Family.

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Il a réussi. Mila ne répond plus à mes messages et mes parents sont distants avec moi. Lorsque je passe devant eux, il coupent leurs discussions et me regardent avec des yeux emplis de tristesse et de pitié. Il me détaillent , me surveillent et viennent me chercher au lycée.

Ma mère a fait un scandale à mon proviseur à propos de Louis et ce qu'il m'a fait subir parce qu'elle a vu mes bleus. Ce dernier a été viré définitivement le lendemain , et bizarrement cette simple pensée ne me rassure pas. Je ne cesse d'imaginer le brun venir chez moi pour se venger ou quelque chose comme ça... Seulement, personne ne me parle, mais personne ne m'humilie non plus...

Et en ce qui concerne Zayn , je ne l'ai pas revu depuis la semaine dernière, celle où il m'a piegé. Quand je rentre à la maison , il est toujours absent. Mon père m'a dit que le métisse partait juste avant que je ne rentre et revenait dormir à des heures pas possibles. Il travaille parait-il. Tant mieux, c'est un regard de moins à supporter.

-A table ! , s'égosille mon père à l'étage du bas.

-J'ai pas faim , je marmonne.

-A TABLE ! ,c'est au tour de ma mère de hurler.

Un soupire et un juron plus tard, je suis en bas, assise face à une assiette débordante de haricots verts et de poulet à la tomate. Avant que je n'ai le temps d'ouvrir la bouche pour dire à mes parents ô combien le repas était bon, la porte s'ouvre en laissant place à un Zayn dégoulinant d'eau de pluie.

-Zayn ! Je pensais que tu rentrais plus tard ! Excuses moi , je comptais faire ton assiette plus tard dans la soirée ... Ma mère se confond en excuses. Je suis vraiment désolée...

-Ca n'est rien, je ne t'ai pas prévenue Trisha... Il ne me regarde même pas. J'ai déjà mangé.

-Zayn, tu étais où ? Mon père est curieux.

-Chéri... Il est majeur. Rappelle ma mère. Laisses le tranquille.

Zayn leur adresse un de ses sourires mgnifiques et son regard se tourne ENFIN vers moi. Je ne pourrai jamais décrire à quel point ses yeux me transperçent et me rendent infiniment minuscule. Ils me regarde avec légèreté, comme si il ne me voyait même pas. Il a ce pouvoir, celui de me rendre inexistante. Il m'ignore tellement fort qu'il pourrai me faire douter de ma propre existance, et c'est atrocement douloureux.

-Je vais aller me coucher, je suis extenué... Bonne soirée, et bon appétit.

Après ces mots il disparaît dans les escaliers et les deux regards de mes parents sont tournés vers moi. Je sais qu'ils s'attendent à ce que je fonde en larme, que je crie ou même que je frappe Zayn. Et, au fond, ce n'est pas l'envie qui manque. Je n'ai simplement pas l'impression que c'est le moment... J'ai seize ans, juste seize ans. Et je ne fais pas le poid seule face à lui et mes parents.

-C'était délicieux. Laissez vos assiettes dans l'évier, je laverais tout demain matin. Bonne nuit.

Je fais un léger signe de main et monte les marches rapidement pour accéder à ma chambre. J'ouvre la porte violemment et la claque ensuite derrière moi, dents serrées. J'ai besoin d'extérioriser tout ce que je ressens. Mais je vais commencer par tenter de me calmer. Alors que je suis allongée sur le ventre pour essayer de me détendre, la porte s'ouvre à la volée.

-Tu comptes m'ignorer longtemps ?

Alors là c'est la meilleure, ce putain d'imbécile me ressort cette phrase à la con, alors qu'il est la personne la plus mal placée pour m'adresser la parole.

-Je compte te détester toute ma vie si tu veux savoir.

Il referme la porte derrière lui et approche de mon lit alors que je me redresse plus vite que la lumière pour être assise.

-Pour parler de ta vie il faut déjà que tu en ai une...

-Enculé. Je lâche.

Ma respiration saccadée par la colère et son rire léger se mélangent pour emplir la pièce de bruit.

-C'est moche, une fille vulgaire.

-C'est con, d'avoir autant de débilité et de mocheté en une seule personne.

Il éclate de rire, fort, cette fois ci , et mon cœur bat la chamade. Parce que je me retiens de l'étrangler contre ce mur.

-Oh pitié , Fanny , une vraie gamine. On dirait ma sœur. Puis vu comme tu me regarde, je suis certain que tu ne pense pas la deuxième chose que tu as dite...

Il roule des yeux et je souffle, parce qu'il a raison , et que je ne l'admettrais jamais. Zayn est quelqu'un de beau , de vraiment beau, et je suis cette fille impresionnée par son charisme et sa préstence.

-Tu as une sœur maintenant ? Je change de sujet. Oh, et tu es narcissique.

Il sourit en placant sa langue derrière ses dents et je suis presque certaine de voir ses yeux briller le temps d'une seconde pendant qu'il s'asseoit sur mon lit.

-Plusieurs. M'enfin , elles sont chez une cousine maintenant. Puisque ton père ne pouvait pas tous nous prendre, j'ai décidé de les laisser ensemble. Elles ont besoin les une des autres. C'est pour ça que je rentre aussi tard. Je vais les voir.

Je hoche la tête en silence, la haine a laissé place à la stupeur et la compréhension. Il aime sa famille plus que tout. La vraie, de sang. Ses (vraies) soeurs, ses parents, ses cousin(e)s...

-Tu les aime beaucoup... Les mots m'échappent. Elles sont jeunes ?

-Ouais, je les aime. Et, ouais, elles le sont.

Je ne répond pas et baisse les yeux. Je n'ai personne qui m'aime comme il aime ses soeurs. Mes parents se voilent la face, il aiment la personne qu'il rêvent de voir à ma place... Je rêve d'avoir quelqu'un de proche de moi , du genre vraiment.
Je me rend compte a quel point je suis proche de Zayn et je recule. Je relève la tête vers lui lentement, gênée de n'être que cette tâche dans son magnifique décor familial.

-Tu chiales ?

J'ai presque envie de rire a tel point il est indélicat. Je ne pleure pas, mais j'ai vraiment l'impression d'être un fardeau. Et je sais à quel point il ne me considère pas comme sa sœur.

-Non.

Il pinçe les lèvres et se redresse lentement, pour quitter la chambre à mon avis. Tant mieux.

-Ne m'en veut pas pour la dernière fois. Je voulais que tu te libère. Et que ta famille sache ce que tu ressens aussi.

-Tu t'y es mal pris. Et tu mens en plus. La seule chose que tu voulais était me détruire. T'inquiète, tu as réussi.

Le silence qui était doux et léger est devenu pesant et gênant. Ses yeux chocolats me détaillent et je ne détourne pas le regard cette fois.

Il quitte la pièce sans un mot et je me retrouve seule, comme je commence à m'habituer à l'être.

My f*cking brother.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant