CHAPITRE 1 : LA FIN DU MONDE

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Six mois plus tard...

June errait dans la forêt à la recherche de nourriture. Cela faisait maintenant deux jours qu'elle n'avait pas mangé. Son dernier repas étant un lapin chassé deux jours auparavant dans cette même forêt. Elle espérait alors y trouver d'autres de ces congénères afin de pouvoir se restaurer et reprendre des forces.

Il était de plus en plus difficile pour June de trouver à manger et pire encore, d'être constamment seule. L'ironie de la situation étant qu'elle avait toujours appris à vivre seule, ce n'était pas son foyer qui l'avait aidé là-dedans puisqu'elle ne s'entendait pas avec les trois quarts des pensionnaires. Pourtant, même si elle ne les considérait pas comme sa famille et encore moins comme ses amis, elle avait toujours de la compagnie de près ou de loin. Toujours un gamin dans les parages qui courait ou jouait. Toujours deux filles pour se disputer à qui aura la meilleure tenue ou la coiffure la plus parfaite...

Seulement, maintenant, June était VRAIMENT seule. Elle n'avait pas vu un seul humain depuis six longs mois maintenant, la dernière fois étant à son foyer ou elle a parlé à la directrice pour la dernière fois avant de partir de manière définitive.

- Tu sais June, tu peux venir avec nous, tu n'es pas obligée de partir toute seule et de faire bande à part.

- Oui, je sais Miranda. Mais je veux vivre ma propre vie et pour ça je ne peux pas rester avec vous. Vous m'avez aidé pendant toutes ces années mais maintenant je dois partir, seule.

Miranda lui délivra un sourire inquiet. Elle qui n'avait jamais osé approcher June tant elle était distante ne put s'empêcher de la prendre dans ses bras une dernière fois en lui susurrant à l'oreille :

- Tu es quelqu'un d'unique et de très courageuse, ne l'oublie jamais.

Pour la première fois June lui offrit un véritable sourire. Pas ceux qu'elle pouvait donner quand on lui réclamait mais cette fois-ci un sourire véritable et plein de tendresse. Miranda lui rendit son sourire, les yeux remplis de larmes. Et June partit sans un regard en arrière.

A force de marcher sans autre but précis que la nourriture, June se remémora son passé qui semblait dater d'une éternité.

Il fallait qu'elle trouve d'autres survivants, elle ne pouvait donc pas être la seule de tout l'univers à avoir survécu à ce virus ?!

Ce terrible virus avait décimé une bonne partie de l'humanité la condamnant à la nuit. Ce virus, qui, au départ devait aider l'être humain l'avait détruit en une fraction de seconde.

June se demandait encore comment elle avait pu survivre. Pourquoi elle ? Certes, elle n'était pas très ordinateur, téléphone portable ou autre babiole de ce genre mais elle était tout de même de temps à autre en contact avec ces objets. Mais, bizarrement sur elle, cela n'avait aucun effet. La solitude était son virus, sa peine à elle.

La première mort que June avait pu voir, elle s'en souvient encore. C'était tout juste après avoir quitté Miranda et le foyer. A peine cinq kilomètres plus loin. Une fille que June avait déjà vu une ou deux fois à son lycée, était en panique au milieu de la route elle pleurait et était perdue, elle ne savait plus où aller et sans ne plus savoir quoi faire prit son téléphone et composa le numéro de ses parents. Ce n'est que lorsqu'elle porta le téléphone à son oreille qu'elle se rendit compte de son erreur. Elle écarquilla en grand ses yeux foncés et une dernière larme coula avant d'ouvrir grand la bouche et de s'enfoncer le téléphone au fond de la gorge en se jetant sous une voiture qui roulait beaucoup plus vite que la limite autorisée.

En repensant à ce souvenir June ne put retenir un frisson d'effroi.

Puis les suicides s'enchainèrent, deux, puis dix, puis cent... Jusqu'à ce qu'enfin June ne puisse plus voir un humain à cent kilomètres à la ronde.

Soit les plus faibles s'étaient suicidés comme la fille que June connaissait. On les appelait alors les vulnérables.

Soit les plus forts, qui tentaient tant bien que mal de ne pas se faire influencer et de ne pas céder au venin du virus, étaient devenu des monstres dépourvus d'humanité complètement devenus fous que l'on appelait les résistants.

Et enfin, il y avait les immunisés, ceux que le virus ne pouvait atteindre. Ceux comme June. Elle avait beau continuer d'utiliser son ordinateur portable rien ne se passait, pas de suicide, pas de début de délire. Rien.

June savait de source sûre que les vulnérables étaient les plus nombreux, suivit des résistants qui commençaient à l'être de plus en plus et pour finir les immunisés. June n'en connaissait qu'une, elle-même. Elle avait essayé d'appeler à l'aide à partir de son ordinateur afin de trouver des personnes comme elle mais personne ne lui avait répondu, ni même n'avait vu son message de détresse.

La nuit commençait à tomber et June n'avait toujours rien trouvé à manger et se sentait de plus en plus faible. C'est alors que tout droit sorti de nulle part, comme un miracle, elle aperçut une vieille ferme à quelques mètres d'elle. Elle ne put retenir un soupir de soulagement et puisa dans ses dernières forces pour courir jusqu'à la vieille bâtisse.

D'un pas tout de même hésitant elle frappa à la porte, une fois, deux fois, mais comme elle l'avait prévu, il n'y avait pas âme qui vive.

Elle poussa la porte doucement et pénétra dans la ferme abandonnée. Il y faisait bien chaud grâce à la paille environnante. Il y avait une odeur de purin et d'animaux. Elle comprit vite qu'il s'agissait d'une vieille grange pour vaches. Toutes avaient disparues, probablement mortes de faim à la suite de la disparition de leurs propriétaires.

Elle fit alors un tour des lieux afin de vérifier qu'un résistant n'avait pas trouvé refuge ici. A son grand soulagement elle s'aperçut qu'elle était bel et bien seule.

Épuisée elle se laissa tomber dans un gros ballot de paille et s'endormit quasi instantanément se laissant tomber dans les bras de morphée.

Elle fut soudain réveillée par un bruit inhabituel. Il venait de l'extérieur de la grange ou bien venait-il de l'intérieur ?

Des hurlements ainsi que des respirations bruyantes retentirent. June se tut sans émettre le moins de bruit possible et essaya de trouver une cachette à proximité de là où elle était. Elle finit alors par trouver un renfoncement dans le mur et y entra.

Elle vit deux ombres qui s'avançaient de là où elle était et pu distinguer très clairement une fois face à ses yeux qu'il s'agissait de résistants. June approcha sa main devant sa bouche et ne put dissimuler un sursaut d'effroi. Un des résistants l'avait entendu et commença à courir vers sa cachette quand soudain il tomba net à terre. Il avait été assommé par un violent coup de marteau que lui avait assené un homme septuagénaire qui peinait à tenir debout.

Le courageux vieillard en assomma un, puis deux et enfin trois. June était saine et sauve. Elle se dépêcha de sortir afin d'en remercier son sauveur.

- Merci beaucoup monsieur vous m'avez sauvé la vie ! s'empressa June de le remercier.

- Disons que j'étais au bon endroit au bon moment voilà tout.

June avait désormais trouvé une personne encore plus froide qu'elle ne l'était. Mais elle s'en fichait, non seulement il lui avait sauvé la vie mais surtout elle avait enfin trouvé une autre personne lucide et en vie !

- Oui on va dire ça ! Vous êtes seul ?

June espérait qu'il lui répondrait que non, qu'il avait sa famille à quelques kilomètres de là et que tous ensembles ils allaient pouvoir combattre tout ça et s'entraider.

- Oui, il n'y a plus que moi. Je m'appelle Hank. Et toi, tu es ?

- Je suis June.

- Tu es toute seule, June ?

- Oui...

- Viens avec moi.

- Où ça ?

- Chez moi. Tu as l'air épuisée et affamée.

Même si June n'avait jamais eu de parents pour le lui dire, elle savait qu'il ne fallait surtout pas suivre des inconnus. Mais Hank était son seul espoir à présent, et elle avait faim et besoin de dormir en lieu sûr. De toute façon, cela ne pouvait pas être pire que de rester seule dans cette grange à la proie d'autres résistants. Elle prit son sac à dos et suivit alors Hank dans la nuit.

L'expérience 564Où les histoires vivent. Découvrez maintenant