Mission 18. Peur

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Novembre 2018

Jaden Parker

Dissimulé dans l'obscurité d'une allée. Je veille.

L'orage gronde, la pluie ne cesse de tomber. Mon joint dans la poche de mon cargo noir n'est même pas fumable.

Ça fait environ une heure, qu'ils se sont engouffré dans ce bâtiment.

Je la suis à la trace. Ce n'était qu'un passe-temps malsain avant que j'apprenne que le Crépuscule désire sa peau comme manteau. Ma vilaine curiosité m'oblige à me demander quel lien Suzuki entretient-elle avec ce traitre. Je ne l'avais encore jamais vu en compagnie de ce type. Elle passe le plus clair de son temps avec son blondinet.

Impatient. Je jette un coup d'œil à mon téléphone.

22h

Mes sourcils se froncent, fixant avec la plus grande des attentions la porte imposante tailler dans le vieux chêne du Parlement britannique.

Qu'est-ce qu'ils foutent, bon sens ?  Dans quelle emmerde ma petite espionne c'est elle encore fourrer ?

Elle a le don pour se mettre dans des situations cocasses. Fouiner semble être sa passion, rien de très surprenant, c'est même plutôt logique en vue de son choix de carrière. Je me demande qu'elle est sa motivation derrière cette mission.

Qui souhaite-t-elle écraser ? Qui à oser lui prendre cette première place qu'elle convoite et chérit tel un trésor antique.

Ma patience qui est aussi fine que le self-control de Rocky devant les jupes de sa protégée, commence doucement mais surement à me grignoter. Le fait que je ne puisse même pas fumer pour me distraire m'agace trois fois plus.

Le retentissement d'un coup de feu, me sort de mes pensées. Mon corps se met automatiquement en alerte. Mes yeux scannent les alentours à une vitesse folle. Le cri strident d'une femme raisonne en moi, m'hérisse le poil le long de mon échine.

Je reconnais sans une once d'hésitation sa voix.

Putain et si le Crépuscule l'a retrouvé et qu'il vient tout juste de mettre ses menaces à exécution ? Qu'est-ce que je fais si c'est le cas ?

Mes pieds foulent les vieux galets, sa silhouette apparaît enfin. Dans la pénombre d'une ruelle à l'arrière du vieux bâtiment à l'architecture gothique, je l'aperçois, la tête au-dessus du corps ensanglanté du blond. Suzuki le tient fermement dans ses petits bras, pressant son torse couverte de sang contre elle. Les larmes dévalées sur ses joues rougies par le froid. Sa respiration est saccadée. Elle ne cesse de se balancer d'avant en arrière, marmonnant des paroles inaudibles. Ses yeux sont durement fermés.

Je m'approche d'un pas lent. L'effrayé est la dernière des choses que je souhaite faire. Dans un geste lent, je m'accroupis  à ses côtés. Son corps se crispes en sentant ma présence. Lorsque ses yeux rencontrent les miens, elle pousse un hurlement à s'en déchirer les cordes vocales.

— N'approche pas ! N'approche pas ! N'approche pas ! Elle aboie affolée.

Je ne comprends pas sa réaction. Le blondinet est en train de perdre connaissance. Il perd énormément de sang. La balle a perforé son estomac. Chaque seconde est précieuse.

— Suzuki... Steven perd du sang. On doit se tirer d'ici.

— N'approche pas !

Un sentiment d'effroi habite son regard. Elle est terrifiée. Terrifier par moi.

— Je ne vais pas lui faire du mal. Je ne veux pas te faire de mal, non plus. Je veux juste aider.

— N'approche pas ! N'approche pas !

Mission LondonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant