps étaient en une soie blanche toute douce, très agréable au toucher. Encadrait le lit à baldaquin deux tables de nuit en bois. Sur chacune d'elles se trouvait une petite lampe. Il y avait aussi une grande penderie, avec de magnifiques robes très couteuses, mais malheureusement pas un pantalon en vue... Il y avait aussi de quoi se coiffer, se maquiller, etc. Bien que l'on soit encore en début d'après-midi, je décida de me coucher, harassée par ce que m'avait fait subir le Roi.

Le lendemain, huit heure du matin...

Quand je vis l'heure indiquée par une grande horloge située en face de mon lit, je m'aperçus que j'avais beaucoup dormi. Je vis alors une enveloppe cachetée par un magnifique sceau rouge représentant un château. Une magnifique lettre manuscrite me priait de venir prendre le petit déjeuner à 8h00. 8h00 ? Je suis déjà en retard ! Je me prépara en vitesse, enfila une robe bleue ainsi que des escarpins bleu ciel eux aussi, tel Cendrillon. Je me peigna ensuite. Au moment où je passa la brosse dans les cheveux, je remarqua qu'une magnifique poussière doré scintillante sous la lumière tombait. Au bout d'une dizaine de coup de brosse, quand je me regarda enfin dans le miroir, mes cheveux n'étaient plus blonds, mais blancs. J'eus à ce moment là très peur. Je descendis alors dans la salle à manger, pour trouver des réponses à la multitude de questions que je me posaient.

Quand je descendis le grand escalier, j'entendis de grands éclats de voix.

— On lui dira quand ? Demanda Ethan.

— Le plus tôt serait le mieux. Lui répondit un voix que j'imaginai être celle d'Ahyn.

— Je pense aussi, rajouta alors Matthias.

— C'est hors de question ! Je ne le permettrai pas ! Ekaterina est notre arme ! Notre bouée de sauvetage ! Si elle l'apprend, nous somme tous morts ! Morts ! Vous m'entendez ? Si elle coule, nous faisons de même ! Elle n'a pas encore reçu d'apprentissage, et elle arrive déjà à supporter ma Pression Mentale ! C'est la première fois ! Et d'après ce que vous m'avez raconté, même Matthias n'a pas pu fouiller son cerveau ! Vous n'imaginez pas le pouvoir que représente cette gamine ! Elle est certes notre arme, mais aussi celle des Ténèbres ! Personne ne peut savoir à quoi elle pense. Cela veut donc dire que The Boss peut l'avoir manipulé, sans même que l'on ne le sache ! Si cela se trouve, il est même entrain de voir à travers ses yeux !

— Votre Altesse. Vous vous entendez ? Elle aurait pu nous tuer, si elle le voulait. Quand elle a sauvé Matthias, personne ne la commandait. Sinon elle l'aurait laissé mourir. Vous savez aussi bien que nous que notre tête a été mise à prix ! On aurait pu tous mourir. Mais elle, elle était là ! Me défendit alors Zachary.

— Y a t-il des sous-entendus, dans cette phrase ? Demanda le Roi.

— Oui. Vous étiez censé nous aider pour nous sortir de là. Vous nous avez laissés tomber juste après votre mission suicide. Tout le monde est mort, hormis nous quatre. Le seul, et l'unique personne qui a essayé de nous sortir de là, c'est Matthias. Et vous étiez, non, vous ÊTES le seul responsable de ce qui s'est passé là-bas.

— Ca suffit ! Je ne tolérerai pas une seule seconde de plus que vous me manquiez de respect de cette manière ! 

La jeune prodigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant